4. Ali

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Je contemple ces jambes immobiles.

Je leur intime intérieurement l'ordre de bouger. Ne serait-ce que d'un millimètre, allez ! Je refuse de demeurer dépendant des rares instants de lucidité de mon paternel. Je veux me lever ! Je veux marcher ! Je veux sortir, courir ! Sentir les rayons du soleil caresser ma peau. 

Comment me résoudre à vivre ainsi jusqu'à ce que la mort me prenne dans ses bras. Jamais je ne pourrais travailler, aucune femme ne voudra jamais de moi. Je suis condamné.

Je supplie en vain ces jambes résolument inertes. Ostensiblement, elles m'ignorent. Une sourde colère m'envahit. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front. L'air était moite, j'avais besoin d'oxygène.

J'avançais mon fauteuil roulant près de la fenêtre et ouvris celle-ci en grand. 

Il faisait bon ce soir. J'admirais le soleil disparaître majestueusement derrière les bâtiments, laissant le ciel se couvrir gracieusement de la nuit, sa couverture d'encre. 

Je me tirais vers le cadre de la fenêtre à l'aide de mes bras. Un peu plus, et je basculerais complètement. Nous logions au 17e étage de la tour C.

J'inspirai calmement, fermai les yeux, laissant les bruits qui avaient bercés ma jeunesse m'envahir. C'était une belle soirée pour partir.

Mon nom est Ali.

Ce soir, je ne serais plus qu'un souvenir...


Un attroupement s'était formé au pied du bâtiment C. Tous restaient figés face à l'horreur du spectacle. Un corps sans vie gisait, baignant dans une mare de sang. Face contre terre, tous reconnurent sa chevelure blonde maculée de vermeille. C'était lui, Ali Latifi, dit le gawri. 21h tapante, il s'était donné la mort...


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- Au nom de quel crime -Where stories live. Discover now