La campagne de Telo IV

Partie 3 : la bataille du poste 504

La Bataille du poste 504.

« Recharge, mais recharge donc, abruti !

- Ferme ta putain de gueule et aide-moi plutôt ! »

Silas et Reaton, tous deux artilleurs au 53ème régiment d'artillerie des Forces de Défense Planétaire de Telo IV, sentaient la nervosité les envahir. Les Space Marines du Chaos se rapprochaient, inexorablement.

Pourtant, tout semblait bien parti pour repousser les forces du Chaos : les stratèges impériaux avaient pu déterminer l'endroit où allaient débarquer les troupes chaotiques, ainsi que leur objectif premier, à savoir un poste de surveillance militaire, le poste 504.

Dès lors, des contingents des chapitres Space Marines du Très Saint Empereur, des Blood Angels et des Dark Angels, appuyés par le 53ème régiment d'artillerie, le 14ème régiment d'infanterie et une force de la Deathwatch, s'étaient préparés à recevoir la charge ennemie.

Le plan, simple, était sans faille. Tandis que les Blood Angels et les Dark Angels se retranchaient et affrontaient le gros des forces du Chaos, lors d'une bataille meurtrière, ils devaient retenir l'ennemi, pendant que l'artillerie déployée, protégée par la Deathwatch, frapperait, sans discontinuer. Faisant s'abattre une véritable pluie d'obus, à même de raser une cité-ruche entière.

Hélas, l'exécution du plan ne fut pas comme attendu.

***

Le bruit des moteurs des Basilisks et des Manticores des FDP recouvrait les bruits de la nature environnante du petit village de Burgos-bellos. Les ordres, reçus quelques heures plus tôt, stipulaient que les artilleurs resteraient en retrait de la bataille. Ce qui n'était pas pour déplaire aux soldats de première classe Silas et Reaton, tous deux des copains d'enfance. Compères absolu dans les mauvais coups, ils sont originaires de la même ville, Tribunim, à deux cents kilomètres de la cité-ruche servant de capitale planétaire à Telo IV. Engagés ensemble, ils ont fait leurs classes ensemble et se sont retrouvés, tout naturellement, dans le même équipage de Basilisk, le Neptunia, commandé par le sergent-artilleur Graill, un vieux soldat grincheux, qui ne parvenait à supporter la présence des deux copains qu'uniquement grâce à sa triple ration de tafia.

Silas et Reaton, après avoir rempli le réservoir du Neptunia, et « offert » leur ration de tafia à leur sergent, partirent visiter le village de Burgos-bellos. Celui-ci était consituté de moins d'une dizaine de maison, dont la moitié se révélèrent être des fermes de colonnus, une espèce porcine, particulièrement savoureuse et nuisible à l'état sauvage.

Mais, sur ordre du seigneur Space Marine Dark Angels en charge de la bataille à venir, le village fut évacué, de façon manu militari. Les deux compères ne surent pas ce qu'il était advenu des habitants. Peut-être avaient-ils été déplacés un peu plus loin et reviendrai dans leurs maisons après la victoire ?

Finalement, leur exploration ne fut pas infructueuse : ils tombèrent sur une petite réserve d'œufs et de viande salée et séchée de très bonne qualité. Ça les changerait des rations réglementaires.

En revenant auprès de leur pièce d'artillerie, ils furent alpaguer par leur sergent, tout le régiment devait se réunir pour le mot du colonel. Les trois hommes se rendirent donc auprès du reste du régiment, au garde-à-vous. Ils étaient rassemblés en blocs, de façon à former un U, avec, au centre, le colonel Pico et un immense Space Marine à l'armure noire de jais.

Le colonel Pico était un homme d'une quarantaine d'années, à l'embonpoint naissant et aux cheveux grisonnants. Il commandait déjà à ce régiment que Silas et Reaton n'étaient pas encore nés. Grand, il passait tout de même pour un nain, comparé au géant en armure énergétique se tenant à ses côtés. Les troupes attendirent les ordres, puis, d'une voix forte et claire, Pico parla :

« Soldats des Défenses Planétaires de Telo IV, commença-t-il ! Demain, nous affronterons les traîtres qui ont jurés allégeance aux faux dieux et qui, de ce fait, ont vendu leur âme pour une parcelle de pouvoir inexistant. Demain, nous tiendrons notre rang, aux côtés de nos alliés et amis Space Marines que l'Empereur, dans sa sagesse infinie, a envoyé à notre secours. Ne vous y trompez pas, ce n'est qu'ensemble que nous parviendrons à repousser cette invasion. Notre mission est simple : nous devons fournir un appui-feu aux troupes déployées en première ligne. Nos obus doivent semer la mort dans les rangs des traîtres.

