Chapitre 8

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Je marche d'un pas vif sur les quais bondés de la gare, bousculant les passants. Je tente d'ignorer les regards étonnés que l'on me lance, sans grand succès. Comment leur en vouloir ? Après tout, une jeune fille poussant un chariot à bagages sur lequel s'entassent une malle, une valise et une cage... non, ça ne passe pas inaperçu. Surtout si le rapace dans la cage en question ne cesse de pousser des hululements outrés. Je soupire. Pour la première fois, personne ne m'accompagne. Personne. mon père est au ministère de la magie, ma mère au chevet d'une quelconque créature fantastique. A croire qu'ils sont plus intéressés par leur métier que leur propre fille.

C'est donc seule que je m'avance dans la gare, en direction d'une certaine direction : le quai 9 3/4. Le regard fixé droit devant, luttant de tout mon être pour ne pas fuir. Je déteste la foule. Je l'ai toujours détester. J'ai toujours haïs me retrouver entourée par une masse de gens, une foule de gens. Des hommes, femmes, enfants entassés dans un même endroit. D'un naturel plus solitaire, je suis plus à l'aise dans la nature qu'avec les humains. En fait je suis plus à l'aise avec ceux qui ne parlent pas. Les bestioles ne parlent pas, c'est mieux. Je pousse un soupir de soulagement en voyant enfin, ENFIN, le mur masquant le quai. un mur magique servant de portail, un mur qui ressemble à tout les autres, coincés entre le quai 9 et 10.

Je regarde autour de moi. Une fois que je suis sûre que personne ne me regarde, je fonce dans le mur. Le sifflement de la locomotive rouge m'accueille lorsqu'enfin je me retrouve sur le quai 9 3/4. Comme ça m'avait manqué. Là il n'y aucun moldu ou presque.

Je pousse le chariot, en direction du train. Une voix résonne. On m'appelle. Je tente de localiser son origine, balayant la foule du regard. Je la vois : Camélia Cork, qui me fait de grands signes. Un grand sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je m'approche d'elle. Camélia est ma meilleure amie et ce depuis ma première année à Poudlard. On s'est rencontré le soir de notre entrée de l'école et depuis... depuis on ne se quitte plus.

-Twile, tu m'as trop manqué !!! Comment ça va ?

Elle me prend dans ses bras avec une énergie inépuisable.

-Bien, bien et toi ?

-Très bien, j'ai un TAS de truc à te raconter! Il faut ABSOLUMENT que tu saches que...

-Camélia !

La voix provient d'une petite fille brune que je reconnais immédiatement.

-Salut Mary. dis-je en souriant à la petite soeur de Camélia.

Je remarque alors qu'elle n'est pas habillée normalement. Au contraire elle porte un uniforme noir de l'école, ce qui n'ont pas encore la couleur de leur maison.

-Mais c'est cette année que tu rentre à Poudlard ?! je m'exclame réellement surprise par le temps qui passe.

Elle hoche la tête et se tourne vers sa soeur.

-Camélia, maman te cherche, elle veut te voir.

L'intéressée hausse les épaules avant de suivre sa soeur.

-On se retrouve dans le train! elle me lance avant de disparaitre, happée par la foule.

Me voilà à nouveau seule dans la foule, entourée d'inconnus. Argh. Je grimace, maintenant je me sens aussi terrifiante et dangereuse qu'une tortue à l'envers. 

Bon.

Je sens un pincement au coeur lorsque je parcoure du regard la foule : les familles se disent au revoir, des embrassades, des adieux déchirants. Je suis seule. Seule au milieu de tous. Je fais la moue. Bon, il faut que je dépose mes affaires. Du coin de l'oeil je remarque enfin le tas de bagages posté à la fin du train. Deux silhouettes se dessinent là bas, je reconnais Adèle Masgoth, une quatrième année à Serdaigle. Elle est sympa, je la connais peu mais elle est sympa. L'autre, l'autre je ne la vois pas. La foule l'englobe bien vite, m'obstruant la vue. Je n'ai retenu qu'une chose chez elle. Son regard. Il ressemble à celui de quelqu'un que je connais. Mais qui ? Papa ?

La vapeur de la locomotive donne à la scène des allures féériques. Je me sens hors du temps, spectatrice de la vie. Mon regard survole les familles sans s'arrêter. je ne sais même pas ce que je cherche je...

Je me fige. Quelque chose s'est allumé dans mon corps. Quelque chose qui me glace le sang, me comprime les poumons, la gorge. Ce quelque chose c'est un homme : plutôt grand, la peau mate, les cheveux noirs ondulés, les yeux gris. Son corps svelte est coincé dans un long manteau noir, taillé sur mesure. il semble luire dans la gare enfumée. Il paraît plutôt jeune, la vingtaine, un peu plus. Une cane jaillit de sa main gantée, longue fine et noire. Il bat la mesure d'une musique qu'il est le seul à entendre. Nos regards se croisent. Il sourit. Je me sens prise au piège par ses pupilles grises. Frisson. Qui est-il ? Je l'ai déjà vu, j'en suis certaine. Mais où ? Quand ? Comment ? Et surtout pourquoi il m'inspire une telle peur ?

L'homme disparait dans la fumée.

L'étau se desserre. Je respire à nouveau. Troublée, je me dépêche de déposer mes bagages, robe de sorcier à la main et de monter dans le train. L'image de l'homme ne me quitte pas. Quelque chose me dit que je vais le revoir, et ce vraiment bientôt.

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⏰ Last updated: Jan 05 ⏰

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