CHAPITRE 1

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Clochette.
Knightsbridge, Londres || PP.

— Darling ce n'est qu'un enfant, n'essayons pas de l'effrayer plus qu'il ne l'est déjà.

La voix tremblante de mon père résonne dans mes tympans comme la vieille musique de tante Angela qui continue de vibrer dans le salon. Je suppose qu'ils me pensent endormi, ou ils souhaitent que j'entende cette conversation inquiétante à propos de l'hôpital psychiatrique et de l'internement.

— Ne minimise pas son cas Georges, ce qui lui arrive est grave ! Peter va certainement mourir d'un suicide si nous ne l'aidons pas à s'en sortir.

Les cils mouillés dû à ma précédente crise de nerfs, je déglutis avant de déposer mon regard sur la fenêtre entrouverte de ma chambre, rien ne m'empêche d'essayer de sauter à nouveau, mais je sais que mes parents m'en empêcheront dès que mes pieds frôleront le parquet.

— Il rêve d'aventure et de pirate Moira, comme tous les enfants de ce monde. Ne me dis pas que tu n'as jamais souhaité être une princesse dans un conte de fée idyllique.

Son soupir prouve à quel point elle semble désespérée à cet instant, en réalité, elle n'a jamais été aussi perdue qu'à ma naissance. Je crois qu'Angelina a appelé ça un miracle, mais ma mère ne m'a jamais vu comme telle, je n'ai jamais été de l'un de ceux que les mères appellent leur petit miracle.

— S'il te plaît pour son bien Georges, nous ne pouvons pas constamment le surveiller.

Le silence de mon père met fin à mes espoirs de les dissuader de m'emmener là-bas, car elle a donné le bon argument au bon moment, ils ne pourront pas veiller sur moi tous les soirs.

— Je n'aime pas l'idée de le laisser dans un tel endroit, peut-être que mettre une sorte de verrou à ses fenêtres l'aidera à mieux canaliser cette envie.

À travers la serrure de ma table de chevet, j'aperçois une lueur lumineuse qui semble faire des va-et-vient constants dans l'attente de sortir, évidemment, Clochette n'allait pas se montrer à la vue de mes parents pour prouver que je ne suis pas dingue.

— Que fais-tu de cette fée qu'il prétend voir, de ce maudit pirate qui hante ses rêves et qu'il déclare vouloir aider, sans parler de cette envie de voler. Bon Dieu Georges notre fils va mal, quelque chose ne va pas chez lui !

Ses pleurs étouffés réussissent à convaincre une bonne fois pour tout mon père qui s'avance pour fermer les volets en observant les étoiles.

— Peter va nous en vouloir, énormément. chuchote-t-il.

— Il n'a que seize ans, il s'en remettra en comprenant que nous faisons ça pour son bien.

Mes pommettes humides se tassent contre l'oreiller lorsque j'aperçois les deux silhouettes passé près de mon lit en effleurant mes cheveux blonds.

Pardonne-moi Peter.

L'odeur rassurante s'efface pour laisser place au vide de ma chambre, au froid qui s'engouffre malgré la fenêtre fermée, et à la solitude lorsque j'entends la porte se fermer doucement.

— Peter..

Des petits coups sont portés sur ma table de chevet alors que je me détourne pour mordiller avec nervosité mes lèvres, s'ils m'envoient là-bas, je n'ai plus aucune chance de rejoindre le Pays Imaginaire.

— Peter ouvre ce tiroir !

— Je ne peux pas Clochette, ils pensent déjà que je suis dingue, je ne peux pas leur donner une raison de plus de m'envoyer dans cet hôpital.

Avec délicatesse, une main fine se pose sur ma clavicule pour grimper par-dessus mon épaule, le visage inquiet de la fée face à moi confirme mes dires. Peut-être que ma mère a raison, que Clochette est ma seule amie imaginaire depuis mes cinq ans, pourtant j'ai l'impression de grandir en sachant qu'elle est réelle.

— Tu n'iras pas là-bas, il te suffit de récupérer un peu d'espoir pour aider Bon Zigue, Crochet la emmener il y a peu de temps pour t'obliger à revenir. Il sait que tu ne laisserais jamais un seul des garçons perdus se mettre en danger pour toi.

