Nuits solitaires

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Un halo de lumière éclairait dans la pénombre, un rectangle jaune, le dernier qui restait allumé.


Dehors, aucune agitation ne venait perturber le calme de la ville de nuit. La pluie s'était arrêtée. Aucun transport, bruit, foule ou mouvement ne se faisait entendre... Seul un chien aboyait au loin ; et juste en face, un lampadaire grésillant. L'air était doux, aux odeurs de poussière et de béton mouillé. Le temps était comme arrêté. Et un sentiment de liberté s'en dégageait...


Appuyée contre un mur par là, une âme mutinée dans une délicate robe de tulle rouge pampre, tenant dans son bras une veste en cuir abîmée. Son regard perdu, souligné par le noir de ses smokey-eyes qui avaient coulé le long de ses joues durant cette si longue soirée. Elle laissait échapper un soupir et une bouffée de fumée entre ses lèvres "#1966 rouge libre, Yves Saint Laurent". L'esprit divaguant, ses songes volant comme un nuage épais. Avec pour seuls compagnons ses démons.


Pouvait-on réellement appeler cela liberté ? Plutôt un sursis...


Le cœur lourd, la tête vide, c'était comme si toutes ses peurs criaient en même temps mais qu'aucun mouvement autour ne répondait à son appel de détresse...


Il était 3h du matin, elle s'attardait sur le grand troupeau d'étoiles vagabondes, enviant leur désinvolture... Les souvenirs se multipliaient et enflaient ; jusqu'à devenir insoutenables. Sur ce temps qui avait pourtant l'air de s'écouler au ralenti, ses pensées galopaient follement. Ses idées n'étaient qu'un vent qui passait. Et bercée par la brise, il lui était désormais impossible de trouver d'abri assez robuste pour la protéger contre l'ouragan de ses sentiments. Elle avait besoin de dormir, son esprit la suppliait de sommeiller... Mais impossible. C'était dans ce temps éphémère et paisible, sans vie, qu'elle se sentait la plus vivante.

Là où les coquelicots fleurissentWo Geschichten leben. Entdecke jetzt