J'attends de vous tous que vous fassiez votre devoir jusqu'à la mort, s'il le faut. La WatchCaptain Rogers, ici présent (il désigna de la main le Space Marine), est l'officier en charge de la force de la Deathwatch en charge de nous couvrir, pendant la bataille. Avec une telle protection, je ne donne pas cher de la peau de quiconque souhaiterait nous assaillir. Passez une bonne nuit, messieurs et rendez-vous demain, au champ d'honneur. Rompez ! »

Les troupes saluèrent, puis rompirent les rangs, chacun retournant à sa pièce, afin de se reposer un peu. Le vin était tiré, maintenant, il fallait boire. En espérant qu'il ne tourne pas vinaigre.

Le lendemain matin, après le petit-déjeuner réglementaire, Silas et Reaton rangèrent tout le fatras sortit la veille. Ordre était de se tenir à prêt à faire mouvement, dès lors que l'ennemi battrait en retraite, afin de veiller à ce que la pluie d'obus continue de le gêner dans ses manœuvres.

Reaton venait à peine de grimper à l'arrière du canon Séisme du Neptunia, qu'un sifflet retentit. C'était le signal. L'assaut avait débuté. Les premiers tirs résonnèrent et des centaines d'obus et de roquettes Stormeagle fusèrent. Plus loin, à environ dix kilomètres, ils retombèrent sur les abords du poste 504, retournant la terre, pulvérisant des machines impies, tuant des traîtres par dizaine et transformant le sol en un amoncellement de cratères lunaires.

Le poste 504, protégé par les Blodd Angels et les Dark Angels, vit ses forteresses trembler sur leurs fondations, comme le bombardement d'artillerie labourait la terre. Ici et là, des corps désarticulés et plus ou moins complets, volèrent en tous sens, avant de retomber au sol. Le sang coula. Des machines impies beuglèrent leur haine et leur rage, avant de foncer vers les lignes impériales, avec l'évidente volonté de tout détruire.

Des véhicules du Chaos s'avancèrent, suivis par de l'infanterie.

Les Impériaux constatèrent la première erreur des stratèges : ce n'était pas une masse prolifique de dévoyés et cultistes qui attaquaient, mais des troupes aguerries en armure énergétique. Des Space Marines du Chaos !

Les loyalistes ouvrirent le feu dès que les premiers ennemis furent à portée. Fauchant des dizaines de traîtres de leurs tirs de bolters et de canons laser. Des rais fusèrent au-dessus des têtes, taillant en pièce les monstres mécaniques, laissant une forte odeur d'ozone dans l'air.

Les obus continuaient de pleuvoir, mais les Space Marines du Chaos chargeaient droit devant, n'ayant cure de leurs pertes. Bientôt, un Prince Démon, un humain ayant atteint la grâce de ses faux dieux pour accepter de devenir leur esclave, en échange de la démonification, parvint à atteindre les lignes des Dark Angels. Plusieurs frères de bataille périrent dans l'instant. Leurs armures perforées par les griffes démoniaques.

Le Land Raider Dark Angels, déployé en première ligne, tira une bordée, traçant des sillons sanglants. Mais, il ne parvint pas à détruire le Ferrocerberus qui fonçait vers lui. Pourtant, la machine-démon ne put mettre la griffe sur le saint blindé, car ce-dernier fut pulvérisé par un tir de canon laser chanceux. Son épave brûla longtemps encore après la bataille.

Rapidement, les belligérants s'empoignèrent dans de furieux corps-à-corps. Les morts se comptèrent par dizaine. Folie et fureur ne semblaient pas avoir de limite. Les unités du Chaos étaient détruites les unes après les autres, mais toujours plus arrivaient, remplaçant ceux tombés plus tôt.

Depuis son poste d'observation dans la tour-forteresse IG-60X, le seigneur-commandeur des Dark Angels donnait ses ordres et guidait les tirs de l'artillerie impériale, sans savoir que celle-ci était menacée directement.

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