Septembre VS Univers

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J'avais repris petit à petit le rythme d'une vie. Mes études se déroulaient bien, certains camarades devinrent même mes amis. On étaient tous embarqués dans les galères des étudiants de base, du genre trouver du travail pour payer le loyer ou passer le permis de conduire. En ce qui me concernait je conduisait depuis mes dix-huit ans mais certains comme mon amie Anna venaient de se lancer dans l'apprentissage compliqué de la conduite. Elle avait son Code, restait les épreuves pratiques. Tous les jours, elle me répétait à quel point elle mourrait de peur de les passer et que son moniteur ne laisserait passer aucune erreur de sa part. Je lui offrait gentiment mon aide :
- Tu ne pourrais rien pour moi Sept ! gémit Anna comme toutes les autres fois où je proposais quelque chose.
Car Anna m'affublait du surnom de "Sept" que je trouvait pour ma part très laid et compliqué à prononcer comme si cela ne suffisait pas. J'avais dit et redit que je le détestait mais Anna était têtue, à défaut d'être confiante. Les variantes suivantes ont aussi été appliquées :
- Set
- Embre (comme l'autre prénom ça encore ça peut éventuellement passer)
- Sep (le nom du champignon. Imaginez vous ma réaction quand on m'a appelé Sep.)
J'avais rétorqué :

- Je savais que vous ne m'aimiez pas, mais de là à vouloir me cuisiner ! Ce qui a bien fait rire la petite bande qui m'entourait et que j'avais appris à nommer. Je les appelai en général : mes amis.

Car ma vie sociale vient de renaître, croyez le ou non. Je ne le suis pas renfermée complètement sur moi comme ce que vous venez de lire pourrait vous faire croire. Je me suis reconstruit une vie. Et oui, pas comme Bella de Twilight à votre grande déception j'en suis sûre. Effectivement, je regrettais une partie de ma "vie" antérieure celle où le bonheur ne me semblait pas si éloigné. Mais rien n'est plus comme avant et maintenant, je me contente d'esquiver les questions concernant cette partie de ma vie. Régulièrement, le sujet revenait sur le tapis mais je faisait mon regard le plus glaçant appuyé bien involontairement par mes yeux si particuliers. Les uns rigolaient, les autres se détournaient, très gênés puis la conversation reprenait de plus belle. On formait une jolie brochette, frères d'armes de cours, tous ligués contre ces profs tyranniques qui se plaisent à nous donner des devoirs juste "pour nous occuper pendant les vacances". Mon ami Aaron -qui venait d'Angleterre- m'interpella :

- Sept... (à mon grand regret, mon opinion sur ce surnom ri-di-cule ne fut pas partagée et on me désignait sous ce nom là désormais. Maintenant est ce que c'est juste pour m'embêter, sûrement...) Tu as déjà été amoureuse ? questionna-t-il, peu sûr de son français.

Mais moi, ce ne fut pas son accent à couper au couteau qui me choqua. C'est la question. Je ne suis pas menteuse mais là, je me demandais vraiment si je n'allais pas les envoyer balader en appliquant ma méthode préférée du "regard-vairon-qui-tue". Les larmes me vinrent aux yeux sans que je puisse faire quoique ce soit mais je tentais vaillement de les refouler en clignant des paupières. C'était peine perdue, et je le savais. Dans ces cas là, j'avais appris à me sauver plus vite qu'un chat sous la pluie. Je voyais trouble, d'un coup. Pourquoi fallait-il qu'on me rappelle toujours cet épisode de mon existence ? Il m'avait quittée, il avait disparu, néanmoins je continuais à espérer son retour. Je ne m'étais tout simplement pas faite à l'idée que je ne le reverrai jamais. Et cet amour pour lui était encore présent en moi et je l'alimentai de ce espoir alors que je savais qu'il ne fallait pas mais c'était toujours plus fort que ma volonté de l'oublier. Je relevais la tête et dit d'une voix pleine de sanglots étouffés et les yeux embués de larmes :

- Non, jamais.

Mais aucun ne fut dupe. En bons amis qui ne vous forcent pas la main, ils gardèrent juste un air sceptique pour ne pas me vexer.

Je respirais de plus en plus mal, ma gorge se serrait, une boule dans mon ventre se formait lentement. Tout en me levant de l'herbe, j'articulai faiblement :

SeptembreWhere stories live. Discover now