RUPTUЯE

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Étrange sentiment que la culpabilité... Ces regrets qui surgissent et grandissent dans le cœur qui se serre. Et cette gorge nouée, ce poignard dans le ventre, cette haine de soi et l'appétit perdu...

C'est la nuit chaque jour et le cri du silence. C'est la mâchoire du passé, les premiers tremblements, les tourments qui vous gagnent et les remords qui vous rongent. C'est le crâne rasé, les poignets entaillés, le reflet découpé dans le miroir brisé. C'est une fleur fanée qu'on arrose quand-même. C'est le doigt des victimes, le poison de la honte et le venin de la peine.

C'est le drap qui s'imprègne des larmes du soir. C'est l'esprit qui se pend aux lèvres des justes. C'est se rendre soi-même au procès de sa chute. C'est devenir son propre cauchemar, ravaler son vomi, et croquer dans le fruit des choses défendues. C'est trouver dans son cœur la laideur du désir et se crever les yeux.

C'est s'accuser soi-même, c'est l'amour qui s'en va et le cœur qui s'en veut. C'est le prix du mensonge, la corde du souvenir, et l'intime rancœur qu'on garde dans la voix. C'est la colère triste et le mépris de soi. C'est laver son honneur dans des flaques d'alcool.

C'est le poids des regrets que traîne la conscience. C'est l'écho des insultes crachées dans le vide. C'est se décevoir et se trouver indigne. C'est dégrader le mur des belles apparences. C'est le soupir du soir. C'est se repentir sans croire au pardon, et s'humilier tout seul, et les sanglots qui montent. C'est la pudeur du diable et le baiser du vice, la couleur de l'absence.

C'est tomber dans le trou qu'on a creusé soi-même. C'est l'amour qui fermente, le parfum du suicide, les yeux baissés sur soi, lever le poing au ciel... C'est l'oubli interdit et le sang sur ses mains.

Et c'est rompre avec l'autre, et divorcer de soi.

Ħeиrik

ProsaïkWhere stories live. Discover now