Chapitre 2

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« Ça n'arrive qu'aux autres » n'est-ce pas ? Les accidents de voiture « ça n'arrive qu'aux autres », les comas éthyliques « ça n'arrive qu'aux autres », une attaque terroriste dans son super marché « ça n'arrive qu'aux autres ».... On est intouchable n'est-ce pas ? Enfin c'est ce que je croyais. On est jamais préparé lorsque ça « n'arrive pas qu'aux autres ». Personne ne nous a appris à gérer ce genre de situation. On encaisse, on relève la tête et on cherche un moyen de rendre tout ce merdier cohérent.

Elisa Johnson, 19 ans, avait été tué dans la nuit du 30 au 31 Août. Son corps avait été retrouvé par un promeneur dans la matinée. Enfin on a retrouvé les parties de son corps. Elle avait été démembrée puis on a abandonné les « morceaux » dans la forêt de Granity Falls, celle qui borde Preston University. Mon université, ton université. Les circonstances de sa mort n'ont pas encore été communiquées aux médias. On ne sait pas de quoi elle est morte, comment ou qui l'a tué.

« Tu es sur que ce n'est pas encore une blague des étudiants d'histoire ? Ils avaient fait le même coup l'année dernière avec le principal » Je connaissais très bien la réponse mais vous savez, apprendre qu'une camarade de classe s'est faite violemment assassiner juste à côté de son lieu de vie, c'est quelque chose qui n'est pas facile à assimiler et à accepter.

« Non Rose, cette fois c'est pas une blague. Ils n'ont pas retrouvé le tueur. La fac est mise sous quarantaine à partir d'aujourd'hui. »

« En quarantaine ? C'est-à-dire ? On a plus le droit d'approcher les lieux c'est ça ? » Ce ne serait peut-être pas une si mauvaise chose. Je dois bien avouer que si ce psychopathe rode toujours dans le coin, je préfère encore rester chez moi...ou fuir le pays...pour aller vivre en Alaska...là où les gens ne s'entretuent pas pour une place de parking. Là où les gens ne s'entretuent pas tout court.

« Oui et non. La fac reste ouverte, les cours auront bien lieux mais chaque entrée et sorti du campus sera notifiée, « par mesure de sécurité » selon le l'email du principal. » Mon ordinateur par chance (ou par habitude) était près de moi à ce moment-là. Mais quand j'ai essayé d'accéder au site de la fac, le réseau été saturé. Tu dois te rappeler de ça aussi non ?

« Merde. Ana je ne peux pas aller sur le site pour le moment, je crois que tout le monde est dessus. Il disait quoi dans le mail ? »

« Attend je te le lis.

Bonjour chers étudiants.

Je m'adresse à vous aujourd'hui le cœur lourd. En effet, l'une de nos étudiantes, Elisa Johnson nous a quitté cette nuit. Selon la police avec laquelle nous travaillons et nous travaillerons étroitement, Elisa ne serait pas morte de cause naturelle.

Je me vois alors, par mesure de sécurité, dans l'obligation de mettre l'université en quarantaine. Les cours auront bels et bien lieux dans les bâtiments et salles déjà attribués mais toute sortie ou entrée sur le campus devra être communiquée. Des agents de polices seront postés à toutes les entrées et sorties des bâtiments et du campus. Vous devrez obligatoirement pointer devant eux à chaque fois que vous vous déplacerez hors du campus. Pour les étudiants qui habitent dans les logements universitaires, la même chose aura lieux. Vous devrez pointer à l'agent de police assigné à votre bâtiment en leur montrant votre carte étudiante.

Cela ne m'enchante pas de prendre des mesures aussi radicales mais la situation le demande. Le monstre qui a fait ça à votre camarade n'a toujours pas été arrêté et je ne tiens pas à perdre un autre de mes étudiants.

Les forces de l'ordre pensent que l'assassin est maintenant loin et qu'il ne remettra pas les pieds sur le campus ou sur la forêt de Granity Falls, mais tant qu'il ou elle ne sera pas sous les barreaux, je m'engage à vous protéger de tout mal qu'il ou elle pourrait faire.

