Chapitre 1

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Note : Oui, je sais que j'ai un peu disparu et que vous attendez sans doute mon retour en mode Drarry mais, heum, disons que je suis un peu tombée à corps perdu dans les dramas chinois, c'est ma nouvelle obsession, notamment Love between fairy and devil qui n'a je crois même pas de sous-titres en français donc je ne m'attends pas à une grosse audience pour ce texte m'enfin bon. 
Bref, pas de panique, j'ai toujours des projets de fics HP, notamment Drarry, dans un coin de ma tête, ça viendra un jour ou l'autre même si je galère un peu à trouver du temps. 



Cinq cent ans d'attente à tes côtés

— Tu es celui qu'elle aime, avait dit l'Arbitre du Destin à Dongfang Qingcang.

Puis elle s'était tournée imperceptiblement vers Changheng.

— Et tu es celui qu'elle épouse.

C'était comme une plaisanterie cruelle après tout le ressentiment et la jalousie qu'ils avaient partagés. Désormais, Dongfang Qingcang ne savait plus lequel d'eux était le plus à plaindre. La sentence semblait particulièrement dure de la part d'une femme qui avait défié les lois du Ciel et abandonné ses devoirs pour vivre hors de l'espace et du temps avec son amant.

Aucun d'eux n'était au courant de ce qu'elle avait dit à Xiao Lan Hua :

— L'amour est la seule chose qui échappe au destin.

Lors de sa troisième rencontre avec Xuanwu, la Déesse de Xishan avait tout vu se déployer sous ses yeux. Le choix impossible, tout ce qu'elle devait perdre, la douleur qu'elle devait causer à ceux qu'elle aimait le plus. Et elle avait accepté. Elle avait embrassé son destin.

Pourtant, une petite part secrète d'elle s'était rebellée. Pourquoi ne pourrais-je les aimer tous les deux ? Pourquoi ne pourrais-je les épouser tous les deux ?

Changheng aurait pu repartir en tribulations, oublier tout de son amour et son deuil, vivre cent vies différentes. Mais il ne pouvait oublier. Sinon, qui se tiendrait auprès de Xiao Lan Hua pour pleurer et prier avec elle le jour anniversaire du sacrifice de Dongfang Quingcang ?

Les dix premières années, aucun d'eux n'avait parlé, la douleur encore trop fraîche, les mots trop rustres pour dépeindre la profondeur de ce qu'ils avaient perdu. Changheng la rejoignait dans la serre, il allumait un bâtonnet d'encens et s'agenouillait à ses côtés. Les joues baignées de larmes silencieuses, elle était plus belle et plus intouchable que jamais. Quand la lune se levait dans le ciel, c'était le signal du départ pour lui.

À la onzième année après la mort du Seigneur de la Lune, Changheng s'était retourné sur la première marche avant de partir.

— J'aurais échangé ma place avec la sienne avec joie, tu sais. Je mourrais mille fois pour qu'il puisse être ici avec toi.

Elle resta silencieuse et inclina la tête. Elle le savait.

— Je le considère vraiment mon frère juré, dit-il une autre fois.

Elle n'en doutait pas.

Il ne lui disait jamais de paroles d'espoir comme Shangque :

— Mon Seigneur est l'être le plus puissant des trois royaumes. Si quiconque peut revenir de cela, c'est bien lui.

Il ne lui disait jamais de paroles raisonnables comme Jieli :

— Reviens dans le monde, il y a encore tant de beautés dont s'émerveiller et profiter, de trésors d'or et de jade, de matins de printemps à Lucheng et de rires d'enfants. Vas-tu attendre ici seule jusqu'à la fin des temps ?

Il ne lui disait jamais de paroles d'excuses inutiles comme Xunfeng :

— Si j'avais su à quel point était court le temps qui vous était imparti, je ne vous aurais pas rendu les choses si difficiles.

Au bout de deux ou trois siècles, Xiao Lan Hua se rendit compte que des lucioles s'étaient établies dans la serre. Elle n'eut pas le cœur de les chasser.

Au soir du quatre cent quatre-vingt-dix-neuvième anniversaire, Xiao Lan Hua prononça un seul mot quand la nuit tomba et que Changheng sortit de sa position prostrée :

— Reste.

Il secoua la tête tristement.

— Je ne peux pas.

S'il restait, il ne serait pas capable de la quitter. S'il restait, elle ferait comme si mais il savait qu'au fond de son cœur elle ne pourrait s'empêcher de comparer et que cela ne serait jamais en sa faveur. S'il restait, il se détesterait. Et cette fois, le sort des trois royaumes n'en dépendait pas.

Je suis si seule, disaient ses yeux.

Et il se détestait pour cela aussi.

Le jour du cinq centième anniversaire, il se promit que ce serait la dernière fois. Il n'était plus certain de l'aider. Peut-être qu'il ne faisait que rallonger sa douleur en lui rappelant leurs jours à Lucheng et tout ce qu'ils avaient perdu.

Il s'arrêta brusquement au seuil de la serre.

Là, sous les guirlandes de rose et de jasmin, le Seigneur de la Lune et la Déesse de Xishan s'embrassaient. Non, Dongfang Qingcang et Xiao Lan Hua s'embrassaient. Ils pleuraient tous les deux et leur étreinte était davantage terrestre que divine.

Changheng sentit la brûlure du sel à ses yeux aussi. Il recula en silence, mais ils l'entendirent quand même.

Ce fut Dongfang Qingcang qui parla :

— Reste.  



Cinq cents ans d'attente à tes côtésWhere stories live. Discover now