Partie 3

11 0 0
                                    

Mon frère et moi épluchions la documentation spirite. On passa par-dessus les sections discutant des préliminaires. Comme tout homme qui se respecte, on désirait tout de suite entrer dans le vif du sujet. Après tout, qui aurait voulu s'embarrasser de la préparation telle que des rituels de protection ? Pas nous en tous les cas.

Une technique nous attira plus que les autres étant donné sa simplicité : le pendule. Il n'était pas nécessaire de se l'acheter, une chaîne suffisait. On alla fouiller dans la bijouterie de maman et on trouva satisfaction. Une nouvelle fois, on attendit au soir pour opérer. La cave était de nouveau notre lieu de prédilection. On ne change pas une formule gagnante.

Il suffisait de pincer le début de la corde pour que l'autre extrémité pendît dans le vide. Ensuite, on posait des questions dichotomiques. Si l'entité donnait une réponse positive, le poids tournait dans le sens d'une aiguille d'une montre. Pour une réponse négative, le sens inverse. Au départ, il ne se passait rien. L'instrument ne tremblait même pas. On se l'échangea à tour de rôle. Aucune différence. C'est lors du troisième tour que le bijou se balança latéralement au bout de mes doigts. Victorieux, on voulut crier, mais on se retint de peur d'éveiller les soupçons de maman. On décida de passer à la suite du plan : l'entrevue.

- Es-tu un esprit ?

- Oui.

- Es-tu Marc ?

- Non.

- Es-tu quelqu'un que l'on connaît ?

- Non.

Un nouveau ! Cette séance s'annonçait excitante. On continua :

- Es-tu un homme ou une femme ? Va de gauche à droite, si tu es un homme et...

Comme si elle lisait dans la tête de mon frère, l'entité ballotta la chaînette de l'avant vers l'arrière. On l'interrogea sur son âge au moment du décès. On commença par 0 à 10 ans et on finit avec 30 à 40 ans, instant où elle répondit finalement par l'affirmative. Sébastien eut l'idée de lui demander d'exécuter quelques tours avec le pendule. On souhaitait qu'elle traçât des formes géométriques : carré, rectangle, triangle. Elle les réalisa toutes. Mais ce qui nous étonna le plus fut lorsqu'elle garda la chaîne quelques secondes oblique dans les airs. Ensuite, l'objet s'immobilisa à la position initiale comme pour nous signifier que le spectacle était terminé. On tenta de rentrer en contact de nouveau. Peine perdue.

On décida de laisser tomber pour le reste de la soirée. Tout se passa sans encombre jusqu'au lendemain matin. Je distribuais les journaux tôt pour pouvoir gagner un peu d'argent de poche. Je détestais ce travail. Non seulement parce que c'était matinal, mais aussi parce que c'était éreintant. En particulier l'hiver. J'étais durement éprouvé par les intempéries. Souvent, les allées n'étaient pas déneigées ou déglacées. Tout ça pour un salaire et des pourboires de misère.

Donc, au lever du jour, ma mère me réveilla. Habituellement, mon réveille-matin aurait dû s'en occuper, mais il était éteint. Il était tard et j'ai été forcé de me dépêcher à livrer les journaux. À ce moment-là, je ne m'étais pas posé de questions. Après tout, j'avais probablement juste oublié d'activer l'alarme. Le soir d'après, je l'avais vérifié trois fois. Le même phénomène se produisit le lendemain. Maman me demanda de devenir plus vigilant. Je ne comprenais rien. Pourtant, je n'avais jamais été victime de somnambulisme. Je décidai de mettre l'appareil le plus loin possible de mon lit, au bout de ma chambre. Cela ne régla pas le problème. Ma mère commençait à en avoir assez. Pour remédier à la situation, je m'en achetai un deuxième. Les deux engins étaient disposés totalement à l'opposé l'un de l'autre.

Comment j'ai transformé ma demeure en maison hantée Where stories live. Discover now