Pendant /02

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Avec qui.
Oh lui aussi, il travaillait, lui aussi il avait besoin d'aide. Lui aussi avait besoin de volontaires pour l'aider dans ses tâches.
Quel hasard que j'aille si souvent été choisie.
Quel hasard qu'il en ait pris d'autres entre deux pour ne pas paraître suspect. Quel hasard que j'aille été si conne de ne pas en avoir parlé dès ce moment là. Vraiment, quel hasard.

Je n'osais pas parler. Il ne m'a pas menacé explicitement, c'est juste moi qui suis conne. C'est juste moi qui n'a pas de cerveau et qui suis partie en vrille.

Ça va passer, je me disais. Il va arrêter. Il n'a pas vu sa copine depuis plus de deux mois, il est en manque. Il va arrêter.

Si j'avais dit quelque chose, probablement qu'il aurait été viré. Il n'aurait plus été payé, aurait fini dans la rue. Serait mort. Aurait- ce été de ma faute ? D'une certaine manière, oui.

Je l'ignorais. C'est probablement la plus stupide des choses à faire quand on vous caresse le dos, parce qu'il a sûrement eu l'impression que ça me plaisait. J'étais juste morte de peur et je voulais que ça finisse. J'en sais rien de ce qu'il y avait dans sa tête. Je connais aucune de ses pensées, je sais pas si son but était de me terroriser, de me manipuler. Peut-être que ma peur l'excitait ? Peut-être que me dominer de cette manière c'était très satisfaisant ?
J'en sais rien.
J'aurais du parler, j'aurais du lui dire mes quatre vérités en face. C'est trop tard. C'est du passé. N'empêche que c'est quand même un peu de ma faute. Ma faute à moi, la faute à ma lâcheté et à ma stupidité.

Il a demandé à ce qu'on prépare des chambres d'hôtel ensemble. J'ai été cherché les draps dans la buanderie. Il m'y attendait et ma caressé la joue en me disant que j'étais belle. J'ai serré les lèvres, me suis retournée et suis partie. J'aurais pu le gifler là aussi, c'est vrai. Je ne sais toujours pas pourquoi je ne l'ai pas fait.

C'était une petite cabane, qui disposait de deux chambres. Une cabane familiale, perdue en bordure de jungle. Les habitations étaient dispersées sur le terrain de la ferme pour les personnes qui venaient passer la nuit. J'ai fini de faire les lits, puis suis allée dans la seconde pièce. Il venait de finir de mettre la housse de la couverture lui aussi.

Je ne saurais comment vous expliquer. Il y a des moments où il était normal et ou nous parlions comme des amis. J'avais la boule au ventre, mais j'arrivais à discuter, toujours avec précaution, avec lui. Je ne recherchais pas du tout ces discussions, mais quand elles venaient je n'avais pas l'impression de devoir les arrêter. C'était l'ami de tout le monde, vous comprenez ? Et avant qu'il commence à devenir bizarre, c'était mon ami aussi. Je ne pouvais pas juste ne pas lui parler.

Il m'a proposé de tester le matelas, en riant.
J'étais un peu stressée, mais comme une conne je me suis quand même couchée, ça me semblait faire partie du délire. Si ça avait été avec un ami normal j'aurai même pas hésité, et lui finalement c'était aussi un ami normal. Enfin pas vraiment, mais vu que mes peurs ne me semblaient pas fondées, eh bien ça l'était.

Je n'aurais jamais imaginé qu'il me saute dessus. Il avait une jambe par-dessus moi, et un bras. Sa tête posée sur ma poitrine. J'étais couchée sur le dos, paralysée sans vraiment savoir pourquoi. J'avais l'impression de ne plus contrôler mon corps. J'entendais mon cœur battre à toute allure, lui probablement aussi. Je voulais qu'il parte. Je voulais partir. Je ne pouvais pas. J'arrivais pas... A réfléchir. Je ne comprends pas pourquoi.
Peut-être que c'était une sorte d'instinct primitif qui s'était mis sur "faire le mort" au lieu de "fuite".

Il m'a touché les seins, j'ai enlevé sa main de moi. Elle est revenue. Je l'ai enlevée à nouveau. Il a léché ma poitrine, j'ai commencé à trembler des mains. J'avais perdu le contrôle. Il a passé une main sous mon T-shirt, et c'est comme si ça avait été un déclic. Il m'a embrassé et je l'ai repoussé de toutes les forces.
C'est étonnant que ça aille été suffisant pour que je puisse me relever. Je suis sortie du lit, complètement paniquée. Cette fois j'avais la preuve ; il avait essayé de me violer. D'aller plus loin.
Je pouvais plus ignorer toutes ses insinuations. Je sentais ses mains sur moi le soir, j'ai été me doucher. Ça servait à rien.

Je n'ai pas dormi cette nuit, j'avais juste peur. Rien d'autre que la peur. J'ai pas mangé, et les semaines qui ont suivis j'ai perdu un peu de poids.

Le lendemain ma mère m'a dit qu'on partait au bord de la plage une semaine, qu'on avait des "vacances de vacances". Ça tombait bien.
Ou mal. Parce que quand on est revenu, eh oui encore une fois, j'avais enlevé de l'importance a tout ce qui s'était passé. Parce que "si j'avais ...". Si j'avais dit non, effectivement je ne l'ai pas dit, il n'aurait rien fait.
Et puis, pour la prochaine fois, s'il y en avait une, j'allais être prête. Mon corps n'allait pas me lâcher une autre fois.
Je serais en possession de tous les moyens, je saurais comment réagir.
C'était con, très con. Mais vous savez, le cerveau humain ...

Je n'ai pas su comment réagir.

Chegaste ao fim dos capítulos publicados.

⏰ Última atualização: Jun 29, 2017 ⏰

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