Maudire

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Je perds souvent mon temps à haïr tout ce qui existe. C'est pas volontaire, juste un problème contre l'espèce humaine. Juste un couteau qui passe pas dans ma gorge. Le couteau qu'ils m'ont planté dans les mains pour me clouer à cette satanée croix inversée.

C'était pas vraiment par choix que je suis devenue sataniste. C'était plutôt une obligation. Parce que je suis un monstre. Leur monstre. Pis je déteste ça. Je tuerais pour me débarrasser de cet affreux titre. Sauf qu'ils seraient bien contents, eux. Ils pourraient encore se cacher derrière leur étendard de pourfendeurs de démons. Pavaner dans les rues avec ma tête sur leur pic. Foutre mon corps au bûcher.

Mon cerveau courait plus vite qu'une proie qui s'enfuit d'un prédateur. Malgré ça, faut que quelqu'un m'explique pourquoi on me traite de tous ces trucs que je connais même pas.

J'suis pas une sorcière ni une nécromancienne, j'invoque pas d'esprits et je convoque pas de diable. J'ai jamais touché à une planche de ouija, jamais couru dans un cimetière en gueulant à la Mort, jamais jeté de sort contre un p'tit con qui me faisait mal.

Non. Moi. Je. Subis.

Enfin, subissais... À force de me nourrir aux attaques personnelles, le prédateur s'est emparé de mon âme. JE voulais rire. JE voulais m'amuser. Pis, on dirait ben qu'il faut avoir horreur de ma race pour adopter la rage.

Mes parents ont compris que j'avais perdu quelque chose, que des connexions avaient dansé le rigodon dans ma tête. Ça n'a pas pris beaucoup de temps avant qu'on mette une psychologue dans notre panier d'épicerie et qu'on me force à la manger. Un gavage de bien-être, de trucs inutiles. Parce que personne ne suit réellement leurs conseils. Mon engraissement de joie, je devais le recevoir deux fois par semaine chez moi. Pendant deux heures, même nourriture. Même plat fade qui me pourrissait à la bouche. J'étais une belle fille gentille et douce qui méritait une magnifique vie. J'avais le droit de sourire.

Sauf que rien me faisait rayonner.

Non, j'suis pas une sorcière ni une nécromancienne, j'invoque pas d'esprits et je convoque pas de diable. J'ai jamais touché à une planche de ouija, jamais couru dans un cimetière en gueulant à la Mort, jamais jeté de sort contre un p'tit con qui me faisait mal. Mais, j'ai tué aujourd'hui pour vivre l'extase, pour faire plaisir à la psy.

Dissoudre le genreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant