Vies fragiles

Chapitre 8

D ne tarda à convoquer Angolo. C'était le vendredi après-midi de la même semaine quand Angolo vit une lettre déposée sur sa table avec un casquette rouge lorsqu'il rentra chez lui. Il ignorait comment ils ont pu entrer dans sa maison sans forcer sa porte verrouillée et sans que Elikia ne remarqua quoi que ce soit. Il avait compris que c'était un signe de menace qui lui insinuait les conséquences qui pourraient lui arriver s'il n'obéissait pas aux ordres de D. Angolo n'avait pas besoin de ces menaces. Depuis qu'il avait fait prendre ces nouveaux médicaments à Elikia, celle-ci commençait à aller mieux dès le deuxième jour. Elle arrêtait de tousser et sa fière disparaissait. Que ce soit par sentiment de reconnaissance ou par souci de ces médicaments que D seul pouvait continuer à lui fournir, Angolo n'avait aucune raison de lui désobéir.

La lettre disait à Angolo de se rendre le lendemain matin devant le restaurant Blatshi de la ville en mettant cette casquette rouge et d'y attendre.

Le lendemain, Angolo se leva avant l'aube et partit de chez lui sans réveiller sa mère, après avoir poser sa dose matinale de médicament à côté d'elle avec une tasse d'eau. Il mit la casquette rouge et marcha en direction de la ville.

La ville était silencieuse dans ces heures hâtives. Les rues désertes étaient recouvertes d'un faible brouillard matinal qui donnait un aspect fantomatique à la ville. Les magasins situés aux bords des rues étaient encore fermés et seuls quelques passants marchaient lentement, transportant des sceaux d'eau et d'autres objets sur leur tête.

Lorsque Angolo arriva devant le restaurant, le bâtiment était barré et il ne semblait pas avoir une âme qui vive dans les alentours où le calme redoublait la nervosité du jeune homme. Angolo s'assit sur les escaliers et décida d'attendre. Chaque minute qui passait semblait être une éternité pour lui.

Ce n'est qu'au bout d'une vingtaine de minutes qu'un homme dans la cinquantaine portant également une casquette rouge arriva sur une moto sur laquelle était attachée une grosse boîte de carton. Il semblait être très agité et marcha tout droit vers Angolo après l'avoir examiné pendant une dizaine de secondes.

- Monsieur Angolo? demanda l'homme d'une voix incertaine.

- C'est bien moi, répondit Angolo.

- On m'a dit de te livrer ceci avec cette lettre, dit l'homme en évitant les regards du jeune homme.

L'homme descendit de sa moto la grosse boîte de carton. Il hésita un long moment avant de remettre cette boîte à Angolo. Le coffret en carton était beaucoup plus lourd qu'il en avait l'air et Angolo se demandait ce qui était contenu à l'intérieur.

L'homme ressortit de sa poche une enveloppe scellée qu'il présenta à Angolo.

- Que dois je faire? demanda Angolo.

- Ne me pose pas de question, répondit l'homme. Je ne sais rien. Mes instructions étaient de te remettre ces deux objets. Maintenant je dois partir. Le seul conseil que je peux te donner est de ne pas ouvrir cette boîte de carton si tu ne veux pas avoir des ennuis.

L'homme monta sur sa moto et, après avoir lancé un dernier regard hésitant vers Angolo, il partit en murmurant des paroles incompréhensibles.

Angolo le regarda partir. Il examina le coffret et pensa aux pires choses qui pouvaient être contenus à l'intérieur. Il décida d'arrêter de penser davantage et de faire des suppositions qui troublaient sa pensée. Il ouvrit l'enveloppe et lut la lettre contenue dedans qui lui était destinée.

À Angolo

Cargaison à délivrer. Ne pas ouvrir.

Avant 10h A.M.

À la fin de la lettre était inscrite une adresse.