Chapitre 1 : Nicky

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Sérieusement, trouvez-moi une seule personne qui trouve le lycée, et en particulier les cours de français, passionnants. En ce moment même, M. Knightley, notre professeur de littérature, nous rabâchait une fois de plus les oreilles avec ses interminables monologues :

- C'est donc ainsi qu'en 1842, Emily Brontë se rendit avec sa sœur, Charlotte Brontë à Bruxelles afin d'étudier le français et l'allemand. Elève assidue, elle prit aussi des cours de piano et...

Et vas-y, c'était repartit pour son charabia d'autobiographie qui faisait mourir d'ennui toute la classe.

L'établissement Universal Gravity, ou U.G., était comme qui dirait, un lycée assez perdu (et oui, on n'a pas tous la chance d'habiter en ville). Les seules raisons pour lesquelles les gens s'y inscrivait étaient à cause de la cantine gratuite et des trois élèves qui, depuis la fondation de cette maison de torture, avaient réussi à intégrer les meilleures facs du pays. « Peut-être qu'un jour toi aussi tu seras un génie », me répétait sans cesse ma mère. Soit, mais bon en attendant, je suis obligée de me farcir une heure de route à pieds tous les matins rien que pour prendre la navette scolaire, pour ensuite me taper toute une journée de mal de crâne à écouter des profs incapables de vous expliquer quelque chose correctement sans vous avoir endormis avant. Alors franchement, génie ou pas génie, le lycée à côté de chez moi m'aurait mieux convenu.

Bon, voyons le bon côté des choses, mes deux meilleurs amis étaient dans la même galère que moi et plus on est de fous, plus on rit ! De plus il se trouve que...

- Mademoiselle Kyle, j'espère qu'on ne vous dérange pas trop ? me coupa dans mes réflexions fortes intéressantes M. Knightley.

Je faillis lui rétorquer qu'honnêtement oui il me dérangeait plus qu'autre chose. Mais je me suis contentée de mentir poliment en ayant l'air intéressé :

- Non, non pas du tout. Je vous en prie, continuez l'histoire des sœurs Brontë.

Ma réponse eut pour effet de provoquer quelques rires moqueurs et un léger rictus sur la face ridée du prof à lunettes.

- Votre attention à mon cours me touche, Mademoiselle Kyle. Il se trouve que nous avons déjà relégué cette partie au placard et que nous venons d'attaquer la lecture.

En effet, la classe au grand complet avait son exemplaire du Haut des Hurlevents ouvert sur sa table, sauf qui à votre avis ? Bibi évidemment. Je me dépêchai de sortir ce bouquin de pacotille hors de mon sac Lancaster tout neuf (je l'avais dégoté ce weekend pour la maudite somme de 52$. Pas mal, hein ?).

- Bon maintenant que vous êtes revenu parmi nous, peut-être auriez-vous l'amabilité de nous lire le début du chapitre 5 ?

Je déteste cette façon qu'ont les profs de littérature de parler si...pompeusement. Je vous jure, on a toujours l'impression qu'ils sont en train de parler à la reine d'Angleterre ! « Un petit thé de grammaire vous convient-il pour commencer Madame ? » ou alors « Très chère, je vous prie de rédiger un discours au futur pour demain à l'intention du peuple anglais ». Tsss j'hésite, soit ils parlent naturellement de cette manière soit c'est juste pour frimer et nous montrer leur incroyable supériorité linguistique.

Bon revenons-en à nos moutons, qu'étais-je sensé faire déjà ? Ah oui c'est vrai, lire. Quand la cloche retentit enfin, je filai sans demander mon reste. Moi trouillarde ? N'importe quoi ! Ce n'est tout de même pas un vieux binoclard qui va me faire peur ! Quoique...vous n'avez jamais passé des heures de colle avec lui. C'est une véritable torture ! C'est vrai quoi déjà qu'on galère à rester les yeux ouverts en cours mais alors en plus quand ce vieux grincheux se met à nous faire la lecture, c'est un véritable défi de ne pas tomber de sommeil dès les deux premières minutes ! Bon sang plutôt se trancher la gorge illico presto.

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⏰ Last updated: Jun 01, 2019 ⏰

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Ange NoirWhere stories live. Discover now