L'assassin du Panthéon

Chapitre 3

Pour comprendre la conversation qui va suivre et pour tout simplement comprendre pourquoi je suis comme je suis, il va falloir que je t'explique un peu quel genre d'individu ma mère est.

Ce sera difficile de la définir en quelques mots, c'est quelqu'un de très...complexe, mais je vais essayer. J'aime me lancer des petits challenges parfois !

Pour faire court, ma mère est quelqu'un de très extrême. Tout prend toujours d'énormes proportions avec elle. Par exemple, si par malheur j'ai oublié de répondre ou je n'ai pas vu son message, tu peux être sûr que 10 mins après je vais recevoir quelque chose du genre « Tu fais quoi ? Pourquoi tu ne me réponds pas ? » Mais le pire, c'est si je ne réponds pas à son deuxième message... Alors là c'est l'apocalypse. J'exagère à peine je t'assure. Un soir, alors que j'étais déprimée depuis quelques temps, j'avais éteint mon téléphone pour être tranquille, je ne voulais parler à personne à ce moment-là. Je l'avais pourtant prévenu qu'elle ne pourrait pas me joindre. Pourtant j'avais 15 messages, 27 appels manqués plus 15 de mon frère... Elle a débarqué chez moi à 22h30 un soir de semaine parce qu'elle avait cru que je m'étais suicidée. Bon, je t'avoue qu'à l'époque ce n'était pas la joie mais je n'irais jamais jusque-là.

Tout ça pour dire que ma mère est une maman très protectrice avec ses enfants. Très, très, TRES protectrice.

Ma mère avait son air sévère, son air qui voulait dire « si tu me contredis ou me contrarie, je t'explose », enfin quelque chose comme ça. J'ai appris à reconnaitre son langage corporel et à ce moment précis, je savais que quelque chose n'allait pas. Ce n'est pas bien compliqué à comprendre non plus tu me diras, quand on vient d'apprendre qu'une fille venait d'être tué à quelques km de là où vit sa fille, j'image que l'on doit être un petit peu sous tension !

« Rose, assieds-toi s'il te plait, il faut que je te parle » C'est pas bon ça, pas bon du tout... « Est-ce que tu es stupide ? Est-ce que tu es inconsciente ? Est-ce que tu es irresponsable ? » Elle avait l'air si...anxieuse et en colère en même temps. Je n'avais pourtant rien fait pour la mettre dans cet état-là. J'ai hoché de la tête pour lui signifier que non, je n'étais rien de tout ça. Je pensais qu'elle le savait... « Alors écoute-moi bien. Tu ne te balades pas toute seule sur le campus c'est compris ? Si tu n'as personne pour t'accompagner, tu demandes à un policier d'accord ? Tu m'envoies un message à chaque fois que tu es rentrée chez toi. Je veux savoir tous les jours où tu es et avec qui. Ils ont peut être mis en place un système de sécurité mais je veux que tu ne prennes aucun risque. Promet le moi Rose. »

Elle ne plaisantait, et je pouvais la comprendre. « Je te le promet maman. Mais tu sais, ce fou furieux doit être loin maintenant. Il n'a aucune raison de rester ici à moins qu'il ne cherche à se faire attraper. Ne t'en fais pas pour moi, je n'ai aucun ennemis et je n'ai rien à me reprocher. Il ne m'arrivera rien de mal »

Je voyais dans ses yeux qu'elle voulait me croire. Mais elle était tellement terrifiée à l'idée que quelque chose de mal arrive que ça l'empêchait de réfléchir logiquement.

« Si je le pouvais, je nous aurais emmené loin d'ici tu sais. Crois-moi sur parole. Je suis tellement désolée Rose. » Ma mère cherchait à déménager depuis des années maintenant, elle disait que cette ville était maudite. Mais par manque d'argent, elle n'a jamais pu concrétiser ce projet.

« Maman s'il te plait, ne t'en fait pas. Tout va bien se passer » Si j'avais su...

Pour couper court à la conversation je suis allée dans la cuisine pour prendre les courses que j'avais faites la veuille. Sur le comptoir était posé un énorme livre que je n'avais jamais vu. Ma mère lit beaucoup, je tiens ça d'elle également, mais jamais elle ne lirait ce genre de bouquin : « Les Mythes grecs ». Qu'elle lise Percy Jackson encore, je n'aurais pas trouvé ça louche mais là.

J'ai feuilleté un petit peu le bouquin en faisant bien attention à ce que ma mère ne me voit pas. Je ne savais pas pourquoi mais j'avais l'impression de faire quelque chose de mal. Comme si j'entrais dans son intimité ou quelque chose comme ça. Pourtant elle laisse trainer ses livres partout alors pourquoi celui-là serait différent ?

Sur quelques pages il y avait des annotations, parfois en grec, parfois en français mais je n'y comprenais strictement rien. Ma mère ne parle pas et écrit encore moins en grec ancien alors comment avait-elle fait ça ? Et où avait-elle appris à le faire

Ce n'est qu'en regardant l'écriture d'un peu plus près et l'âge que devait avoir ce livre que je compris. Il n'était pas à ma mère, mais à mon père.

Sans hésiter, je suis allée retrouver ma mère dans le salon, en espérant qu'elle s'était un peu calmée. « Euh maman je peux te poser une question ? » Ce à quoi elle hocha la tête, « Pourquoi est-ce qu'il y avait un livre à papa dans la cuisine ? » Ca me gênait un peu de lui parler de lui. C'est un sujet tabou ici, personne ne parlait de lui. Jamais.

« Oh...je l'ai retrouvé au grenier hier en rangeant de vieilles affaires qui trainaient dans la maison. Je me suis dit que ton frère ou toi aimerait l'avoir. » Et bien, venant d'elle s'est...surprenant. Je suis très touchée du geste évidemment, je n'ai absolument rien qui soit relié de près ou de loin à mon père (enfin, à part mon frère Ethan, évidemment). Depuis qu'il nous a quittés, elle n'a pratiquement jamais parlé de lui... Pourquoi ? Ah si seulement je le savais, ma vie serait moins compliquée et je ne serais peut-être pas là à te demander de l'aide. Je ne serais surement pas en train de courir dans cette foutu forêt pour fuir un psychopathe qui en veut à ma vie.

Et puis, pourquoi un livre sur la mythologie grec n'est-ce pas ? Mon père était historien mais il n'était pas spécialisé dans ce domaine précis. Je me rappelle seulement qu'il a toujours été fasciné par ce culte. Chose qu'il m'a d'ailleurs transmise d'une certaine façon. C'est bien l'un des rares points communs que je partage avec lui, en tout cas à ma connaissance.

J'ai pris le livre avec moi et je suis montée préparer mes affaires. Je savais que j'aurais du rester ici. J'avais un étrange pressentiment. Mais j'ai décidé de la chasser et de ne plus y penser. J'ai ensuite enfourné le livre dans mon sac puis je suis partie.

Grosse erreur ma fille