CHAPITRE 1

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Toi aussi tu demandes ce que tu aurais pu faire pour que tout soit différent ? Tu imagines comment changer le passé en te remémorant tout les moments qui aurait peut-être tout changer. Je ne comprends toujours pas comment tout ça a pu arriver.


Je m'appelle Aurore et j'ai l'impression que ma vie est un champ de ruine. Je me demande parfois comment est-ce que je vais me sortir de ce pétrin. J'enchaine les mauvaises décisions. J'ai besoin d'aide, de soutien, d'amour pourtant tout le monde ne voit qu'une espèce d'ado difficile qui veut se faire remarquer. On s'imagine de l'adolescence le moment ingrat de la vie (ce que nos parents nous font croire surtout). Moi je pense que l'adolescence est le moment où l'on se rend compte de la vie. On prend conscience de ce que l'on est, de ce qui nous entoure, les bonnes comme les mauvaises choses de la vie. Le moment où on sort de l'aspect parfait de la vie, on se rend compte simplement de la réalité. « L'âge con », on a tous entendu cette phrase, la fameuse période où on fait enrager nos parents, où on a mauvais caractère, qu'on pousse les limites. Mais ne comprendront-ils jamais que les adolescents sont en colère ? En colère de cette vie « parfaite » qu'on nous a fait imaginer jusqu'au moment où elle nous tombe dessus, cette fameuse adolescence, où toute la réalité nous rattrape. Ce moment où on ne sent plus protéger justement. Le passage est brutal et il ne nous reste plus que les doutes et la peur. Nos parents parlent d'autonomie ou juste de nous « faire comprendre la vie » à partir d'un certain âge. Mais je ne pense pas qu'il y est un âge ou une date pour se dire qu'on est dans l'adolescence. C'est juste un lot de première fois : les premiers amours (j'attends encore qu'il arrive d'ailleurs), les premières expériences, les premières déceptions, bla bla bla. Alors oui l'adolescence est un âge ingrat mais pas pour les raisons qu'on pense. Je suis rentrée dans cette période à l'âge de 9 ans au moment de la séparation de mes parents. À partir de ce moment, j'ai compris que ma vie prenait un nouveau tournant. Aujourd'hui, un couple sur deux ne survit pas, vous imaginez tout ces enfants qui n'ont pas le droit à une vie « normale » ? Ça me rend folle. Je ne parle même plus à mon père. Et oui le divorce de mes parents s'est plutôt mal passé, entre les trahisons, tromperies, mensonges de mon père et la dépression de ma mère, c'était digne d'amour, gloire et beauté. Pourtant, c'est moi qui subit encore les conséquences 8 ans plus tard, mon frère Aden aussi mais on en parle pas. Lui c'est l'amour de sa mère et moi j'étais celui de mon père, je dis bien j'étais. Pourtant malgré tout, c'est lui qui me fait tenir, on est très proche lui et moi. Demain, j'entre dans un nouveau lycée, on vient de déménager, sûrement les mauvais souvenirs qui devenaient vraiment trop pesant. Mon frère Aden, vient de prendre un appartement avec sa copine, encore une absence de plus. Je suis donc seule avec ma mère. Ce nouveau lycée est un lycée privé, ma mère se prive de tout pour nos offrir des études digne de ce nom pourtant ce n'est pas l'argent qui nous manque mais je ne le dis pas en général, je veux être apprécié pour moi et pas pour ce que j'ai. J'ai eu tellement d'ami « piscine », oui oui le genre d'amis qui viennent seulement pour la belle piscine à débordement et les transats. Dans ce lycée, il n'y a pas que de personne aisé donc je suppose que ce ne sera plus le problème. Mais j'habite à plus de 400 km de mon ancien chez moi, loin de tout mes repères. Loin de ma famille et de mes meilleurs amis. Je n'ai eu jamais eu beaucoup d'ami seulement le nécessaire. On était une bande de deux filles et de quatre garçons. Émilie, Ian, Theo, Jules et Léo je les connais depuis des années, ils ont toujours été présents et ils étaient toujours fourrés chez moi d'ailleurs. Ça a été un vrai déchirement de les quitter, on pleurait tous. Léo surtout, j'avoue qu'il a eu un petit truc entre nous, on s'est embrassé une fois pendant une soirée mais on en a jamais parlé, il me plait mais je ne lui ai jamais dis puis c'est bien d'être ami. Je me souviens avant de monter dans la voiture, ils m'ont tous pris dans leur bras chacun leur tour pour me dire un petit mot chacun à sa manière. Ian c'est un peu l'introverti du groupe, un peu sur une autre planète mais tellement gentil, il m'a juste dit :

« Tu peux être à 400 km comme à l'autre du monde, je suis là ». Ça m'a encore plus fait pleurer.

