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Cela fait une heure que je suis assis sur le capot de ma voiture, seul face à cette vue imprenable sur l'Opéra de Sydney... Cliché? Peut-être mais j'aime bien. Cette petite boîte entre mes mains, je la tourne et la retourne, l'ouvre, la ferme, puis la rouvre. Je joue avec le soleil sur le diamant, pour la faire briller, cette couleur violette orangée, bleue rosée, je suis incapable de la décrire. Après tout c'est un peu le but de ce caillou d'être indescriptible... C'est aussi pour ça que je l'ai choisi, y'a un bout de temps maintenant qu'elle et moi on fait équipe. C'est un peu ma Winston... (Nda: pour ceux qui comprendront la référence, je vous laisse l'expliquer)

Je finis par la refermer et la range dans ma poche droite de mon cuir. De la poche de mon jean, je sors un papier usé par le temps. Usé par la relecture et la maltraitance que j'ai envers elle.

« Tu sais, je n'ai jamais été aussi sérieux que lorsque je t'ai proposé de m'épouser... Je suis peut être un crétin, je suis peut être irresponsable au possible mais tu es la plus belle chose qu'il me soit arrivé... Chaque jour tu fais de moi quelqu'un de meilleur... C'que c'est niait... J'me demande comment je fais pour écrire des textes de chansons, pouvant émouvoir pas mal de personne et être aussi maladroit avec toi... »

Cette lettre inachevée depuis maintenant cinq mois ne veut absolument rien dire... Pour autant je n'arrive pas à la jeter... Je n'accroche à l'idée qu'elle pourra me pardonner malgré ma fuite. Qu'elle pourra pardonner ma lâcheté, qu'elle pourra comprendre...

J'ai fait n'importe quoi... Je me suis renfermé sur moi et par peur de lui faire du mal j'ai préféré fuir. Quel crétin... Ça fait cinq mois que je suis parti et tout autant que je regrette. Cinq mois...

Six mois demain depuis la mort de Cal'...

Je range la lettre dans mon jean et remonte au volant de ma voiture.

Musique à fond, un bon vieux morceau de rock, je roule une fois encore vers une destination inconnue.

Ça fait cinq mois que je fais ça, rouler vers n'importe où, là où je trouve la route inspirante. Souvent je m'arrête dans un motel pour prendre un peu soin de moi, mais je ne reste jamais dormir.

Je roule toute la nuit, de toutes manières je ne dors plus, je m'en veux bien trop pour accéder à cette récompense qu'est la paisibilité du sommeil. Dès que je ferme les yeux, tous mes tourments me hantent. Il n'y a que lorsque je conduis que j'oublie. Enfin... Pas totalement, mais au moins je suis concentré sur la route, sur la musique...

****

Quatre heures que je roule, je gare ma voiture sur le bas-côté et allonge mon siège. Bras croisés sur mon torse, ma respiration se fait régulière et je tombe de fatigue.

Des nuits comme ça, ça peut m'arriver. De dormir longtemps, c'est rare mais ça m'arrive. Ces nuits, toujours englobées de cauchemars ne sont pas les plus reposantes. Pourtant cette nuit elle était là, à travers la brume. Je veux bien faire des cauchemars toutes les nuits si c'est pour voir son visage rien qu'un quart de seconde.

Le soleil est déjà levé. Je roule un peu puis mets de l'essence dans le réservoir.

***

Je n'ai pas roulé longtemps pour comprendre où me menait ma voiture. Lorsque j'ai vu le panneau de mon ancienne ville j'ai ralenti. Cette route je la connais par cœur. Je suis passée dessus cent fois, mille fois.

Je me gare derrière le panneau et allume une cigarette. Ça m'aide à décompresser cette connerie.

La nocivité envahi mes poumons, pourtant je continue à penser qu'elle était la bien avant que je commence à fumer.

J'fais quoi? J'y vais ? Ou je fuis encore...

Briquet dans la poche je fais des étincelles par série, formant la corne sur mon pouce, c'est un réflexe que j'ai développé quand ça ne va pas. Quand je réfléchi trop. Comme pour déplacer la douleur autre part, sur un endroit où je peux la contrôler, contrôler l'intensité.

Pourtant dès que je ferme les yeux je vois sa silhouette, et la douleur se déplace à nouveau vers mon torse. Je fronce les sourcils et jette d'un geste vif ma cigarette.

Il faut que j'y aille, même si ça m'effraie, je me dois d'être sincère, je suis prêt à tout encaisser pour me faire pardonner.

Je remonte rapidement dans ma voiture. Je n'ai jamais autant été sûr de ma décision. Et puis j'ai Calum avec moi.

Calum... Vieux frère. J'vais passer te voir avant.

Ma direction change brusquement, à l'image de mes pensées, de mes décisions.

Une sensation de chaleur m'envahis, j'suis sûr de mon choix.

L'ombre d'un sourire se dépose sur mon visage.

J'arrive au cimetière, j'aurais peut-être du apporter un bouquet... Ou une pizza? Un bouquet de pizza...

Je souris en marchant au travers des tombes, en repensant à notre stupidité à manger une pizza dans un cimetière, a Luke engueulant le livreur qui refusait de venir... Le bon vieux temps... Enfin « bon », tout est relatif.

Une musique atteint mes oreilles, qui mets une chanson à fond dans un cimetière ?

Mes pas se stoppent lorsque j'aperçois une tignasse blonde ne pouvant qu'être Mike. En revanche à ses côtés une fille aux cheveux rouge flamboyants se tient.

Peut-être sa copine.

J'allais avancer pour le saluer quand la fille se retourne et regarde vers le ciel pour ne pas pleurer.

Ce visage... Elle peut avoir changé de couleur de cheveux, elle est toujours aussi belle.

Je recule dans l'ombre pour ne pas qu'elle me repère. Je ne m'attendais pas à cette option. À la voir à mes dépends... Encore une fois la fuite s'offre à moi.

Non! Je ferme les yeux et prends une grande inspiration pour me lancer.

Quand je les rouvre des bras qui ne sont pas les miens enlacent la fille qui n'est plus mienne et mon cœur est comme transpercé. Est-ce son nouveau copain? Je suis trop loin pour le voir. Ça ne peut qu'être ça de toute manière, qui serait aussi proche d'elle? Luke n'a pas les cheveux aussi long et il n'est pas aussi blond.....

"When I see you again...„

Cette affirmation se transforme en question lorsque je tourne les talons.

•••••

Oups! Faux numéro [P1 Terminee P2 En Cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant