3. Famille & Légendes

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Lorsque je passe l'entrée, une grande pièce m'accueille, faisant office de grand salon avec cuisine ouverte. J'aperçois un couloir qui doit mener aux chambres et sanitaires, tandis qu'une porte est présente à côté de la magnifique et imposante cheminée en pierre froide et surmontée d'une large poutre.
L'intérieur du chalet est aussi charmant qu'à l'extérieur. Les tissus des rideaux, canapé, housses de chaises sont dans des tons écrus, conférant au lieu une ambiance cosy et chaleureuse. Les murs de bois sont comme dehors, couleur miel et deux tapis immenses rehaussent de leurs couleurs vives le mobilier clair de la pièce, avec des coussins assortis.
Je m'intéresse aussitôt aux nombreux objets qui décorent autant la partie cuisine que celle du salon. Posée sur un large meuble, une coiffe indienne aux plumes blanches et bleue, attire mon attention. J'observe les perles rouges, blanches, marrons et bleues tissées à la perfection sur ce chef d'œuvre. Plus loin, un instrument de musique indien est accroché au mur. Plusieurs cadres sont présents. L'un d'entre eux représente le visage d'un indien en noir et blanc. Un autre, une indienne les cheveux tressés assise au bord de l'eau avec un loup assis à ses côtés dans une myriade de couleur. Il y a des peintures représentant un troupeau de bisons, des indiens torses nus parés de colliers et de plumes sur leurs montures lancées au galop. Que ce soit des portraits ou des scènes de la vie ou imaginaires, ils représentent tous des sujets se rapportant aux amérindiens. Tout comme chaque objets présents dans la pièce. Ma culture m'étant encore inconnue est bien là, présente dans chaque espace de cette maison.

- C'est magnifique, je les complimente aussitôt les yeux encore ébahis devant chaque découverte.
- Merci, répond Kachina. Tout ceci t'est encore inconnu.
- Oui. Comme je vous l'ai dit, j'ignorais tout de cette partie de ma vie. Seul mon visage me laissait à penser que j'étais obligatoirement une amérindienne, mais à part ça, rien.
- Ne t'en fais pas pour ça, nous te conterons les légendes de notre tribu, et te ferons découvrir les chants et leur signification.
- Ça sera avec joie.
- Pour nous aussi, m'affirme Aquene m'observant toujours de ses yeux larmoyants et heureux. Tu es une Kootenai.
- Je le suis à moitié.
- Peu importe. Chez nous, lorsqu'un enfant est métisse, il est indien s'il l'est de sa mère.
- Comme moi.
- Exact. Tu es une véritable Kootenai, Tala. Et tu es ici chez toi. Je veux que tu te sentes bien dans notre maison. Je ne veux en aucun cas que tu te sentes comme une étrangère ici. Certes, nous nous connaissons pas encore, mais nous allons nous apprendre ensemble, me dit avec cœur Aquene.
- Ma mère a raison. Nous ne voulons pas que tu te sentes de trop parmi nous. Au téléphone, nous t'avons sentie réticente par rapport à nos potentielles futures réactions en ce qui concerne le long terme.
- Par crainte de m'imposer dans vos vies déjà bien rangées, je leur avoue.
- Tu n'es pas un boulet pour nous. Bien au contraire, tu es une bénédiction. Tu ne peux pas t'imaginer combien nous sommes reconnaissantes envers les esprits de nous avoir donner cette chance inouïe de te retrouver et de pouvoir te garder précieusement dans nos vies jusqu'à notre dernier souffle. Ne doute jamais de ce que tu représentes pour nous, Tala. Tu es nôtre et nous t'aimons plus que tout au monde, me révèle Kachina en serrant mes deux mains dans les siennes, tandis que sa mère acquiesce de plusieurs hochements de tête en essuyant les larmes qui ont dévalé sur ses joues striées de fines rides.
- Nous comprenons ta souffrance. Nous savons combien tu dois être désorientée après la perte des seuls êtres que tu aimais tant. Nous tenons à te dire que nous saurons nous montrer patientes en attendant que tu sois prête à ton tour, de nous aimer autant que les tiens aujourd'hui disparus.
- Mais je vous aime déjà, leur confié-je. Je souffre et suis triste de la perte des miens, oui, mais cela n'occulte en aucun cas l'amour que je ressens pour vous deux. Vous êtes ma seule famille. Vous représentez mon espoir et la chance d'être à nouveau heureuse auprès de vous. Je ne veux pas que vous doutiez un seul instant de ça, car c'est ce que je ressens réellement. Je suis immensément reconnaissante de vous avoir dans ma vie et auprès de moi, terminé-je.
- Nous avions tellement peur que tu ne nous acceptes pas. On voit souvent ce cas de figure dans des émissions. Nous nourrissions donc la crainte que cela soit difficile pour toi. Savoir que ce n'est pas le cas, nous fait énormément plaisir. Nous pouvons dès à présent apprendre à vivre ensemble et à nous connaître. Nous désirons tellement connaître tout de ta vie, dit Aquene.
- Et moi de même, leur confié-je dans un large sourire.

Isha (Sous Contrat d'édition "Bookmark")Where stories live. Discover now