Chapitre 3 - Le théâtre

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Toujours à l'affût de nouvelles expériences, à même de m'inspirer pour l'écriture de mon projet de fin d'année, Léa et Margot, mes voisines, m'invitèrent à venir assister à l'une de leurs répétitions de théâtre.

Toujours curieux, mais restant néanmoins timide, j'ai accepté.

J'avais rarement mis les pieds dans le grand amphithéâtre de mon école, à part pour mes quelques cours magistraux. Je m'avançai alors, sans trop oser. Un adulte vint vers moi, c'était leur professeur.

- Bonjour, vous êtes ...  ?

- Adam Partlin.

- Enchanté, je suis Monsieur Devereaux, leur professeur de théâtre. J'imagine que vous êtes là pour voir comment nos cours se passent ? Bien !

Je m'assis au dernier rang, bloc-note à la main, paré à saisir et retranscrire le moindre détail, du moment que je puisse en faire quelque chose.

Au bout de quelques minutes passées à les regarder s'agiter dans ce désordre organisé, je compris une chose : oubliez bon nombre de vos codes sociaux stupides, car une fois ici, ils demeurent inutiles. Le ridicule, par exemple. Ce que nous appelons ridicule est en fait de rigueur entre ces murs ; le banal, quelque chose d'ennuyeux et de banni ; et la timidité ? Une mauvaise habitude dont il faut se débarrasser le plus tôt possible. Les règles ne sont pas absurdes, juste différentes, amusantes. Les gens ne sont pas fous, juste ... Si en fait ils le sont, mais s'ils ne l'étaient pas, on s'ennuierait franchement.

Je regardais, d'un œil amusé, ces drôles de personnes. Ils étaient une vingtaine je dirai, tous différents, des petits, des grands, des gros, des maigres, des timides, des hardis. Même Margot, qui faisait partie de ce groupe, semblait s'épanouir, elle qui est d'habitude si renfermée. Il y a une certaine bestialité chez cette femme, qui comme pour les humains se transformant en loup-garou, n'apparaît qu'à certains moments. Eux attentent la pleine Lune, elle, attend ses cours de théâtre, où elle peut s'exprimer librement, sans barrières, sans jugements. J'aimerais tellement pouvoir en faire de même. Ceci dit je n'ai jamais vraiment été doué pour tout types d'expression, qu'ils soit oraux, corporels ou même sentimentaux. Si je l'avais été, je n'en serais peut-être pas là aujourd'hui ...

A la fin du cours, Monsieur Devereaux demanda à tout le monde de se rapprocher.

- Vous avez été super aujourd'hui, très bonne improvisation, surtout sur l'exercice du théâtre noir. D'ailleurs, ce week-end, le groupe de théâtre du lycée de la petite ville voisine donne une représentation de théâtre noir, ici même, donc si vous voulez venir, ne serait-ce que pour les encourager, vous êtes les bienvenus !

Margot me harcela toute la soirée pour que je vienne avec elle soutenir les jeunes comédiens. Le problème étant que je hais le théâtre noir, non pas par goût, mais par peur. Me retrouver les yeux bandés, pendant que des comédiens virevoltent autour de moi, dans le seul but de m'effrayer ou je ne sais quoi, cela ne me tente pas plus que cela. L'autre problème est que mon envie de passer du temps privilégié avec Margot surpasse irrémédiablement ma phobie chronique du noir.

- Tu vas encore te dégonfler ? me demanda Baptiste en se servant une bière dans le bac à bière.

- Je n'en sais rien. Tu sais bien à quel point j'ai peur du noir.

- Je ne peux pas t'aider mec, mais je peux te dire une chose : soit tu te dégonfles et tu perds une occasion, soit tu portes tes couilles et tu y vas !

Baptiste est souvent de mauvais conseils, surtout en ce qui concerne les femmes sérieuses, mais je dois avouer que pour une fois, sa clairvoyance m'étonne. ''Alors ?'' me pressa-t-il. Je devais prendre une décision. Je n'ai jamais été doué pour en prendre ! Réfléchis ... Réfléchis ... Je dois vaincre mes peurs !

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⏰ Last updated: Oct 23, 2018 ⏰

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