Chapitre 2:

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Je me rendis en cours ce matin-là avec un goût amer dans la bouche. Je n'avais pas pu m'empêcher de venir vérifier le lit de Michel ce matin. Je voulais tellement que ça ne ce soit pas réellement passé, que je n'ai pas été enterré le corps de mon grand-frère dans la nuit, et surtout, qu'Elle ne soit pas rentrée. Mais en découvrant le lit vide et froid, j'avais dû me faire une raison. Ça n'était pas un simple cauchemard. Michel était mort. Je m'étais effondré en larmes, pleurant encore et encore, désespéré, désemparé et destabilisé.

Qu'allais-je faire? Qu'allais-je devenir? Michel était mort. Pouvais-je vraiment continuer sans lui? Oui. Je n'avais pas le choix. J'avais trop peur pour me rebiffer, et j'étais trop lâche pour me tuer. Je me contentais donc de pleurer. Et puis, j'avais dû me préparer et partir pour le lycée. Elle serait en colère sinon. Et je ne voulais pas rester plus que nécessaire en Sa compagnie.

Je traînais des pieds en arrivant devant mon lycée. J'allais devoir répondre aux questions. Mischel avait des amis, beaucoup d'amis, et ils viendraient me voir pour savoir pouquoi il n'était pas là. L'escuse de la maladie ne tiendrait pas longtemps, peut-être une semaine ou deux, mais guère plus. Je ne savais vraiment pas quoi faire.

La journée fut un véritable cauchemard. Mon frère était mort, mais je ne pouvais pas le pleurer. Le problème, c'est que chaque fois que quelqu'un venait me demander des nouvelles de Michel, je n'avais qu'une envie, lui hurler la vérité à la figure. Mes propres amis avaient passé la journée à me demander si j'allais bien, et comme je ne savais pas mentir convenablement, mes tout va bien ne devaient pas être très convainquant, surtout avec les larmes aux yeux. Je n'avais rien manger à midi, incapable d'avaler une seule bouchée, les professeurs, agacés de me voir déconcentré, m'avaient réprimander, le proviseur m'avait convoqué pour savoir où était Michel, et, cerise sur le gâteau, je préfèrais encore tout ça à ce qu'il m'attendait chez moi. Parce que je ne me fais pas d'illusion, Elle ne me laisserait pas en paix.

C'est pourquoi, assis dans ma salle de français, je fixai l'horloge au mur. Bientôt, le cours se terminerait, bientôt, je ne pourrais plus rester ici bien sagement. Bientôt, je devrais rentrer chez moi. Et je voyais les aiguilles avancer avec résignation et angoisse.

Qu'allais-je devoir faire? Que m'attendait-il là-bas? Je ne savais pas, je n'avais pas la réponse à ces questions, mais une chose était sûre, ce ne serait rien de bon pour moi. Mon envie de pleurer augmentait de seconde en seconde. Qu'allais-je bien pouvoir faire?

La sonnerie retentie. Je pris tout mon temps pour ranger mes affaires, puis me levais, mis mon manteau, le fermant avec grand soin, attrapais mon sac, le mis sur mon épaule soigneusement avant de marcher à pas lents vers la sortie de la salle.

-Dépêchez-vous jeune homme, je n'ai pas toute la soirée, grogna ma professeure.

-Oui madame, répondis-je doucement.

Dès que je fut hors de la salle, la femme s'empressa de verrouiller la porte avant de partir à grand pas, n'attendant pas de voir ce que je faisais. Je ne pouvais pas pour autant trop traîner, sinon, j'allais avoir encore plus de problèmes. Je me décidais donc à rentrer enfin, la tête basse. Je me sentais comme un condamner à mort allant seul dans le couloir de la mort. Je soupirais, mais arrivais devant chez moi bien trop rapidement à mon goût. Je n'habitais qu'à quelques minutes à peine de l'établissement scolaire.

J'ouvris la porte et la refermais sitôt entré. Je retirais mon sac, retirais mon manteau, l'accrochait à la patère dans l'entrée, repris mon sac et me dirigeais vers les escaliers en essayant de faire le moins de bruit possible. Malheureusement, Elle semblait doté d'une ouïe incroyablement fine car Elle vint avant même que j'ai pu traverser la moitié de la distance séparant l'entrée et les escaliers.

Pour toi mon frèreWo Geschichten leben. Entdecke jetzt