Acte I - Chapitre 3: Coup de foudre à St Barth's

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Surprit, Watson se retourna. Mais oui, si on enlevait une dizaine de kilos et qu'on rajoutait quelques cheveux sur ce crane luisant, c'était...

-Stamford !

Un immense sourire naquit sur les lèvres de Watson, se communiquant aussitôt à son interlocuteur. Bon sang, comme cela faisait du bien de se trouver face à un visage connu ! Même s'il n'avait jamais été très proche de Stamford, il lui apparaissait soudain comme le meilleur des amis. Il avait fini par croire qu'il avait quitté un pays étranger pour un autre, qu'il ne rentrerait jamais chez lui... Et voilà que surgissait une silhouette du passé !

Dans l'exubérance de sa joie, il l'invita aussitôt à déjeuner, malgré ses finances un peu raides.

-À quoi avez-vous passé votre temps, Watson ? Demanda Stamford sans dissimuler son étonnement en plantant sa fourchette dans sa viande. Vous êtes aussi mince qu'une latte et aussi brun qu'une noix !

Waston lui fit un bref résumé de ses tribulations à l'étranger.

-Pauvre diable ! s'exclama Stamford. Mais qu'allez-vous faire, à présent que vous n'avez plus d'argent, plus de connaissances, et que vous êtes encore trop faible pour exercer ?

Merci, Stamford, pour cette démonstration de tact, songea Watson en cachant son soupir dans son verre de vin. Stamford nota ses joues rouges, et songea, in petto, que vu les précédents d'alcoolisme de son père et de son frère, John Watson n'allait pas tarder à plonger complètement dans la bouteille.

-Chercher un appartement, pour commencer, répondit Watson sans s'offusquer de la brusquerie de son interlocuteur, ni de son regard appuyé sur son verre de vin. Mais où se loger confortablement à bon marché ?

Cette déclaration déclencha toute une série de rouages dans l'esprit mesquin de Stamford. Et s'il présentait Watson à Holmes, et que le détective acceptait de le prendre comme colocataire ? Il en aurait bien vite assez de cet invalide alcoolique qui ramènerait probablement des femmes à pas d'heure ! Après ça, il accepterait certainement n'importe qui !

-Voilà qui est étrange, répondit-il d'un ton tellement suspect qui Watson tiqua. Vous êtes le second à me poser cette question aujourd'hui.

(Ce qui était complètement faux, bien sûr).

-Vraiment ? Qui était le premier ?

-Un type qui travaille à l'hôpital, au laboratoire de chimie, lâcha Stamford comme s'il se fut agit de n'importe qui. Ce matin, il se plaignait justement de ne pouvoir trouver avec qui partager le bel appartement qu'il a déniché, et qui est trop cher pour lui seul.

-Par Jupiter ! s'exclama Watson, qui n'en croyait pas sa chance. S'il cherche un colocataire, je suis son homme ! La solitude me pèse, à la fin !

Jusqu'ici, il n'avait pas songé à prendre un colocataire, mais, une fois proposé, l'idée lui paru excellente. La solitude était un fardeau pour quelqu'un comme lui.

C'est à cet instant que Stamford commença à douter de son plan génial et tenta – sans grand succès – de faire marche arrière.

-Si vous connaissiez Sherlock Holmes, vous n'aimeriez peut-être pas l'avoir pour compagnon, déclara-t-il hâtivement, sans se douter du double sens que possédait sa remarque.

-Pourquoi ? s'étonna Watson. Vous avez quelque chose contre lui ?

-Oh ! Non ! C'est juste qu'il a des idées spéciales... Il s'intéresse à certaines sciences... Autant que je puisse en juger, c'est un bon type, mais je ne le connais pas tant que ça.

Les Amants de Baker Street [publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant