Abîmée

CHAPITRE 2

Je n'ai encore jamais vu la maison, ma mère l'a choisi avec ma tante. On entre dans une petite cours en pavés et on passe la double porte d'entrée. La maison a déjà été meublé. C'est vraiment très beau. On passe d'abord dans le grand salon avec la vue sur une immense cuisine américaine. Mais je ne pense qu'a voir ma chambre. On monte à l'étage où il y a une trois chambres dont celle de ma mère et deux salles de bains et une autre pièce à aménager comme on voudra.

- C'est laquelle ma chambre du coup ?

- Elle n'est pas ici, me dit-elle avec un sourire en coin.

- Mais je dors où si j'ai pas de chambre ?

- J'ai pas dit que tu n'avais pas de chambre, je te dis qu'elle n'est pas ici. Tu vois bien que l'escalier continu non ?

- Ne joue pas sur les mots. Bon je monte alors, dis-je avec un large sourire.

Je monte. J'ouvre la porte et je découvre des combles aménagés. Ma chambre. Elle est immense, l'équivalent de la surface de la maison. Elle est décorée simplement, des couleurs claires avec du blanc, des touches de gris et de beige. Mon lit est super grand, avec housse de couette blanche à motifs gris, j'ai des tonnes de coussins de toute les couleurs avec des textures différentes. Des petites lumières partout, c'est vraiment apaisant. Une vraie chambre « instagrammables ». J'ai aussi un espace télé avec un grand canapé et une salle de bain à moi. Je ne sais plus où donner de la tête. Ma mère a assuré, je pense qu'elle a voulu se racheter de m'avoir fait quitter ma vie. Je vais la voir et je la serre fort dans mes bras. Ma nouvelle vie ici ne commence pas si mal. Pourtant j'ai toujours cette boule au ventre pour cette rentrée, c'est dans une semaine maintenant.

Le lendemain, avec ma mère on décide d'aller de se promener dans Paris. Après avoir fait un tour dans la ville et fait quelques boutiques, on décide de s'arrêter à la terrasse d'un café. On se commande des chocolats chauds. On discute un moment lorsqu'une bande s'installe en terrasse juste derrière nous. Je pense qu'ils ont mon âge. Mais mon regard se porte sur le garçon en face de moi. Plutôt beau, cheveux bruns en bataille, des yeux noisettes mais je m'arrête sur les traits de sa mâchoire (c'est viril non ?).

- T'as vu un fantôme ? En regardant derrière elle.

- Mais non maman !

Elle rigole.

Lorsque je relève les yeux vers lui, il me regarde aussi, merde ! Je baisse les yeux tout de suite, j'espère qu'il ne m'a pas vu.

- Viens maman on s'en va, dis-je en me levant. Elle me suit sans demander d'explication. Ouf.

En rentrant, j'essaye la tenue que j'ai acheté pour la rentrée. J'ai décidé de faire un effort. J'ai pris une robe pull à col roulé, avec des collants et des bottines ça fera l'affaire. En plus, elle ne moule pas mes formes, je ne me trouve pas grosse mais je ne suis pas à l'aise pour autant.

- À table !

Après le repas, je décide d'appeler Jules mais il ne répond pas. J'essaye d'appeler Émilie.

- Mon amouuuur, tu me manques tellement !

- Toi aussi, tu vas bien ?

- Oui ça va mais c'est plutôt à toi qu'il faut poser la question.

Je me sens mal tout à coup. J'ai mal au ventre te j'ai une boule dans la gorge. Comment est-ce que je pourrais aller bien ? J'ai tout quitté, j'ai plus de repère. Puis je pense à Léo.

- Ça va, j'essaye de m'y faire. J'aimerais juste que vous soyez là, dis-je en ayant un ton le moins alarmant possible.

- On aimerait que tu sois là aussi. On s'est donné rendez-vous à notre endroit habituel mais c'est plus pareil. Puis je ne veux pas me mêler de ça mais Léo ne faisait que parler de toi, dit-elle en gloussant.

Notre endroit habituel c'était un banc dans un gigantesque parc à côté de mon ancien chez moi. C'est d'ailleurs l'endroit où l'on s'est embrassé avec Leo.

- Oh arrête avec ça. On est ami !

- Tu fais rire quand t'es gênée !

On a continué à discuter une bonne heure et je lui ai dis à quel point je stressais pour la rentrée. Après ça, je me suis endormie en repassant au garçon du café, on sait jamais je pourrais peut-être le recroiser.