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La première goutte s'échappait de la coupure, parcourra ma joue jusqu'au menton, puis s'écrasa sur le sol, récupérant enfin sa liberté. Le sang, ce liquide vital et pourpre, signait chaque mois notre condition. Je détestais savoir que j'étais une femme. Je préférerais le laisser échapper pour des coups, pour des tentatives d'échappatoire plutôt que pour le cycle biologique de la création.

Mon tee shirt n'eut pas le temps d'être inondée par le liquide pourpre que des gardiens se précipitaient sur moi, arrachant la dit arme de mes mains et m'emmenant de force.
Ils me traînèrent fermement dans les couloirs. A cet instant, je pensais à de nombreuses destinations. L'une d'elle me plaisait davantage, celle de me retrouver en dehors de ses murs blancs et suffoquant qu'importe si cela me menait à le mort.
Mais il n'était rien de tel, j'étais seulement amenée dans le cabinet médical du centre. Je savais que mon geste pouvait me porter préjudice. Mais j'en avais marre d'être lisse et silencieuse. Je ne voulais plus refouler mes pulsions de libertés.

L'infirmerie était petite mais suffisante pour accueillir quelque jeune fille en même temps. Celui-ci était propre, voire immaculé. C'était à se demander si celui-ci avait déjà servi un jour. Un homme d'une trentaine d'années me demanda de m'asseoir sur la banquette. Il était plutôt grand et possédait un visage triangulaire. Ses deux petits yeux bruns scrutaient un dossier. Il se détacha d'un seul coup de ses occupations pour s'approcher de moi.

« Bonjour.... heu. Hésita-t-il un moment.

- Danae ?

- Je suis désolée aujourd'hui je suis un peu fatigué et étourdi. Un manque de sommeil probablement. S'excusa-t-il de son manque de professionnalisme.

Moi j'observais le cabinet et son organisation. Il n'avait pas l'air d'un homme à se coucher tard, il était plutôt sérieux, son bureau était rangé à la perfection et aucune horloge n'était décalée. Clairement, il avait dû intervenir cette nuit. Alors peut-être sue réellement une fille avait tenté de s'échapper. Il fallait que je sois sûr.

« C'est à cause de l'alarme de cette nuit ? Demandais-je innocemment.

- Entre autres...

Il s'approchait de moi pour examiner mon visage. Il attrapa mon menton avec sa main recouvert de latex. Je voyais ses longs cernes sous ses yeux. Alors la nuit avait été compliquée, suffisamment pour afficher ce matin un tel regard.

« Comment as-tu fait cette vilaine blessure ? En te maquillant ou quelque chose comme ça ? Plaisantait-il pour d'étendre l'atmosphère.

- Je me suis coupée volontairement avec un couteau.

- C'est plutôt imprudent... S'étonna-t-il.

- Ou courageux.

À ce moment, il croisa mon regard. Il en resta un instant perturbé. Il n'avait peut-être pas l'habitude d'entendre ce genre de propos.

« Après avoir soigné cette vilaine blessure, je vais en profiter pour te faire quelque analyse de routine.

Il m'appliquait une compresse humide stérile sur ma plaie. Je ne bougeais pas d'un pouce. Observant chacun de ses gestes.

« Je vais t'appliquer un sérum cicatrisant avant les strips pour ne laisser aucune cicatrice. Me rassura-t-il.

- Peu importe que cela me laisse une cicatrice. On sait bien que je suis loin d'être le plus beau minois du centre. D'ailleurs je m'en fiche complètement.

Il m'écoutait sans rien dire. Appliquant les strips sur ma coupure. Désespérément

- Je ne suis pas du même avis que toi. Répondit-il.

- C'est que vous sortez peu de votre cabinet. Plaisantais-je.

- Pourtant j'en vois passer des jeunes Génitrices qui attendent désespérément d'être appelées. Elles sont grandes, fines, sans aucun défaut. Je ne vais pas te mentir, tu ne rentres pas dans les critères que vous vous attribuez. Mais je suis quasiment sûr que tu ne resteras pas beaucoup ici. Contrairement à la croyance populaire, l'apparence n'est pas le seul critère pour le choix des géniteurs. M'expliqua-t-il calmement.

- Vous pensez me rassurer là ?

- J'espère suffisamment pour que tu ne te charcute pas une seconde fois. »

Après avoir fini ses soins, il s'approcha de moi avec un étrange petit tube.

« Une légère prise de sang pour avoir accès à ton dossier. »

Je lui tendais le bras. Il plaça l'embout plat sur mon poignet. Une légère piqure se fit ressentir, puis il emmena le tube jusqu'à son bureau. Il scruta sa tablette quelque seconde, son air sérieux laissa place à un visage étonné.

« C'est vraiment étrange, il doit y avoir une erreur. Ton dossier indique que tu n'as pas reçu de vaccin depuis plus de 10 ans. Bon, on va régler cela aujourd'hui. »

Il cliquait quelque chose sur sa tablette, puis une des armoires réfrigérées s'ouvrit sur-le-champ. Il récupérait une sorte de pistolet pointu au bout.

« Cela ne durera que quelques instants. Traitement de routine. Soulevez votre manche. » Me dit-il.

Il plaçait l'embout de la seringue sur mon épaule. Puis il appuya sur le bouton, mais aucun liquide ne s'échappa en moi. Le pistolet ne s'était pas activé. Celui-ci afficha un message.

« Qu'est-ce... Individu allergique aux adjuvants. Je n'avais jamais vu cela auparavant. »

Il s'éloigna pour récupérer quelque chose dans une autre armoire qui était remplie d'un nombre incalculable de flacons.

« Est-ce que je pourrais avoir quelque chose pour m'aider à dormir ? En ce moment je fais comme de l'insomnie... Demandais-je.

- Oui, pas de problème.

J'observais chacun de ses mouvements. L'endroit où il avait récupéré les clés de la porte, l'emplacement des médicaments.

- Je ne t'en donne qu'une pour l'instant. Si demain tu ressens encore le besoin d'en prendre une autre, n'hésites pas à repasser. Je te donne aussi ce cachet, c'est en remplacement du vaccin. Il faut que tu le prennes maintenant, je t'apporte un verre d'eau. »

Je mettais la pilule dans ma bouche puis avalait le contenu du verre.

« Surtout garde patience, je suis sûr que seras appelé très bientôt. » Termina-t-il.

Sur ses mots, je quittais la pièce. Il n'y avait personne dans le couloir, je crachais le médicament que j'avais soigneusement caché sous ma langue. Soudainement, j'apercevais Juliette qui s'avançait vers moi.

« Comment vas-tu Danae ?

- Super, rien de grave, pas besoin de t'inquiéter.

-Merci.... Merci beaucoup de m'avoir défendu, tu n'étais pas obligée... S'exclama-t-elle mal à l'aise.

- C'est normal d'aider ses amies. Si je ne l'avais pas fait, je m'en serais voulu. »

Je m'éloignais d'elle doucement.

« Attends... Je te conseille fortement de nous rejoindre tout à l'heure vers le petit salon.

- Pourquoi ?

- Il paraîtrait que de géniteurs doivent passer au centre. Quoi de mieux pour ce faire remarquer ?

- J'y réfléchirais. Merci, Juliette. »

Je partais en direction de ma chambre, tenant fermement les médicaments dans la main. Il était temps, temps que je réfléchisse à une alternative, temps que je mette en place mon plan d'évasion. 

***

Je remercie @Luxellia pour cette magnifique bannière :D !!!!!

GenitriXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant