Chapitre 2 : Belle journée pour mourir

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Il faisait encore nuit. Les ténèbres avaient envahi la forteresse, mais je sentais l'arrivée du soleil mais aussi celle de la mort. J'avais perdu la notion du temps. Je ne dormais pas, je n'avais d'ailleurs jamais réussi à fermer l'œil. Comment Henri pouvait-im réussir à pioncer ? Avait-il accepté l'idée de mourir ? Sans doute, plus le temps passait et plus moi aussi je commençais à me rendre à l'évidence. Je n'avais plus qu'une chose en tête ; que les anglais démolissent l'empire espagnols et Carlos par la même occasion. Carlos, ce chien ! Il est vrai que c'était à cause d'eux que j'en étais là, enfermé comme un vulgaire animal dans une cage mais tel a été le destin, sans doute... La lueur du soleil commençait à apparaître à travers les barreaux de ma cellule. Dans quelques heures, je n'existerais plus...

L'exécution devait avoir lieu dans la cour « des morts » de La Havane, juste à côté de la prison, devant plusieurs centaines de personne, des espagnols principalement. C'est ici que s'achèvera la dernière étape de ma vie. Plongé dans mes pensées, je me remémorais mes souvenirs les plus heureux, bien qu'il n'y en eût peu. Il fallait que je sois courageux, au moins une fois dans ma vie, c'était maintenant ou jamais ! Henri commençait à bouger, à gémir. Lorsqu'il se redressa pour s'accroupir, les rayons du soleil l'aveuglèrent.

- Belle journée pour mourir mon ami ; dit-il souriant. Son sourire m'apaisai. Il était serein, alors moi aussi je devais l'être. Après tout, je vais mourir, alors, il valait autant profiter des dernières heures, des dernières minutes et de chaque secondes pour enfin vivre un peu et sortir de ma réserve.

Bien que je j'eusse vingt-deux ans, que j'étais autonome, je n'avais que peu était un homme lors de ma petite vie. Un homme authentique n'éprouve pas d'émotion, sait se battre et ne compatit pas avec l'ennemi tel que je l'ai fait avec Carlos. Si seulement je n'avais pas été aussi naïf ! Au fond de moi, j'ai toujours abhorré les espagnols. Que dieu les maudissent !

C'était l'heure ! Le moment tant attendu était arrivé ! Enfin, je croyais ! Une dizaine de garde étaient arrivé, en compagnie d'un mystérieux individu vêtu de noir. Je pensais que les gardes allaient enfin nous amener au lieu d'exécution mais j'appris que ce n'était pas encore l'heure. Le vieil homme en noir n'était qu'un prêtre. Les gardes le firent pénétrer dans la cellule, puis ils s'en allèrent, pas trop loin au cas où. Le prêtre s'assit par terre, tel un prisonnier. Je n'étais pas pratiquant, bien que parfois j'aurais bien eu envie de croire en Dieu. Le prêtre commençait à entonner une prière. Nous le regardâmes, l'esprit évasif. Finalement, je n'en avais rien à faire de lui et de ses prières, je voulais juste en finir au plus vite. Après avoir fini, il nous regarda avec compassion. Il sorti une feuille de parchemin, une plume qu'il nous donna à chacun.

- Libérez-vous la conscience ; dit-il

Je ne savais que mettre hormis le fait que j'étais innocent. Henri semblait bien plus inspirer, vu la tonne de gribouillis qu'il avait écrit.

- Quitter ce monde la conscience tranquille, pardonnons vos péchés ; continua le vicaire. Il entama une dernière prière, dans le but que Dieu nous pardonne, tout le mal que l'on avait fait. Si Dieu existait réellement, je savais qu'il compatirait. Je n'ai jamais rien fait de mal, c'est plutôt les autres qui m'ont fait du mal.

Cette fois ci, c'était la bonne. Les gardes étaient revenus, le prêtre était parti. Nous fûmes acheminés jusqu'à la cour « des morts », en carriole. Une marée humaine était présente sur les lieux, tomates, œufs à la main, prêt à nous en mettre plein la gueule. Une vague de sifflé accompagnait notre sorti de la carriole tandis qu'on commençait à nous balancer les œufs. Mais ce qui m'étonnais le plus, c'était la manière dont j'appréhendais les choses. Je n'étais plus stressé, je n'avais plus peur. Je regardais les spectateurs, avec un regard provocateur et de dégoût. J'aurais tellement apprécié de pouvoir les frapper un par un, rien que pour m'amuser avant de partir. Était-ce la force d'un homme fort qui commençais à m'envahir ou le diable qui commencer à me posséder ? Je ne sais pas mais à la manière dont je provoquais le public et même les gardes, j'aurais pu connaître un châtiment bien pire qu'une simple tête décapitée. Car oui, j'avais appris que nous n'étions guère condamnés à finir brûler, ce qui était pourtant initialement prévu. Non ! Un bourreau et sa hache démesuré allait nous décapiter. L'avantage était que c'était beaucoup plus rapide et moins douloureux ! Une mort beaucoup moins atroce qu'un bûcher. Les huées s'élevèrent de la foule, avec de nombreuses injures, principalement envers Henri qui était bien plus connu que moi. En même temps, qui peut connaître un simple pêcheur ? L'estrade se dressait devant nous. C'était la fête, quelle ambiance ! Je n'avais jamais assisté à une exécution jusqu'à présent et j'allais aujourd'hui connaître ma propre mort. Nous montâmes les escaliers pour rejoindre l'estrade et l'immense bourreau et sa hache, qui nous attendait, les bras croisés, près d'une table. Je pouvais désormais distinguer l'ensemble de la foule. Il y avait des familles avec leurs enfants, des vieillards, et des soldats espagnols. Une place, aux avant-postes, était réservé aux soldats. C'est avec amertume que je vis Carlos, tout sourire, s'asseoir sur les bancs, discutant avec ses hommes et son supérieur. Je reconnus aussi l'Amiral Ramos, vite distinguable avec son uniforme et sa perruque. On voyait tout de suite que c'était un homme de combat, avec son air grave et cruel. Pas une seule seconde Carlos ne m'avait regardé. La rage montait en moi. Mais comme l'avait dit Henri, c'est une belle journée pour mourir alors oublions tout. Ce soir nous dînerons peut-être à la table du seigneur, s'il existe vraiment...

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⏰ Last updated: Aug 24, 2019 ⏰

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