Pause

100. Âme

il était une jeune fille
qui se noyait dans ses mots
ils tourbillonaient dans sa tête,
l'empêchaient de penser,
la tenaient éveillée des nuits entières.
elle se saisit d'une plume
sa favorite : dentelée, douce,
qui glisse sur le papier.
elle écrivit un mot,
puis un vers, deux,
et les phrases s'enchaînèrent,
les mots prirent du sens,
dansèrent sur le papier.
sa tête se vida un peu,
la poète prit un nouveau feuillet,
et continua, écrivit jusqu'à
avoir mal au poignet
et vider des cartouches d'encre.
sa tête se vida de mots,
elle se sentit revivre,
libre comme l'air.
elle continua.
un poème par jour,
s'était-elle dit.
un vidage de tête quotidien
pour lui permettre
de retirer les eaux troubles de son esprit.
parfois ses écrits étaient joyeux
d'autres jours tristes.
elle cacha des messages
dans ses mots,
des paroles qu'elle n'oserait jamais
faire franchir la paroi
de ses lèvres.
elle a pleuré,
plusieurs fois.
mais elle se sentait toujours
plus vivante,
après.
vide des tourbillons
de mots
pleine de ses sentiments
qui flottaient dans son esprit.
elle aimait.
elle haïssait.
elle hurlait.
elle extériorisait.
elle racontait l'expérience
de la journée passée
en vers,
mettait de l'ordre dans
ses pensées,
en poèmes.
en trois mois elle
a rempli son âme
de belles phrases,
s'est amourachée
de l'écriture,
a avoué son amour
une fois, deux fois, trois fois,
s'est emplie de joie
puis de pleurs,
mais elle ne supporte plus.
son âme veut s'échapper
de son corps
aux émotions bancales
aux pulsions peureuses
à l'apparence simple
son âme
rêve de voler dans le ciel
au milieu des étoiles
rêve de danser
avec les planètes
rêve d'être libre,
enfin,
pour toujours.
sa petite perle de vie
choisit ce texte,
peut-être le dernier,
pour s'enfuir.
son âme, pour toujours,
comme sa plume qui se brisa,
s'envola.