Chapitre vingt-deux : Traître

16 4 0
                                    

Après l'annonce de la nouvelle grossesse dans la famille Hastain, le repas débute dans la joie et la bonne humeur, sauf pour ma part.

Je suis assis entre mon frère et mon père qui se trouve en bout de table dans le fauteuil en velours, comme la tradition le veut pour le chef de la famille Hastain.

– Nous avons augmenté de vingt-et-un pour cent les ventes de champagne grâce à ma stratégie marketing !

– C'est parfait, il faut continuer sur cette lancée Hémon.

J'ai envie de vomir sur la table quand je vois mon frère flatter l'égo de mon père. J'essaie de me faire discret tout le long du repas, malgré l'envie acerbe de remballer mon père et ses louanges sur sa putain d'entreprise familiale.

– Et toi, Nils ? Ta société si mystérieuse, se porte toujours aussi bien, ou tu as enfin réalisé que ce n'est pas une mince affaire de tenir la tête des opérations sans un entourage solide ?

Je sers la mâchoire pour retenir la réponse vulgaire qui me vient à l'esprit et pose le plus calmement possible mes couverts de part et d'autre de mon assiette, avant de relever la tête dans la direction de mon géniteur.

– Il n'y a rien de mystérieux dans ce que je fais. Avec Tom, nous gérons des usines de production de textile français, pour faire fonctionner l'économie de notre pays au lieu d'exploiter les miséreux, comme tu aimes si bien le vanter.

Je me dégoûte moi-même, dans ce mensonge pathétique. En vérité, je fais tout le contraire, mais c'est bien la seule chose qui me lit à mon père, la malhonnêteté.

– Si nous arrêtions de parler affaires ce soir ? C'est Noël, je veux profiter de la compagnie de mes enfants chéris.

Je m'efforce de sourire à ma mère et attrapes le verre de vin qui est en face de moi.

– Nils, mon ange, seras-tu présent pour la fête annuelle du nouvel an ?

– N'y compte pas. Cet ingrat se fiche totalement de la famille.

Je repose brutalement mon verre sur la table, ce qui casse le pied et renverse le vin rouge sur la nappe blanche.
Mon père se redresse dans son fauteuil, les traits du visage semblable à un bouledogue en colère.

– Ce n'est pas grave ! S'exclame maman, le regard apeuré à cause du maître de maison.

Le regard empli de tristesse de ma mère me serre le cœur, je sens ma gorge s'enrailler. Je tousse brièvement et prends la parole plus calmement.

– Je serai présent, je n'ai rien de prévu.

– Formidable ! Je le savais ! C'est mon fils chéri...

Ma mère se lève de table, pour venir m'embrasser sur les joues, j'aperçois du coin de l'œil, mon père se renfoncer dans sa chaise, toujours le visage impassible.

– Tom peut venir s'il le souhaite ! Il sera le bienvenu avec son amie !

Je souris poliment à ma mère en sentant déjà l'angoisse de cette soirée me peser à l'estomac.

Une fois Noël passé, enfermé dans la chambre d'amis que mes parents m'offre durant mon séjour forcé, chez eux en famille pour les fêtes de fin d'année, je décide d'appeler Tom, dans l'espoir qu'il veuille bien m'accompagner à cette maudite fête.

...
GIANNINA

– Alors tu veux bien venir à Paris ?

– Je ne sais pas Julia... Il y aura qui à cette fête ?

– Euh... Des amis de Tom, et d'autres gens que je ne connais pas, tu sais, c'est ça les fêtes parisiennes, il y a de tout !

– Mais... Il n'y aura pas... Je baisse d'un ton en prononçant cette phrase. Nils ?

OSCURO SEGRETO. Tome I.Where stories live. Discover now