Lutter

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Selon les morts, je dois continuer de lutter. Selon mes morts, je dois laisser mes veines derrière moi. Je dois oublier que du sang coule de mon cœur jusqu'à chaque extrémité de mes membres, des membres de filles qu'on me force à porter.

Oublier, je préfère ce verbe. Tout serait plus facile si je pouvais cliquer sur l'outil gomme à effacer et enlever tous les détails hideux sur mon dessin. Ma vie dictée par une tablette graphique dont je serais le maître. Redessiner les chemins, ma bouche, mes yeux, mon corps, ma peau, mes cicatrices, mes cheveux, mes pieds, ma voix et mon genre. Rogner les moments de mélancolie, d'insouciance, de maladie, de souffrance, de dépression, de doute et les courbes. Colorier un nouveau visage plus masculin.

J'existerais enfin

En roi

Roi de ma chair

Gentleman briseur de cœurs

Prince au sourire moqueur

Chevalier des dames

Destructeur des nuits d'insomnie

Continuer d'affronter mon sort même si j'ai plus de réponse à fournir quand on me demande si je suis transgenre. Comme si je m'identifiais à cette cage qu'on veut m'imposer, que la société nous pousse à accepter. Leur regard pervers qui daigne choisir pour moi. Sauf que c'est à moi de choisir mon enveloppe.

Non, j'suis pas une maudite gamine, je suis un garçon comme les autres,

Un garçon qui essaie de ne pas perdre la pellicule du présent,

De passer incognito dans une mare conventionnelle pour atteindre une chemise dans le rayon pour hommes.

Dissoudre le genreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant