Action 11. - Laisse-moi

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Le lendemain matin, lorsque je me réveille, je ne suis pas surpris de ne pas trouver Louis à mes côtés. Je serre les dents, sentant mon mal être revenir, mais je ne dis rien, je ne l'appelle pas, le laissant dans ce silence lourd, pesant.

Je me roule plutôt sur le côté, plaçant mon visage dans la marque que sa tête a laissée dans son oreiller. J'inspire son odeur, avant de sortir de notre lit, une boule au ventre.

   - Bonjour Louis, je dis simplement en le voyant regarder la télévision, roulé dans un plaid sur le canapé.

Il relève sa tête, me souriant légèrement. Cela suffit à me rassurer un peu.

Je déjeune à la table, ne voulant pas précipiter les choses et pour être honnête, ne sachant pas spécialement comment agir.

   - Le billet est déjà caché.

Sa voix s'élevant dans la pièce silencieuse me fait sursauter. Je le regarde un instant, mais baisse mes yeux lorsque je vois son visage toujours tourné vers la télévision.

Je termine mon repas, rince mon bol, avant de me mettre à la recherche du billet, détestant profondément l'ambiance lourde présente dans l'appartement.

Je cherche longuement le papier, le découvrant finalement sous le tapis de douche. Je ne vais pas au salon, l'ouvrant seul assis sur la cuvette des WC.

Les mots inscrits me tordent un peu plus l'estomac, mais je respecte le silence qui nous entoure, ravalant ma détresse, fixant de longues minutes ces quelques mots.

« Je ne suis pas fâché, juste perdu. Ton action est de me laisser seul. »

Je hoche la tête, comme si Louis pouvait le voir. Sans un mot, je glisse le papier dans ma poche, ravalant la boule dans ma gorge et vais m'installer sur le canapé, regardant sans lui adresser un regard, la télévision.

Je finis par attraper mon ordinateur, continuant ma dissertation.

Louis quitte bientôt le canapé, retournant dans la chambre. Je ne bouge pas, le suivant simplement des yeux.

Mes doigts continuent de taper ce texte qui me semble infini.

Lorsqu'enfin j'y mets le point final, je me lève en m'étirant, allant m'asseoir dans le hall pour essayer de continuer le puzzle. Mais je n'y arrive pas, perdant patience et n'y voyant pas l'intérêt de le faire sans Louis.

Je me lève, m'éloignant rapidement du puzzle, ne voulant pas faire une bêtise en perdant patience. Je finis donc dans la cuisine, les mains dans une pâte à gâteau faite maison, des senteurs chocolatées autour de moi.

Je passe ma main dans mes boucles brunes qui me retombent sans arrêt sur les yeux, scrutant de mes yeux verts le chocolat fondu sur le feu à quelques centimètres de moi. Sans que je ne m'y attende, j'entends Louis sortir de la chambre. Il passe derrière moi, me frôlant, pour ouvrir le frigo.

Je tente de l'ignorer, mais mon regard sans cesse aimanté par lui ne m'aide pas beaucoup.

Je risque de crier quelque chose lorsque je vois, impuissant, plonger le doigts dans le chocolat fondu. Mais je ferme ma bouche, le regardant plutôt repartir dans la chambre, un sourire amusé flottant sur mes lèvres.

Je me remets au travail, les épaules un peu plus légères. Je glisse bientôt la tarte au chocolat dans le four, plutôt fier de la recette que je viens d'inventer.

Après quelques minutes à peine, l'odeur chocolatée se fait plus présente dans l'appartement. Je vais m'asseoir sur la terrasse, m'installant confortablement dans la balancelle, muni d'un livre que Louis a emprunté un jour à la bibliothèque. Je continue ma lecture, me relevant régulièrement pour vérifier la cuisson de mon chocolat.

2 confinés et 1 chienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant