Chapitre 14

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- Concentre-toi Elwi ! Me répète Ardalôn depuis cinq bonnes minutes.

J'essaye. Le problème, c'est que je n'y arrive pas. Et c'est vraiment très embêtant. Parce que si je ne me concentre pas dans la minute, je risque de faire souffrir Ardalôn.

Il se tord de douleur parce que j'essaye d'apprivoiser le pouvoir de Larn. Je lui ai tordu le bras. Deux possibilités s'offrent à moi. Soit, je le lui brise, soit je le remets comme il était avant. Je préfère de loin la deuxième option, sauf que je n'ai aucune maîtrise. Si je fais juste un faux pas, il aura le bras cassé. C'est pour cette raison qu'il me supplie. Mais puisque je manifeste le pouvoir de Larn, ses supplications me font l'effet inverse. Ça attise mon désir de le faire souffrir. Je déteste ce sentiment qui s'empare de moi. C'est comme-ci cette capacité révélait mes mauvais penchants. Je ne sais pas comment faire pour l'arrêter ! Ardalôn ma appris que chaque Larnien naissait avec une émotion dominante. Et c'est cette émotion qui les rend aussi forts. S'il la manifeste, ils peuvent devenir très dangereux et plus tard, ils peuvent même se laisser dominer par elle et perdre le contrôle. L'émotion dominante d'Arwen serait le désir. C'est pour cette raison qu'il est très ambitieux et qu'il peut faire naître ce sentiment chez n'importe qui.

Apparemment, la mienne, serait la vengeance. Un très vilain défaut, selon moi. Mais, d'après les explications d'Ardalôn, c'est ce sentiment qui m'aidera à me maîtriser dès lors que cette capacité se réveille en moi, mais c'est également elle qui peut me submerger. Orest m'a dit quelle s'éveillait après un élan d'ambition et de colère. Comme à chaque fois qu'on me parle d'Arwen, je commence à voir rouge, ça s'annonce difficile à contrôler. Je me demande si certains Larniens sont nés avec de plus belles qualités. Comme la joie, l'amour ou tout simplement la douceur. Est-ce qu'un Larnien est capable de faire le bien ou est-il juste conditionné par son propre don, à faire le mal ?

- S'il te plaît ! Elwi... La voix lancinante de douleur d'Ardalôn me réveille d'un coup.

La douleur entraîne son corps à créer des ronces de plus en plus noires et fourchues. Elle commence même à l'entourer tellement la douleur doit être insupportable.

- Je n'y arrive pas. C'est comme si je désirais te faire du mal.

- Pense à Daerôn, Elwing. Tu ne pourras pas le délivrer si tu ne te maîtrise pas. Trouve un bouclier pour te protéger de toi-même !

Sa voix se fait de plus en plus lente et sa respiration siffle. Il doit énormément souffrir. Je dois m'arrêter. Je dois me concentrer sur ma mission. Je ne veux pas ressembler à Arwen. Je ne veux pas faire de mal à mon ami. Jamais.

Au fur et à mesure que ces pensées sereines affluent vers mon esprit, mon corps se détends. Mes muscles se relâchent comme étant complètement contrit par la colère. Je peux finalement apercevoir de nouveaux les fils qui me permettent de contrôler Ardalôn. Relier à sa tête, des fils blancs se dispersent pour rejoindre chacun de ses membres. Je visualise celui de son bras et en me concentrant suffisamment, j'arrive à l'attraper visuellement et à le détendre, pour que celui-ci reprenne sa position initiale. Ardalôn s'écroule, complètement soulagé. Je me précipite vers lui et avec un sentiment d'amitié mêlé à la passion, j'entoure son bras de chaleur afin d'apaiser sa douleur. Il soupire en signe d'apaisement et sa respiration se fait plus lente. Les ronces qui ont poussé autour de lui disparaissent instantanément dans le sol duveteux de l'herbe.

J'attends qu'il reprenne son souffle. Il se relève finalement et me regarde droit dans les yeux.

- Tu dois encore faire des progrès sinon nous sommes tous perdus.

- Je sais ! Tu me le répètes tous les jours. Dis-je en me relevant à mon tour.

Voilà deux semaines maintenant que je m'entraîne avec les trois Gardiens, et même si Orest m'exaspère encore, jai fini par m'habituer à son ton maussade et sarcastique. J'arrive même à contrôler les éléments qu'il m'aide à améliorer. Je peux faire sortir de mes mains des gerbes d'eau, les glacer pour en faire des sculptures de glaces et puis les faire fondre à nouveau. Je peux même invoquer des éclairs et des tempêtes de vents. Avec Austin, je m'amuse à faire pousser toutes sortes de choses et à les déplacer grâce à la télékinésie d'Orphée. J'ai même réussi à transformer un arbre en monstre végétal comme Ardalôn la fait lors de mon test. Mais les capacités que je dois travailler avec ce dernier sont les plus difficiles, puisqu'ils exigent que je manifeste des sentiments horribles comme la colère, l'ambition et l'orgueil.

Les Conquérants du Cercle T2 - La princesse Oubliée. (Terminé) Where stories live. Discover now