sending the moon and stars your way.

45 7 26
                                    

  Le mois de décembre se déroula dans une douceur flottante, presque irréelle

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Le mois de décembre se déroula dans une douceur flottante, presque irréelle. La neige tombait sur Séoul alors que Seungmin et Minho réédifiaient leur relation, au rythme des jours cotonneux. Minho allait au lycée et tous les soirs, échangeait quelques messages avec le garçon, quand bien même ce n'était qu'un ou deux. Histoire de raconter sa journée, se détendre et, juste, lui parler.

Ainsi l'hiver avait avancé, les cours pris fin et Seungmin, il s'était discrètement instauré dans la routine de Minho. Aucun n'avait vraiment réalisé, ça s'était fait doucement, l'air de rien. Chaque jour ils parlaient, avaient des pensées furtives mais régulières pour l'autre, c'en était devenu habituel. Rien d'obsessionnel, non, ils partageaient seulement beaucoup. Et puis, comment ne pas chérir un tel lien ? Avoir quelqu'un à qui tout raconter, sans crainte du jugement, quelqu'un d'aussi proche mais sans, finalement, toutes les peurs liées au face-à-face. Une amitié qu'on garde pour soi car c'est plus simple, mais qui n'en est au final qu'encore plus précieuse.

Puis les vacances arrivèrent, pour l'un comme pour l'autre. Minho, ses parents et sa sœur partirent à Jeju, rendre visite à une partie de la famille, comme chaque année. Les plats traditionnels de sa grand-mère nippo-coréenne ravirent comme de coutume son palais, la colline des camélias resplendissait et l'île, dépourvue de ses touristes estivaux, n'avait qu'encore plus de charme. La veille du jour de l'an il neigea même, recouvrant tous les environs d'un beau voile immaculé. Les anciens de la famille prirent cela comme un bon présage, une aide pour mieux embrasser la nouvelle année, épurer les erreurs de celle-ci et sans regrets, lui dire adieu. C'est donc naturellement qu'on se réjouit dans la maison familiale; pour dire, même Minhee, sa cadette de quatorze ans toujours bougonne, esquissa quelques sourires et laissa échapper un rire.

Pourtant, notre cher protagoniste n'en profitait pas comme il le devait, de tous ces présents. Un pincement au cœur l'en empêchait sans qu'il n'en détermine la raison exacte, un amer et diffus goût de manque, d'insatisfaction. Cette montagne de bonheur, il voulait la partager avec Seungmin, mais aussi savoir ce que lui, faisait de ses vacances. Or, depuis une semaine qu'il était parti, Minho se trouvait dans l'incapacité de le recontacter, sans son pc ou les codes de sa messagerie en ligne. Une semaine, sept jours, c'est pas énorme. Ça lui paraissait une éternité pourtant, et à songer qu'il en restait encore sept autres, il mourrait d'envie de se lamenter, se laisser râler de manière fort peu reconnaissante et agréable.

Il devait se rendre à l'évidence; même pas un mois à parler et déjà, Seungmin lui manquait. C'était aussi le cas auparavant, lorsqu'à l'occasion la nostalgie le prenait et que lascivement, il regrettait leur amitié passée, mais pas de la même façon. À présent, c'était le Seungmin de maintenant qui lui manquait, pas leur relation ou son souvenir. Alors c'est vrai, y'avait plus la même mélancolie, mais le manque était plus intense, douloureux et à la fois, sa pensée le faisait drôlement sourire – pour vraiment pas grand-chose, honnêtement. Il réalisait tout juste à quel point il s'y était attaché, à ce garçon plus tellement du passé, ses mots doux et leurs échanges nocturnes.

Peut-être que réaliser, justement, ça l'aida. On ne sait pas bien, il a des réactions étranges parfois, Minho. Mais après un rire désabusé, comme soulagé d'on ne sait trop quoi, il passe le reste du séjour bien plus soulagé. Pour leur plus grand bonheur ou désarroi, sûrement un peu des deux, ses proches virent qu'il retrouvait sa vitalité habituelle. Sa joie de vivre contagieuse, ses anecdotes incessantes, sa voix rieuse et ses bavardages presque dérangeants. C'était pas aussi animé, sans ce Minho-là.

Le soir même, on passa au millénaire suivant. L'an 2000, tant attendu, fut grandement célébré, et quelques heureux lancèrent des feux d'artifices en ville, en contrebas de la maison des Lee – située sur le flanc de la montagne, elle offrait une vue imprenable. Les feux colorés illuminèrent le ciel encre, les reflets ornèrent la neige, l'île toute entière. L'euphorie se fit commune et rayonnante, tout ça créait un sentiment chaleureux, dans le cœur de Minho. Une pensée le traversa pour Seungmin, toujours coincé au siècle dernier, il sourit de plus belle. Qu'il avait hâte de le retrouver, lui raconter ces vacances. Toutes ces pensées, gardées spécialement pour lui, leurs discussions, ça se chérissait.

꒰ა ☁︎ ໒꒱

Le nouvel an avait inspiré Minho qui, en rentrant, se posa dès qu'il put à son piano ; de ses doigts habiles, il tenta de retracer la musique enneigée, le rythme des cœurs excités. Une poignée d'accords et d'arrangements plus tard, la seconde chose qu'il fit fut, sans surprise, s'installer à son bureau et allumer son ordinateur. Quelque peu déçu, il constata avec regret n'avoir aucun message de son ami, depuis qu'il l'avait informé de son départ. Enfin, ce n'était pas bien grave, peut-être était-il en voyage, lui aussi. Il lui laissa donc un court message, signalant qu'il était de retour et, sur le ton de l'humour, qu'il lui avait bien manqué.

Mais les jours passèrent, la rentrée en France – où les vacances de noël étaient plus courtes – arriva et pourtant, toujours aucune réponse. Si le lycéen s'inquiéta d'abord, il se sentit ensuite pleinement idiot, lorsqu'il entendit les deux mères parler au téléphone. Nulle évocation d'un quelconque voyage, Harin et son fils demeuraient bien chez eux, à Paris. Seungmin l'ignorait donc superbement, voilà la simple vérité.

Pour une fois, peut-être qu'il aurait préféré qu'on lui mente, Minho.

ఌ︎.

🏃

౨ৎ 𝗕𝗥𝗢𝗞𝗘𝗡 𝗠𝗘𝗟𝗢𝗗𝗜𝗘𝗦 . 2minWhere stories live. Discover now