Ces mesures sont provisoires, mais je vous prierais de vous plier au nouveau règlement mis en place. Encore une fois, c'est pour votre propre sécurité.

Un moment dédié à Elisa sera organisé demain de 13h à 14h. Les cours qui se déroulent normalement sur ce créneau horaire seront alors suspendus occasionnellement. Dans ce moment de deuil, nous devons tous être présent les uns pour les autres.

J'ai également fait venir une psychologue pour les étudiants, professeurs ou autres travailleurs de l'université dans le cas où cette situation pèserait trop sur vos consciences.

Pour la famille, les amis, les camarades de classe d'Elisa, toutes mes condoléances. Cette perte m'afflige également. Je suis désolé pour l'épreuve que vous endurez aujourd'hui. Personne ne devrait avoir à vivre ce genre d'atrocité, vous êtes beaucoup trop jeunes pour cela.

Monsieur Léonard Saliamy, principale de l'université de Preston

« Whoua. Je ne sais même pas comment réagir à tout ça. C'est si...inattendu. Il ne se passe jamais rien ici. Le dernier fait divers que la ville a connu c'est quand monsieur Booker a failli renverser le chien de madame Plumelle parce qu'il était ivre. J'ai vraiment du mal à croire que c'est vraiment en train de se passer... Je ne connaissais pas vraiment Elisa mais elle ne méritait pas ça. Personne ne le mérite. » Si j'avais su à l'époque que le meurtre d'Elisa n'était rien comparé à ce qui allait venir, je te jure que je me serais giflée. Remet toi ma petite, tu n'es pas au bout de tes peines.

« Je sais simplement qu'elle avait un style de vie assez...excentrique. Comme la plupart des étudiants tu me diras mais apparemment c'était vraiment extrême parfois. » Elle est toujours au courant de la vie des autres, ça ça me fascinera toujours.

« D'où du tient ça ? Ah non laisse-moi deviner... Thomas ? » Thomas, c'est mon deuxième meilleur ami. Il est un peu perché, il vit dans son monde quoi mais ça le rend unique en son genre. C'est ce que j'adore chez lui. « D'ailleurs il est au courant de tout ça ? »

« Oui, c'est lui qui me l'a dit. Apparemment il a essayé de t'appeler aussi mais tu ne répondais pas. Je t'ai déjà dit de garder ton téléphone près de toi. Surtout maintenant qu'on a des meurtriers à Preston, tu as intérêt à être joignable à tout moment. Je suis très sérieuse Rose. » Et oui, Anastasia agit toujours comme maman mais je m'y suis habituée.

J'entendais ma mère m'appeler en bas. Et tu sais comment sont les mamans, si tu ne montres pas le bout de ton nez au premier appel, tu es un homme mort.

« Oui Ana, je te le promets. Ça vaut pour toi aussi tu sais, je ne tiens pas vraiment à annoncer à ta mère que sa fille a été tué. Ta mère me fait trop peur. Ecoute faut que je te laisse, on se reparle plus tard et tu diras désolée de ma part à Thomas. Demain soir tu dors chez moi et ne discutes pas. On est censé finir tard le lundi et il est hors de question que je te laisse marcher jusqu'au parking toute seule en pleine nuit. Tu vois, finalement ça a des avantages d'habiter à la cité universitaire. A plus ! » Je ne lui avais même pas laissé le temps de répondre, je savais déjà qu'elle allait me dire que c'était une femme forte et indépendante et qu'elle pouvait se débrouiller toute seule. Elle a souvent tendance à faire cela, à se croire indestructible, que rien ne peut lui faire mal mais c'est faux. Et je préférerais mourir plutôt que de la perdre.

Ah, en parlant de mort, si je ne me dépêchais pas un peu, c'est ma mère qui allait m'assassiner. Mais par contre, on ne retrouverait jamais mon corps à moi, elle est trop mesquine pour ça. Et c'était donc sur cette pensée que je me suis alors dirigée vers les appels incessants de ma mère.

L'assassin du PanthéonWhere stories live. Discover now