Théo, lui c'est le contraire, c'est l'extravagant, le tombeur, le vantard, il a une fille différente tout les soirs. Beaucoup de personne ont du mal avec lui mais il faut voir à travers tout ça parce qu'il est vraiment drôle, il pourrait me faire rire dans n'importe quel circonstance surtout à ce moment là.

« T'es moche dans tu pleures ». Il m'a dit ça entre deux larmes alors on a plutôt rigolé mais ça n'a pas duré.

Jules, c'est un mélange de tout, il s'adapte à toute les situations, il est vraiment marrant, affectueux et beau en plus de ça mais je pense que sa plus grande qualités c'est son réconfort, sa présence fait du bien.

« Tu me manques déjà ». Un petit mot tout simple mais il veut dire beaucoup pour nous parce que c'est ce qu'on dit chaque fois qu'on se quitte même si on se revoie le lendemain ou même quelque heures plus tard mais maintenant... Je préfère même pas y penser.

Émilie, c'est ma meilleure amie, c'est simplement la même que moi en plus extravagante et plus courageuse. Elle est plus grande gueule. Ça fait tellement d'année qu'on est ami que c'est comme une évidence maintenant, c'est ma sœur.

« Ne m'oublie pas, je vais t'appeler tout le temps et puis je viendrais tout les week-ends si je peux ». Qu'est ce qu'elle pleurait et moi aussi, on devait avoir l'air bête mais on s'en foutait.

Et Léo, lui c'est le fiable, le meilleur ami dont tout le monde rêve, il m'envoie des messages tout les jours, il prends vraiment soin de moi, je le sens qu'il est protecteur puis il est vraiment vraiment beau d'ailleurs, je le remarque depuis ce fameux soir.

« Je t'aime ». Il s'est contenté de dire ça mais ça m'a suffit, mon corps a fait un bon d'ailleurs, ça m'a surprise. Je sais pas si je peux dire que je l'aime en amour mais il me plait mais lui je sais que c'est de l'amitié et je ne prendrai pas le risque de le perdre.

Et ça a été le moment de partir, je les regardais à travers le pare-brise, ils étaient tous collé, je pense qu'ils essayaient de ce réconforter. Je regardais Léo mais il regardait sur le côté. Je me suis promis à ce moment de revenir des que je le pourrais.

Deux heures plus tard, on roulait toujours, ma mère conduit et moi je regarde par la fenêtre, je me sens vide, mon téléphone n'arrête de pas vibrer avec des messages de mes amis et de ma famille mais je n'ose pas les lire sinon je vais me remettre à pleurer. 

J'en veux à ma mère de partir comme ça mais je sais qu'elle ne pouvait plus supporter cette maison, celle ville qui lui rappelle constamment mon père. Je pense qu'elle n'est jamais vraiment passé au dessus d'ailleurs elle n'est jamais sorti avec quelqu'un après lui. J'ai de la peine pour elle. J'aimerais qu'elle vive un peu plus. J'aurais préféré qu'on ne parte pas aussi loin. On part du sud de la France pour se perdre à Paris. Ça en fait rêver certains mais pas moi. Malgré ma belle maison et tout le reste. Je suis peut-être la fille la plus simple qui existe. Je ne suis pas une pimbêche monté sur de grand talon avec son speedy de Louis Vuitton. J'ai pas vraiment de sac de marque d'ailleurs. Je pourrais mais j'en veux pas. Je suis habillée normalement : jean, pull, baskets. Je passe inaperçue, de temps en temps je fais des efforts mais quand j'ai une occasion. J'ai peur de ce nouveau lycée, est ce que je vais trouver des gens simples ? Je pense à cette rentrée tout le long du trajet.

« Aurore, on est arrivé ». Ma mère m'a sorti de mes pensées. Je retire mes écouteurs et je sors dans la voiture et je me retrouve devant un belle bâtisse assez récente. Je suis contente de ne pas être en appartement. 

AbîméeWhere stories live. Discover now