E.N.V.I.E. / Souvenir (2/4)

508 121 490
                                    

À ce moment précis, la créature dépassait ses compères et n'avait plus qu'à tenir cette cadence jusqu'à l'invraisemblable et pourquoi pas, l'impossible.

Mais une poussée inverse s'insurgea sur le chemin de sa destinée, une force le maintenait en suspens.

Cela semblait provenir de son pied. Il se retournait. Trois de ses semblables l'avaient agrippé au talon et à la jambe. Il l'attirait encore et encore vers eux, y mettant les deux mains, à plus forte contribution, tous les muscles du corps. Le mouvement s'accélérait, produisant une douleur à son membre, rendant amères ces instants. Il voyait s'éloigner au loin son rêve, son utopie. Mais il se devait de capituler - ou pas - Le brave primordial se mit à gesticuler, envoyant des coups répétés de son pied droit à ses trouble-fêtes. Son second pied finit par être capturé, octroyant une nouvelle ouverture à leur odieuse action.

Mais pourquoi ? Pourquoi font-ils cela ? Il ne leur a rien fait, lançait la petite fille, outrée.
— Vois-tu mon enfant, il existe des centaines de sentiments partagés et l'être humain en accumule des biens sombres.

« Il lui arrive même de les mélanger, produisant l'horreur dans sa plus belle tunique. Lorsque notre héros a pris de l'élan vers son utopie, ses frères l'ont vu s'élever, se dresser au-dessus d'eux, étincelant, et déterminé ; ils ont voulu le garder avec eux, à leur niveau. Qu'ils restent tous ainsi ».

Mais pourquoi ? Cela ne les regarde en rien.
— Dans leur émotion se mélange un bon nombre d'autres sentiments qui se syntonisent et ne peuvent pousser qu'à cette action.

« L'orgueil se défendant à la barre grâce à l'éloquence de l'égoïsme, s'insinuant dans l'un, puis dans l'autre, curieusement dans un troisième jusqu'à former une masse, la plèbe maîtresse du mouvement en avant ».

Comment appelle-t-on ce sentiment ? me questionnait l'enfant.
— L'envie, ma petite... Eh oui ! L'envie, souvent confondue avec sa sœur, la jalousie - une couronne d'épines - C'est elle qui inflige une bonne part des maux humains. Tout ce qu'elle détient comme acquis, elle le doit à sa reine...
— Sa reine ?
— Oui, mon enfant ! L'orgueil... Voilà pourquoi je l'ai associé à sa complice, l'arrogance. Ces trois afflictions n'ont jamais été bonnes pour les rêveurs.

« Et souvent, ils finissent dans le même état que notre brave. Ces sentiments éveillent alors de telles émotions conduisant à cette honteuse action. Regarde-le, ramené à la communauté. Ses espoirs fracassés par d'autres. Ces simples d'esprit qui se meurent de contempler un tel exploit possible. Beaucoup d'humains finissent, comme lui, par dégringoler des cieux pour atterrir la face dans cette poussière, d'où jadis, il en fût sorti ».

Le temps se liquéfiait, notre protagoniste tenta une première fois de se dresser sur ses jambes, qui lui renvoyèrent la somme amère de son entreprise. Ses mains ne pouvaient non plus supporter son poids, la douleur le faisant chuter. Il puise tout de même un peu dans ses dernières flammes afin de se renverser, le regard pointant le vaste noir.

Il était là, ne gesticulant plus, ne réagissant presque pas. Ses yeux fixait le point lumineux, là, plus loin que cette ruée de vautours. Il reprenait peu à peu sa respiration. Son esprit commençait à se vider. Mais une goutte de larme vint brouiller ses yeux. Son rêve était encore trop loin. Il avait si mal dans le corps et dans l'âme. Il lui fallait renoncer. Ce n'était pas son destin.

Les dés sont jetés ! m'écriais-je.

« Il n'a plus que deux options : Ou il accepte son sort et vole comme ses frères... ou... »

Ce Que Tes Émotions Leur FontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant