Chapitre 4 - Kathleen

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— Tu danse avec moi ou on continue de s'ignorer ?

Ses yeux noirs, cette lueur époustouflante légèrement voilée d'une malice, me font perdre pied.

Les arrivées dans la boite se font de plus en plus oppressantes avec le nombre conséquent de danseurs sur la piste. Le regard de Max se fait interrogateur car je n'ai toujours pas répondu à sa question. Je n'arrive pas à décrocher, il m'hypnotise. C'est effrayant.

Je prend mon courage à deux mains et me penche dans sa direction afin de lui répondre quand je me fais bousculer pour la deuxième fois de la journée.

Merde.

Il y a vraiment trop de monde sur la piste de danse, mais son contact n'y est pas pour me déplaire. Je me retrouve soudain très proche de lui. Mes mains posées sur son torse pour retenir ma chute, et ma bouche proche de son cou. Comme par réflex, je lève les yeux dans sa direction et l'insolence que j'y vois m'envoie une adrénaline que je n'avais plus ressentie depuis longtemps.

— Kath on y va ? Il y a trop de monde ici.

Sauvée par le gong. Merci Lisa.

Complètement dans le gaz, j'entends mon réveil sonner. Sa résonance me fait mal à la tête. Quelle soirée !

Combien de verres aie-je bu hier soir au Blossom ?

Le souvenir est flou. En effet, après avoir remarquer que Max était barman pour la soirée, j'en ai profité pour me diriger au comptoir un maximum de fois. Capter son attention était facile, des jeux de regards n'ont pas cessé de la soirée. Nous n'avons pas arrêté de nous chercher, nous toiser. Ce garçon est perturbant et provocateur. De mauvaise humeur durant tout le service du matin et taquin toute la soirée. On ne peut pas savoir sur quel pied danser avec lui.

Je me relève doucement et soupire lourdement quand je comprends que mon état est plus vaseux que ce que je pensais.

Ça tape vraiment, quelle idiote !

Je prends cinq minute et me dirige vers la cuisine pour prendre une aspirine. Je dois aller travailler. Note à moi même : ne plus laisser Lisa m'entrainer dans ce genre de plan.

Je m'avance à pas léger vers ma cuisine où j'actionne la machine à café. Le temps que le liquide sauveur coule, je m'accoude contre le comptoir. Un regard circulaire autour de la pièce me ramène à tant de souvenirs. J'adore mon appartement. Il est cosy, parfait pour s'y cacher une journée entière après une soirée forte en émotion.

Je peux rêver.

Situé dans le quartier de Brooklyn, au quatrième étage, mon appartement est petit mais accoutumé par de grandes baies vitrées, la lumière y est très présente. La pièce principale est composée de la cuisine ouverte sur le salon.

N'entendant plus la cafetière couler, je me retourne et me saisis de ma tasse. Mon cheminement en direction du canapé est accompagné par mes mouvements lents et peu assurés. Je m'affale et me replonge dans les souvenirs. Un mur en brique rouge habille l'espace avec un parquet poncé au sol et des plaids partout. Si Lisa était là, elle lèverait les yeux au ciel au vu de la présence importante de plaids. Mais, certains hivers peuvent être rudes à New-york et mon système de chaufferie à besoin d'être changé. Les plaids sont alors la solution parfaite en plus d'être très doux et confortable pour mes chagrins quotidiens.

Il est bientôt huit heure lorsque je commence à émerger. Je m'approche des baies vitrées pour admirer Brooklyn se réveiller doucement. Il s'agit d'une habitude que j'ai depuis acquise depuis notre emménagement ici. Situé plein sud, mon appartement me permet d'admirer les premiers rayons de soleil et la population qui commence à s'agiter dans les rues de New York, ville si mouvementée. Il s'agit d'un moment de paix avant d'affrontée la foule permanente. Je n'aime pas les foules.

Les flashbacks de la soirée s'imposent à moi, quand, perdue dans mes pensées je commence à ressentir les premiers rayons du soleil réchauffer ma peau.

Ce n'est pas possible.

Dans un mouvement précipité, je pars à la recherche de mon téléphone et remarque mes habits de la veille un peu éparpillés partout depuis la porte d'entrée. Je fouille dans les poches de ma veste afin de trouver mon téléphone et écrire un message à Lisa.

Mon téléphone retrouvé, je remarque qu'il possède encore un peu de batterie. Dix pourcents, ça devrait le faire. De nombreux messages s'affichent sur l'écran.

« Alors pas trop difficile ton réveil Kat ? car j'ai eu du mal a te mettre au lit en rentrant. Ps : fais pas attention aux vêtements partout par terre, tu étais capricieuse »

Je rigole à la lecture de ce message. Je saisis comment je suis rentrée hier soir. Lisa m'a ramenée et montée jusqu'a mon appartement après que le taxi nous ai déposées.

Je fais défiler les messages sur l'écran et le dernier en date est plutôt intriguant.

« N'oublies pas tu as trois rendez-vous de prévus avec Max. Je pensais que te le rappeler était une bonne idée vu la quantité d'alcool que tu as descendu hier. Bon courage pour ta journée ! »

— Attends, quoi ?

Ça y est, je me souviens ! Après son service Max est venu me rejoindre sur la piste et m'a mise au défit de continuer à l'ignorer ou bien de danser avec lui. Notre jeu de regard s'est amplifié à ce moment. Lorsque Lisa est venue me chercher pour quitter la boite, Max est venu à mon contact et m'a chuchoter « Trois rendez-vous, je ne te laisse pas le choix ». A ce rappel, mon corps frissonne de nouveau. Son chuchotement était venu se poser sur ma peau comme une caresse chaude et tentante.

Aie-je accepté ?

" Ne me dis pas que j'ai accepté cette proposition ? » réponds-je à Lisa, ne pouvant rester en place sur le canapé.

Sa réponse en tarde pas. A sa lecture, j'ai manqué de faire tomber ma tasse de café.

« Il faut croire que si ! On s'appel ce soir, et prend une aspirine "

Aie-je vraiment accepté trois rendez-vous avec ce garçon ? L'alcool aura raison de moi un jour. En essayant de réfléchir à la situation, je ramasse mes affaires éparpillées sur le sol. Lisa sait que je déteste dormir habiller avec mes vêtements de soirée. Ils empestent l'alcool et la fumée, l'ambiance boite de nuit dont l'odeur ne ravit pas. Petit tic que j'ai depuis nos soirées délurées où on finissais complètement bourrées dans mon lit. Jason, avec qui je vivais, finissait toujours par dormir dans le canapé pour cause de l'odeur de l'alcool vieux marché. Ce souvenir me dessine un sourire en coin. Tous les souvenirs partagés avec Jason ne sont plus aussi douloureux aujourd'hui, mais une partie de mon coeur en restera déchirée. Le choc sera toujours violent, brutal et sans nom. Personne n'est prêt à voir surgir la mort devant vos yeux à vingt ans.

En laissant cette soirée planer dans mes pensées, je pars sous la douche. Je me prépare et pars en direction du boulot, par le métro cette fois-ci. Le coeur battant la chamade, je regarde les stations de métro défilées et mes pensées sont pour Max. A l'idée de le revoir aujourd'hui, je sens une légère crampe dans mon estomac. Une sensation qui m'est étrangère depuis bien des années. 

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