La vraie identité du monstre

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- Myra lève-toi ! crie-t-il en tirant le rideau.

J'avais fini par m'endormir d'épuisement. La nuit a été courte, si bien que je ne suis pas ravie du réveil.

- Debout ! Il est sept heures. dit-il en soulevant les draps. Ils sont mouillés ! Qu'est-ce qui s'est passé ici ?

Embarrassée, je réponds :

- J'ai fait pipi...

- Quoi ? Mais tu ne pouvais pas aller aux toilettes ? gronde-t-il, gesticulant encore.

- Je savais pas...

- Mais pourquoi on m'a foutu une petite-fille pareille !

- Je suis pas petite....

- La ferme ! Lève-toi !, s'enrage le monstre.

Je me mis à pleurer entre mes genoux en les remontant à ma poitrine, terrorisée par les cris. Je n'aime pas les cris, je n'aime pas l'orage qui hurle.

L'homme tira les draps et les jeta au sol.

- Je vais les changer. Je reviens.

Quand il réapparut dans la pièce, il me gronda en me voyant toujours recroquevillée.

- Mais lève-toi ! Allez oust ! Je n'ai pas de temps à perdre avec tes conneries, moi. Dépêche !

Je reste immobile. Je pleure. Je gémis d'angoisse. Mon cœur bat très fort. Il va finir par sortir.

- Bon bah quand tu te seras décidée à bouger, préviens-moi. En attendant reste dans ta pisse, qu'est-ce que tu veux que je te dise.
Son ton est plus calme d'un coup. Je ne comprends pas pourquoi. Il soupir.

Je n'ai toujours pas bougée. Alors le monstre revient.

- Toujours là ? Tu vas pas rester toute la journée comme ça, si ? Il faut que tu ailles au collège. Tu vas être en retard.

Je lève la tête, étonnée :

- C'est quoi ?

- Le collège ?

- Vi.

- Bah c'est l'école.

- Maman fait l'école à la maison depuis que Papa est mort. Avant c'était lui qui la faisait. Elle est où Maman ?

- Au même endroit que Papa.

Je crie de stupeur et hurle :

- Tu mens ! Maman va revenir ! Menteur !

- Écoute, ta mère est morte en voiture. Tu as crié et elle s'est retournée pour te dire de te taire alors elle n'a pas vu l'autre voiture lui arriver dessus.

- Non !

- Puisque je te le dis ! Allez, lève-toi maintenant, que je change ces draps. Et va enfiler cette culotte.

Je marmonne :

- J'te cois pas...

Je descends mon short et m'assois sur le parquet. Je regarde la culotte d'un air interrogateur.

- Tu peux m'aider ?

- Débrouille-toi. Je suis occupé à nettoyer tes conneries.

- D'habitude c'est Maman qui m'aide : je n'y arrive pas tout seule.

- On dit "toute seule".

- Ça non plus je n'y arrive pas.

- Voilà, fini.

Il part en direction de la porte.

- Attends ! Aide-moi ! Je sais pas comment fais ça.

- Bah apprends. Je vais appeler l'école pour dire que tu n'y iras pas pour aujourd'hui.

Je finis par descendre les escaliers.

Il est assis sur le canapé et regarde la télé. Une voix de femme parle «Robert regarde Joffrey s'éloigner vers le lac..." Bizarre tout ça. Il est aveugle et pourtant il regarde la télé. Maman m'avait expliqué que les aveugles étaient les gens qui ne voyaient pas.

Je me poste devant lui :

- