★ Chapitre 3

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— Tu vas voir, la fac est petite mais elle est cool ! s'exclame Saoirse alors que nous entrons sur le campus. L'avantage, c'est qu'il y a peu de risques que tu t'y perdes.

— J'ai un très mauvais sens de l'orientation. Tout est possible.

Mon aveu cause un éclat de rire chez la jeune femme. Ses courtes mèches blondes se balancent en haut de son cou. Elle réajuste la sacoche en cuir brun sur son épaule et me guide au milieu de la fac. Dès que mon regard se détache de Saoirse, je m'arrête, tant le lieu m'impressionne.

— Ça, c'est la fac ?

Nullement impressionnée, la blonde me le confirme. Nous entrons dans une sorte de cour intérieure aux plates-bandes finement taillées. L'université prend la forme d'un vieux bâtiment qui me fait penser à un château – ou au moins la demeure d'une riche famille d'autrefois – dont les murs forment un rectangle fermé. Les chemins de pierre pavés forment une croix au centre de la cour et mènent aux portes des quatre ailes de l'endroit.

— Ferme la bouche, tu baves ! se moque la colocataire de mon frère avant de renchérir. Encore, ce serait devant un beau mec, je comprends, mais là, ce ne sont que de vieux bâtiments tout moches.

Nous reprenons notre marche en direction de la plus grande porte, celle en face de nous, qui me semble être l'entrée principale.

— Ils ne sont pas tout moches, nié-je avec un sourire. Ce lieu est authentique. Je n'ai jamais vu une université comme ça avant.

D'un autre côté, je n'en ai jamais vu qu'une seule dans ma vie. La mienne. Hormis les quelques facs visitées pour les portes ouvertes quand j'étais au lycée, bien sûr. Paris 8 est certainement plus moderne, mais cette fac n'a rien à lui envier en termes de charme et d'authenticité.

Nous pénétrons dans le bâtiment principal et je me contente de suivre Saoirse en laissant mon regard flâner autour de moi. Quand Corentin m'a appris qu'elle se rendait dans la même université que celle dans laquelle je serais scolarisée pour les six prochains mois, j'étais soulagée. Connaître quelqu'un est toujours plus rassurant. Loin de moi l'envie de me jeter dans l'inconnu.

Je suis plutôt du genre à ne pas oser briser ma routine. Ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Mais la routine a un côté rassurant. Paradoxalement, on pourra me reprocher de mentir puisqu'il faut un peu de courage pour quitter l'endroit où l'on vit pour faire un échange universitaire. Sauf qu'à mes yeux, l'Irlande ne m'était pas inconnue. C'était mon frère. Maintenant que j'y suis, je réalise qu'en dehors de son appartement, frère ou pas, je suis complètement paumée. Il va me falloir un petit temps d'adaptation.

— Fais-moi voir ton emploi du temps, je vais t'accompagner jusqu'à ton premier cours.

J'acquiesce et le lui tends. Elle me fait signe de la suivre et me désigne une porte ouverte sur une petite salle de cours. Je la remercie avant qu'elle ne disparaisse au coin d'un couloir. Nerveuse, je tire sur le sweat court beige que je porte par-dessus mon pantalon blanc et entre dans la classe. Quelques élèves sont déjà assis, mais nombreuses sont les places vides. Je me dirige en toute discrétion, non pas vers le fond de la salle, mais vers une rangée du milieu. Fidèle à mes habitudes, je choisis la place contre le mur. Ça aussi, c'est rassurant, de ne pas être au centre de l'attention.

À peine quelques minutes après mon arrivée, une professeure aux cheveux grisonnants tirés à quatre épingles entre et ferme la porte derrière elles. Tant pis pour les retardataires...

— Bonjour à tous, commence-t-elle dans un anglais britannique. Aujourd'hui nous accueillons plusieurs étudiants étrangers au sein de notre classe. Je vous prie de leur réserver un accueil chaleureux.

Naabot mo na ang dulo ng mga na-publish na parte.

⏰ Huling update: Jul 06, 2022 ⏰

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