La lune filtrait au travers des rideaux opaques de sa chambre. Jae-Sun avait insisté pour que leur conversation s'achève sur-le-champ. Il ne supportait pas les mensonges qu'elle débitait, mais elle ne le lui avouerait rien. Alors, il avait rapidement cuisiné quelque chose et ils se retrouvaient désormais allongés l'un à côté de l'autre. Après de nombreuses minutes à se chamailler pour que Margot rentre chez elle, ce qu'elle avait évidemment refusé, puis à se disputer pour savoir qui dormirait sur le canapé, il lui avait lancé le défi.
— Puisque tu insistes pour rester cette nuit et que je suis ton hôte, c'est moi qui dors sur le canapé ! Fin de la discussion. Autrement, nous pouvons très bien dormir tous les deux dans le lit si tu continues à rouspéter !
— D'accord ! Dormons tous les deux dans ton lit !
— D-D'accord ? T-Tu dis ça pour que je renonce en premier ?
— Oui !
— Eh bien, je ne céderai pas !
— Moi non plus !
— C'est donc décidé ! Tous les deux...dans mon lit...
— Et je rouspète si je veux !
Plus il y repensait, plus il avait envie de rire. Alors, il se concentra sur ce qui l'agaçait le plus. Jae-Sun, malgré son air de nonchalance, détestait ne pas savoir et il ruminait. Pourquoi tous répandaient-ils la rumeur de son décès ? Elle était devant lui, allongée à ses côtés. L'un en face de l'autre, il soupira et ferma finalement les yeux, tentant de s'abandonner au sommeil. Un souffle s'abattait régulièrement sur sa joue, il en frissonnait, mais n'en était pas dérangé. A l'annonce de sa mort, lors du piètre discours du directeur, il s'était senti minable. Parce que Margot, exceptée à cette soirée alcoolisée où elle avait fait le premier pas, s'était toujours dérobée à lui. Il la connaissait sérieuse, excellente élève et favorite des professeurs ; une perle rare aux niveaux scolaire, amical et relationnel. Mais, il n'avait jamais pu lui adresser un mot auparavant.
— Je suis désolée, chuchota-t-elle, incertaine de s'il était éveillé ou endormi. Je te mens, c'est vrai, mais tu ne me croirais pas. Ce n'est même pas une question de confiance mutuelle. Ma vérité serait tout bonnement trop anormale, trop incompréhensible pour toi. Je t'expliquerai peut-être un jour, si j'en ai le temps. En attendant, je ne veux pas que tu y penses trop. Pour les jours à venir, vis ta vie comme tu l'entends, brises les règles si tu le souhaites, amuse-toi et surtout ne perds pas une seconde de bonheur. S'il te plaît.
Silencieusement, n'étant pas certain de devoir répondre, Jae-Sun glissa sa main hors du drap et saisit la sienne. Margot crut rougir un instant, mais se ressaisit rapidement. Comment avait-elle pu envisager qu'ils sortaient ensemble ? Après tout, dès qu'il lui parlait de trop près ou lui souriait, elle fondait et avait des réactions disproportionnées. Elle était quasiment certaine de ne pas avoir expérimenté les joies d'être un couple.
— Avec qui je suis censé m'amuser ? rétorqua-t-il d'une voix rauque. Puisque tu l'as soi-disant oublié, je n'ai pas d'amis.
— Rends visite à ta famille.
Cette fois, il ne répondit pas et le silence sembla pesant. Un élément lui revint brutalement en mémoire et elle faillit se frapper pour être une telle idiote. Un orphelin. Il avait évoqué ceci plus tôt dans la journée. Ce jeune homme, avait-il une famille à qui faire ses adieux ? Des proches qu'il laissera sur terre et à qui il manquera ? Elle était profondément attristée pour lui. Il ne méritait pas cette fichue mort programmée. En un après-midi, Margot s'était aperçu que, sous son attitude hautaine, il avait le cœur sur la main et donnait beaucoup à ceux qui obtenaient sa compassion et son amitié. A n'en point douter, Jae-Sun constituait assurément le fils parfait, le copain parfait et un ami fidèle sur qui les autres pouvaient compte. Mais, il trépasserait dans si peu de temps.
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Avenge the Fallen
Mystery / ThrillerMargot Rosea étudie dans une école internationale à Busan. Sa famille s'impose sur le marché coréen comme étant l'une des plus fortunées et considérables. Cependant, Margot meurt subitement. Et elle revient miraculeusement sur terre dans la peau...