Dépoussiérant sa robe verte par-dessus un fin gilet blanc, elle se couche à mes côtés en veillant à ne pas écraser mon pouce qui vient se loger sous sa tête. Au début, j'ai été surpris d'apercevoir une fée de moins de dix centimètres dans ma chambre en plein mois de novembre, puis je me suis dit que pour un enfant de cinq ans c'était absolument normal. Hors mes parents n'ont pas eu l'air de le voir d'un bon œil. 

— Crochet souhaite ma peau, la première fois que je suis venu j'étais armé d'assez de courage et d'aide, si je reviens je ne suis pas sûr de gagner cette fois. avoué-je.

Oh Peter, tant de choses ont changé depuis tes onze ans, des choses que tu ne soupçonnais même pas pouvoir exister. Un nouveau trésor intéresse Crochet et son équipage, la jeunesse éternelle.

En fronçant les sourcils, je me relève lorsque clochette hoche la tête pour confirmer mes mots silencieux, mes pensées incongrues.

— C'est impossible, il ne peut pas vouloir risquer sa vie au point d'obtenir un trésor aussi précieux. Lily la tigresse a sûrement dû laisser échapper cette fausse rumeur pour lui échapper.

Son chignon blond légèrement dérangé à cause de sa bataille avec le tiroir bougent dans tous les sens au moment où elle secoue la tête. Tout en s'assurant qu'aucun de mes parents n'écoute derrière la porte, elle se penche pour atteindre mon oreille.

— Ce n'est pas une rumeur Peter, cette fois-ci Lily a raison.

— Je suis le seul capable de ne jamais grandir au Pays Imaginaire.

Mes pieds nus frôlent le parquet en bois de ma chambre tandis que la fée à mes côtés empoigne mon chandail entre ses mains innocentes.

— Si Crochet s'empare de ce trésor, nul doute qu'il s'en servira dans de mauvaises conditions. La jeunesse éternelle risque d'être une guerre sans fin pour vous deux, tu ne pourras jamais te débarrasser de lui.

Comprenant la gravité de la situation, mes lèvres s'entrouvrent de surprise et mes yeux s'arrêtent sur le cadre photo de mes parents accroché au mur. Ils ont prévu de m'envoyer loin d'eux depuis un bon moment, je ne vois pas ce que ma disparition changerait.

— Nous devons absolument sauver Bon Zigue et arrêter cette quête, Clochette.

Tu as grandi Peter, c'est étrange.

— Le monde ici ne fonctionne pas comme au Pays Imaginaire, il est cruel, manipulateur, étouffant. Sans amour.

Un sourire se dessine sur ses lèvres recourber pendant qu'elle s'approche de la fenêtre pour l'ouvrir entièrement.

— Les humains sont effrayants, ils se manipulent entre eux pour obtenir ce qu'ils souhaitent, tu n'es pas comme ça.

Ce n'est pas sa magie qui lui fait avoir raison constamment, Clochette est une sorte de fée à vérité, elle est bien plus honnête que n'importe lequel des Hommes. J'empoigne le canif caché entre les plaques de mon parquet avant de me relever pour suivre la fée jusqu'au rebord de la fenêtre.

— Allons retrouver Bon Zigue et le sortir de ce navire.

Ses ailes battent légèrement pour qu'elle puisse atteindre mon visage afin d'y déposer de la poussière de fée.

— Ça devrait suffire, du moins jusqu'à ce que tu retrouves un peu de magie pour voler de ton propre gré.

Je me sens coupable depuis des semaines de l'état lamentable de mes parents, les appels au centre qu'ils n'arrêtent pas de passer pour obtenir des informations sur les tarifs n'arrangent pas mes espoirs d'un jour mettre le Pays Imaginaire de côté pour me concentrer sur eux. Je suppose qu'ils ont choisi à ma place de me laisser partir lorsque j'avais cinq ans, lorsque Clochette est apparue.

Je n'irais pas dans ce centre, et je ne resterais pas non plus dans cette pièce à attendre le prochain problème survenu du Pays Imaginaire, je suis le seul à pouvoir éliminer définitivement le capitaine Crochet, rien ne m'empêchera de le tuer.

Estella.

Peter Pan et la deuxième étoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant