Avenge the Fallen

L'accueil dans l'au-delà

— Elle ne se réveille pas, constata un homme.

— Ou elle ne veut pas se réveiller, répliqua un autre.

— Ou alors, elle entend vos piaillements incessants depuis tout à l'heure et elle est effrayée comme pas possible ! s'énerva une troisième voix, une femme à en juger par le son fluet qui s'échappe de sa bouche.

Cette dernière venait de toucher le cœur du problème. Margot avait émergé de son sommeil quelques heures plus tôt dans une chambre complètement inconnue au lit simple. Tous les tissus étaient immaculés, des draps aux rideaux, et les rayons du soleil ne se gênaient pas pour pénétrer dans la pièce en illuminant les murs blancs et le parquet vieillot. Cet endroit lui avait paru élégant et ancien, mais elle n'avait pu regarder davantage car ces étrangers étaient apparus et n'avaient cessé de parler à ses côtés. Elle avait longuement attendu qu'ils partent, mais ils n'avaient pas bougé depuis.

Margot tentait par tous les moyens de ne pas s'inquiéter et de réfléchir calmement, mais elle ne se souvenait plus de rien du tout. Néanmoins, elle avait ce pressentiment, celui qui lui soufflait qu'elle ne se trouvait pas à sa place et qu'elle devait s'enfuir d'ici au plus vite. Sans pouvoir s'en empêcher, et elle suspectait que la paisible atmosphère de cette pièce y était pour quelque chose, elle replongea dans la noirceur bienveillante de la somnolence. 

Les voix avaient recommencé à brailler dans ses oreilles et à contrecœur, elle avait quitté ce repos exaltant. Margot écouta avec grande attention la nouvelle conversation afin d'obtenir quelques renseignements. Trois personnes discutaient tranquillement à sa droite, enfin surtout les deux hommes qui n'arrêtaient de radoter et de raconter des événements inintéressants de leur journée respective. A priori, ces intrus ne lui voulaient pas de mal, ou en tout cas ils avaient l'air très aimable et enjoué de sa présence.

Mais, tandis qu'elle s'apprêtait à soulever ses paupières courageusement et les affronter, une douleur s'empara de toute sa tête et l'obligea à serrer les dents pour ne pas couiner. Elle respira calmement et ignora ce mal soudain, bien qu'il augmentait de plus en plus. Finalement, sur le point de se manifester pour demander leur aide, une vision perça son esprit et elle n'eut d'autre choix que de voir défiler ces images étranges où elle se reconnut clairement. Elles lui montrèrent son propre corps allongé sur son lit, dans sa maison à Busan, puis une personne toqua, entra, et violemment... Elle était morte.

Elle resta immobile un temps, croyant d'abord être en plein cauchemar. Discrètement, elle pinça sa cuisse pour se réveiller, mais la peur grimpante dans son cœur et les voix à côtés d'elle étaient bien trop réelles. Son mal de tête également. Margot patienta pour que la douleur disparaisse ; elle se crispa et de grosses gouttes de sueur perlèrent sur sa peau. L'angoisse et l'incompréhension affluèrent tout à coup en elle. Dans sa vision, elle était morte. Ceci la choqua à un tel point qu'elle trembla. Son organe vital martela sa poitrine et sa respiration se fit plus forte. 

La jeune femme aspira à ignorer les images, mais une terreur prit possession d'elle si bien qu'un doute plana au-dessus d'elle : et si c'était arrivé ? Et si elle était morte ? Ce qui serait bien évidemment ridicule, puisqu'elle était bel et bien là ! Dans ce lit. Allongée. En vie. N'est-ce pas ? Elle ne put ravaler ses larmes qu'elle parvint à cacher derrière le drap qui reposait sur une partie de son visage. N'imaginant pas qu'elle avait eu une vision, les trois individus rajoutèrent gaiement :

— Elle est tellement belle ! s'exclama un des deux hommes. Elle est pure et innocente. Pas comme toi, Tino' ! En tout cas, je suis super excité ! Les femmes n'apparaissent pas souvent dans notre service, c'est une chance !

— Premièrement, ne m'appelle pas Tino', imbécile ! rétorqua la voix de femme, peu à même à parler avec ses compères. Deuxièmement, tu seras rapidement calmé et moins excité, lorsqu'elle aura vu ta tête de laideron et qu'elle prendra peur !