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Chapitre 2 - ISAAC

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Il est près de quatre heures quand le calme revient dans la maison. Je descends d'un étage avec mon paquet de cigarettes et sors sur la terrasse par la baie vitrée. Quelques mecs dorment sur les canapés et il n'y a aucune trace de Thomas. Je m'assois sur un banc de jardin et j'allume ma cigarette. Enfin tranquille. J'entends quelqu'un sortir par la fenêtre de la baie vitrée et je tourne la tête, m'attendant à voir Thomas, mais je discerne une silhouette féminine qui ne marche pas droit et qui s'avance vers moi. 


— Salut, tu as une cigarette ?


La blonde parle avec la voix cassée et sent l'alcool. Je lui tends une cigarette en espérant qu'elle dégage après, mais elle ne bouge pas. Je soutiens son regard pour comprendre ce qu'elle attend de moi et elle sourit en s'approchant.


— Il me faut du feu, susurre-t-elle bizarrement.


Son air bête m'exaspère, c'est trop compliqué de me laisser seul ? Je lui tends le briquet sans la regarder espérant sincèrement qu'elle s'en aille fumer plus loin. Au lieu de prendre mon briquet, elle vient s'asseoir sur ma jambe lentement.


— Allume-la moi, chuchote-t-elle malicieusement.


Elle éloigne sa tête et coince la cigarette entre ses lèvres en attendant que je l'allume. J'utilise mon briquet pour allumer sa cigarette, elle n'est pas moche mais elle est bourrée, et me faire une fille endormie, ce n'est vraiment pas mon délire. Elle pose sa main sur mon torse et la descend doucement, me montrant clairement ce qu'elle veut vraiment. Je lui attrape le poignet en m'apprêtant à lui expliquer que je ne veux pas d'elle et qu'elle ferait mieux d'aller boire de l'eau. 


— Dina ?


Une voix nous fait tourner la tête vers la baie vitrée. Une autre fille s'approche et je reconnais la fille aux yeux verts quand elle est assez près de nous. Elle attrape la prénommée Dina qui est sur mes genoux par le bras.


— Viens, Dina. Tu es en couple, qu'est-ce que tu fais ?


Elle me lance un regard noir avant de ramener sa pote à l'intérieur en lui faisant la morale. Il n'y a plus aucun bruit, je ferme les yeux en soufflant, profitant enfin du calme. Cette soirée est interminable et ma patience commence à atteindre ses limites.

— Sérieusement, t'abuses des filles en plus ? 


Je sursaute comme un con. La fille aux yeux verts dont je ne me souviens même plus du nom me regarde méchamment, les bras croisés sur sa poitrine. Je ne l'avais même pas entendue revenir, celle-là.


— T'es encore là, toi ? lancé-je d'un ton las.


Elle ne répond pas et semble attendre que je m'explique.


— C'est ta copine qui est venue sur mes genoux, elle est complètement bourrée. Elle ne m'intéresse pas, expliqué-je. 


Je vois qu'elle doute de mon histoire mais je m'en fous, elle croit ce qu'elle veut. Je ne vais pas lui faire une dissertation sur la facilité de sa copine qui n'attendait qu'une chose de ma part. 


— Il est où l'autre con ? demandé-je en regardant dans son dos, curieux.



Elle arque un sourcil et saisit très vite de qui je veux parler.

— Bryan ? Il est parti, m'informe-t-elle.


Tant mieux. Je ne peux pas me le voir, ce mec. Ça m'évitera qu'une énième personne vienne m'emmerder maintenant.

 

— Tu n'es pas partie avec lui ? 


Elle détourne le regard et semble un peu gênée. Elle s'assoit en soupirant sur une chaise, en face de moi.


— On s'est disputés et il est parti avec sa voiture, avoue-t-elle.
— Il t'a laissée ici toute seule ? m'étonné-je. 


Le regard noir qu'elle m'envoie réussit à m'arracher un rire. Ce connard a abandonné sa meuf et ça ne m'étonne même pas.


— C'est de ta faute je te signale, déclare-t-elle.

De mieux en mieux. J'ai hâte de savoir ce que j'ai encore fait. Parce que, pour une fois, je n'ai vraiment rien fait. J'ai passé la soirée dans ma chambre. Je ne me suis pas battu pour faire plaisir à Thomas. Et j'ai même renvoyé Emy chez elle. 


— Il a vu que je te parlais quand on était dehors avec Elena.


Je rigole de nouveau, ce qui me vaut un nouveau regard noir de sa part. Elle ne m'a même pas adressé la parole. Je ne cherche pas plus d'explications et le silence revient pendant quelques minutes où je fume en regardant le jardin derrière elle. Je ne comprends pas pourquoi elle est encore là, elle attend quoi au juste ?


— Tu habites loin ?


Ma voix brise le silence.


— Non, quarante minutes à pied à peu près, dit-elle en se levant. 


Elle déconne, là ? Bryan est vraiment un connard. Il a abandonné sa meuf ici sans se soucier de comment elle rentrerait. Ce type est vraiment fou.


— Tu vas où, là ?


Elle me regarde, dubitative.


— Bah... Je rentre chez moi. 


Je me lève à mon tour, ce qui me vaut cette fois un regard curieux.

— Je te ramène chez toi.


C'est plus un ordre qu'une proposition, mais elle refuse. J'insiste, mais elle ne semble pas décidée à changer d'avis. 


— Dors ici alors, je ne laisserai pas une fille comme toi rentrer seule la nuit.

— « Une fille comme moi » ? Tu insinues quoi ?

Elle commence à m'agacer. N'importe qu'elle autre fille aurait directement accepté que je la raccompagne. Je mets ma main à couper qu'en quarante minutes dans la rue, elle aura le temps de se faire emmerder des dizaines de fois. N'importe quel paumé pourrait s'en prendre à elle.


— Tu as bu. Tu ne peux pas me ramener, dit-elle hésitante.

Je reprends confiance en voyant son hésitation, elle est en train de céder.



— Je n'ai pas bu depuis plus de deux heures.

Elle me regarde de haut en bas mais ne dit rien, encore hésitante. Je prends ça pour un « oui » et je l'incite à me suivre en me dirigeant vers le garage. Quand j'allume la lumière et que l'on se retrouve devant ma Mustang noire, elle me lance un regard étonné.


— C'est ta voiture, ça ? demande-t-elle, surprise.


Je confirme d'un mouvement de tête et m'installe derrière le volant. Elle s'installe côté passager en tirant la gueule. Cette fille n'a jamais l'air contente. Pour une fois que je me soucie d'autre chose que de moi-même, elle pourrait me remercier. Je démarre et durant le trajet, je la surprends quand même en train regarder autour d'elle, admirative. La voiture semble lui plaire. En revanche, ce n'est pas le cas pour moi. C'est tout juste si elle m'adresse la parole. Elle se contente de m'indiquer le chemin froidement. Je suis ses indications et finis par me garer en bas d'un immeuble que je reconnais être celui dans lequel habite Bryan. Elle détache rapidement sa ceinture, puis me lance un regard dans lequel je lis à nouveau de l'hésitation. Elle ouvre la bouche comme si elle s'apprêtait à dire quelque chose, mais se ravise et sort de la voiture sans dire un mot.

Prisonnier de tes yeuxWhere stories live. Discover now