Yasmine,les yeux ne mentent pas.

14.

On est rentré et la mère à Wissem a tout de suite était affolé quand elle a vu ma tête. Elle est venue direct dans mes bras.

-Elle va rester avec nous, elle va dormir dans la chambre à Sabrina.

- Oui d'accord. Allez viens avec moi Benthi (ma fille). Après je vais te faire à manger.

Elle a pris son bras autour de mes épaules et j'ai tourné ma tête vers Wissem. Il avait ce regard bienveillant, mais inquiet.

Tata Nora s'est assise à côté de moi pendant que moi j'étais allongée. Elle me caressait les cheveux en me récitant des sourates.Ca m'apaisait et plusieurs larmes refaisaient surface.

J'ai fini par m'endormir.

Je suis rentré dans ce qu'on appelle une période sombre.

Je vous explique.

Chaque soir je n'arrivais pas à dormir, je me torturais à faire une liste de raisons pour lesquelles Ali m'a abandonné. Je me torturais à penser à ce que j'aurais pu faire ou ne pas faire pour le garder.

Et si j'arrivais à dormir, je faisais des cauchemars et je criais dans mon sommeil.

Chaque fois que ça arrivait, Wissem courait dans ma chambre et me récitait des sourates. Il attendait que je m'endorme pour lui aller dormir. J'étais trop égoïste et je ne réalisais pas qu'il avait des cernes à force de rester avec moi la nuit.

Le matin, chaque fois que j'apercevais le plafond blanc de la chambre de Sabrina, je pleurais.

Je prenais ma douche la porte non barrée, car Wissem redoutait le pire.

Je ne sortais plus et je couvrais mon visage de mes mains comme un enfant chaque fois qu'il me proposait une marche dehors.

Cette ville me tuait de l'intérieur.

Lyna venait me rendre visite, mais je ne lui parlais pas. Je fixais la télé alors qu'elle me parlait et qu'elle essayait de me faire revenir à mon état habituel. Je sais que Sammy passait chaque 3 jours chez Wissem pour me voir, mais chaque fois je faisais semblant de dormir. Je l'entendais dire tout doucement - Désolé kho... elle dort encore.

Wissem m'avait acheté un nouveau téléphoneavec le même numéro. Je l'utilisais pas, juste pour envoyer des textos à ma mère. Je lui faisais croire que tout allait bien, mais que j'étais trop occupé pour l'appeler.

Les seuls moments où je pouvais, m'évader était lorsque la mère de Wissem cuisinait et que je la regardais faire. Elle dégageait une lumière, je me sentais comme avec ma propre mère. Elle me parlait sans que j'ai à lui répondre, elle savait que je ne voulais pas parler.

Et Wissem, il travaillait pendant la journée, mais je savais qu'il veillait sur moi. Je l'ai entendu une fois quand je faisais une sieste dans le salon, enfin j'étais réveillée, je me reposais les yeux, mais lui il ne le savait pas.

- Yemma (Maman) comment elle va aujourd'hui ?

- Ahh toujours aussi déprimée

- Elle a mangé ?

- oui

-Elle a pris sa douche ?

- oui

- Al-ḥamdu lillāh (Dieu merci)

Il avait beau jouer le dur à cuire, il avait un cœur énorme. J'étais trop aveuglée par ma tristesse que je ne le remerciais même pas.

Voilà trois semaines et demie que j'agissais comme ça.