Chapitre 3

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— Qu... quoi ? balbutia Changheng à nouveau.

Ça commençait à devenir une habitude.

Dongfang Qingcang avança droit sur lui, presque menaçant.

— En cinq cents ans, tu n'as jamais eu l'idée d'annuler ce rituel de mariage, hein ?

Changheng comprit ce qui venait de se passer, le cœur glacé. En effet, au cours des cinq cents ans où Dongfang Qingcang avait quitté les trois royaumes, il n'avait jamais accompli les étapes qui leur auraient permis de défaire le rituel matrimonial entre la Déesse de Xishan et lui. Il aurait fallu qu'ils parlent de ce qui s'était passé pour ça, qu'ils revisitent leurs souvenirs de ce jour, et c'était simplement trop douloureux. Et puis, quel intérêt ? Ce n'était pas comme si ni l'un ni l'autre avait l'intention de se marier à nouveau.

— La cérémonie était presque achevée quand Tai Sui l'a interrompue. Il ne manquait plus qu'un baiser.

On pouvait toujours compter sur Dongfang Qingcang pour mettre les pieds dans le plat et énoncer les vérités désagréables. Ils n'avaient jamais désarmé le rituel et voilà que Xiao Lan Hua l'avait embrassé...

Tu es celui qu'elle épouse. Il est celui qu'elle aime.

Changheng serra les poings. Il essaya d'ignorer Dongfang Qingcang et se tourna vers Xiao Lan Hua.

— Pourquoi est-ce que tu...

Le Seigneur Suprême de la Lune ne le laissa pas parler.

— Ça t'est venu à l'esprit que si tu ne ressortais pas de tes tribulations, elle se retrouverait à être à moitié ta veuve pour le reste de l'éternité ?

La cérémonie devait être soit complétée, soit annulée, sinon le statut marital de Xiao Lan Hua planait dans un entre-deux flou qui l'empêchait de se marier à nouveau. Le temps et les efforts que Dongfang Qingcang avait consacrés à s'assurer que Changheng accomplisse bien le destin qui lui était appointé pendant ses dernières tribulations étaient soudain bien plus compréhensibles. Mais pourquoi Xiao Lan Hua l'avait-elle embrassé ? Changheng ne se berçait pas d'illusions au point de croire que son cœur aurait changé. Elle était tout aussi amoureuse du Seigneur de la Lune que quand Changheng l'avait suppliée de rentrer à Shuiyuntian avec lui. Et Dongfang Qingcang ne semblait pas choqué par son geste. C'était lui qui lui avait demandé de le faire, comprit Changheng dont le cœur se flétrit dans sa poitrine comme une fleur de pêcher touchée par le givre.

— Enfoiré, siffla-t-il. Tu as vraiment si mauvaise opinion de moi que tu penses que j'aurais refusé d'annuler la cérémonie si tu me l'avais demandé ?

— Je n'aurais pas dû avoir besoin de demander ! rétorqua le Seigneur de la Lune.

Du Feu de Verre brûlait au fond de ses yeux.

— Da Mutou ! intervint Xiao Lan Hua. Tu m'as promis.

Dongfang Qingcang hocha brièvement la tête. Et puis il enroula un bras autour de la taille de Changheng et les transporta ailleurs tous les deux.

Ils atterrirent, ironiquement, dans la forêt où Xiao Lan Hua lui avait donné son mouchoir, il y avait un millénaire de cela. Changheng chancela sous l'effet du pouvoir du Seigneur de la Lune qui parcourait toujours son corps. Il n'avait pas besoin d'utiliser autant de force intérieure pour un simple sort de télétransportation. Mais peut-être que le Seigneur de la Lune était simplement incapable d'utiliser une plus petite dose de pouvoir.

Ses membres le picotaient, c'était comme une présence physique qui s'attardait sur son corps même si Dongfang Qingcang l'avait lâché dès que leurs pieds avaient touché l'herbe. Il prit une grande inspiration pour essayer de faire disparaître la sensation trop intime.

Cinq cents ans d'attente à tes côtésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant