Chapitre 6 - Kathleen

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En direction du Little Café, je sors de la station de métro Herald Sq, située sur la trente quatrième avenue. L'ambiance est printanière dans les rues de New-York. L'air se fait doux et les rayons du soleil réchauffent le visage des passants. Certains commencent à s'attarder sur les bancs, et la foule se fait de plus en plus dense. D'une humeur joviale, je m'arrête prendre un café au BamBou. L'endroit est très beau, grand et lumineux. Le comptoir tout en liège est l'attrait principal du lieu. Dès mon entrée, je remarque les murs jonchés de plantes vertes et au fond de la pièce se trouve une bibliothèque à disposition. Une atmosphère plaisante et cosy.

Après avoir récupéré ma commande, je me délecte de ce liquide tout en continuant mon chemin à travers les immenses bâtiments qui habillent le paysage de la grande pomme. J'ai toujours vécu à New-York. Mes parents n'ont jamais eu l'âme de grands voyageurs et avaient peu de moyens. A la mort de Jason, j'ai tenté de fuir et ne plus avoir à revivre tous ces déjà vu, mais cette ville est mon repère. Je soupire fortement lorsque ma vision se pose sur les couples, main dans la main. Je n'arriverai jamais à me remettre de sa mort. Ai-je réellement fait mon deuil ?

Au bout de vingt minutes de marche, je m'approche du Little Café. Il est presque neuf heures lorsque je passe les battants de la porte. Au contact de mes pas, j'entends le parquet grincer. La luminosité me frappe. Le soleil s'infiltre au travers des grandes fenêtres dont le lieu dispose.. Sur ma gauche, les tables basses se poudrent d'une légère poussière et les fauteuils dévoilent un ton de vert qui m'était inconnu. Le lieu est calme, presque paisible. Il n'y a pas grand monde à cette heure-ci ; seulement un petit nombre de personnes vient prendre leur boisson à emporter.

— Merde !

Je me fige au moment où j'entends quelqu'un tempêter. Je reconnais son timbre de voix. Poignant, cassé. Il s'agit de Max. Un objet vient de tomber à même le sol dans un bruit fracassant.

Impossible de me mouvoir, je me liquéfie sur place. Lorsque son cri cesse, je pars à la recherche de ses yeux. Après s'être penché pour récupérer les restes de l'objet, nos regards entrent en collision au moment où il se relève. Je l'observe en silence. La tête droite, il semble agité et nerveux. Son attitude paraît à des années lumières de celle affichée hier soir.

— Kathleen, on se bouge !

Je sursaute en l'entendant prononcer mon prénom. Lorsque je détache mes yeux des siens, je réalise être au centre de la pièce. Je n'ai pas changé de position depuis mon arrivée.

— Réveilles-toi !

Une nouvelle remarque vole dans ma direction. Agacée, je lève les yeux dans sa direction. Son regard ne perd pas de temps à accrocher le mien qui se fait assassin.

Quel connard !

Je me mord la langue afin de ne pas rétorquer et l'envoyer se faire voir. A ma droite, ma collègue Evie se redresse et se tourne dans notre direction. Je bouillonne intérieurement. J'actionne le pas en direction de mon nouveau point de chute.

Je m'approche de la pièce située derrière le comptoir de la cuisine. Dissimulée par une porte, celle-ci y est composée d'un bureau qui m'a été attribué. Je m'attarde légèrement lorsque je me retrouve au niveau de Max. Pour la énième fois, je ne peux m'empêcher de lui lancer un regard noir. En réponse, le sien se fait provocateur, dur et appuyé. Je l'ai piqué.

Tu me cherches, tu me trouves.

Ma main sur la poignée, je m'apprête à entrer. Je refuse de me retourner tandis que j'entends ses pas se rapprocher. Je pénètre à l'intérieur, la pièce est encore dans l'obscurité. Je n'ai pas le temps de déposer ma veste sur la chaise que j'entends la porte se calquer dans mon dos. Je tressaille. Sa main entre rapidement en contact avec ma peau en se posant sur mon épaule. Max se rapproche davantage de moi, je peux le sentir à son souffle qui y dépose un voile chaud. Je connais cet homme depuis trois jours, et nous ne cessons de passer du chaud au froid. Pour qui il se prend ? Je m'en veux de ne pas réussir à contrôler mes réactions quand ma respiration se fait saccadée. L'air commence à me manquer au moment où il fait un nouveau pas dans ma direction. A quoi joue-t-il ? Tous mes sens sont en émoi, mais mon corps reste immobile. Combien de temps ça va durer? Qu'attend-t-il? Sa main remonte légèrement au niveau de ma nuque et effectue une légère pression. Je frémis à sa chaleur.

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