Chapitre 1

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La Havane, Cuba, 1678

Le calme était revenu sur Cuba. L'ouragan de la veille c'était éloigné vers le nord et la Floride. La pluie et le vent avait laissée place au soleil, entrecoupé de quelques nuages sombres mais inoffensifs. La vie avait repris son chemin et chacun reprenait ses bonnes vieilles habitudes. On pouvait entendre les marchands de poisson venter leurs prises du matin tandis que les gardes espagnols, comme à leurs habitudes, tabassaient quelques pauvres citoyens, souvent désarmé et impuissant face à l'autorité espagnol. L'ouragan avait inondé une grande partie des rues de la cité, bien que l'eau se retirée petit à petit, il était encore difficile de circuler dans la Havane. Je n'avais d'autre choix que de passer par des petites ruelles, au nord de la ville pour rejoindre les quais et ma chaloupe. Mon nom est Adam Lefebvre. Originaire de la Provence, j'ai quitté mon pays natal il y a dix ans de cela, avec mes parents. A cette époque, je n'avais que douze ans. C'est pour l'argent que mes parents ont choisi cette voie. Mon père n'était qu'un ivrogne, avare tandis que ma mère n'était qu'une vulgaire poupée servant à divertir les hommes dans les tavernes. Nous étions pauvres, et je le suis toujours. Depuis leur mort, victime de la peste il y deux ans, je suis seul, face à mon destin, à pêcher de la friture pour me nourrir et pour gagner de l'argent. Si seulement c'était si simple... Étant un jeune homme, grand et fort, j'aurais pu travailler dans des exploitations de bétails ou dans une plantation, afin de gagner plus d'oseille mais les exploitants avaient recours à des méthodes qui leurs sont bien plus profitable. Chaque semaine, un navire négrier accosté à la Havane, apportant une main d'œuvre gratuite. L'esclavage était très pratiqué par les espagnols.

J'étais enfin arrivé sur les quais. La tempête avait laissé derrière elle une atroce odeur d'humidité et de fraîcheur. L'écume était encore visible et ma chaloupe avait morflée. Ma coque était déjà en sale état, le bois pourrissait lentement et les vagues de la veille avaient endommagé l'avant de ma chaloupe, qui prenait l'eau. Une sortie en mer n'était plus envisageable, du moins pour aujourd'hui. Il me fallait réparer...

Les tavernes étaient l'une des attractions des Caraïbes. Il y en avait plus d'une quinzaine à la Havane et je savais pertinemment qu'il y en avait encore plus à certains endroits. Comme chaque soir, je me rendais dans l'une d'entre elles, au nord de la ville, près des quais. Les tavernes étaient les meilleurs endroits pour obtenir des informations, pour faire la fête et surtout pour boire. Parfois, lorsque quelqu'un avait trop bu, il déclenché une bagarre générale, pour le plus grand plaisir des spectateurs, comme moi. Mais ce soir, pas question de se battre, ni d'être saoul, j'ai rendez-vous avec Carlos, un jeune garde espagnol, originaire de Cadix. J'ignore encore pourquoi Carlos voulais me voir mais il n'était pas du genre à venir dans une taverne pour discuter et pour cuver. Carlos était vite reconnaissable, avec son uniforme d'officier espagnol. Bien que je n'approuvais pas toutes les activités des espagnols, Carlos semblait différent et était un appui de poids. Ici, à la Havane, il fallait être bien vu par les conquérants, au risque de s'attirer des problèmes. Moi, je n'avais encore jamais eu affaire aux officiers mais je connaissais parfaitement les châtiments qui étaient réservés aux « loups ». Carlos m'attendait. Il était déjà assis à une table, sur la terrasse de la taverne, le verre de rhum à la main. Lorsqu'il me vit, un large et accueillant sourire se dessina sur son visage.

- Holà amigo ; dit-il. Il s'était levé de sa chaise et avait presque renversé son verre. Carlos était réputé pour être maladroit ce qui avait plusieurs fois faillit le contraindre à devoir quitter l'armée espagnol, pour différentes fautes commises par sa maladresse.

- Bien le bonsoir Carlos, comment ça va ? Il me regarda, l'air abattu. Son sourire avait soudainement disparu de sa face.

- Malheureusement pas trop bien. J'ai encore une fois laissé échapper le Renard. J'ai bien peur que cette fois si, ce soit la bonne.

BoucaniersWhere stories live. Discover now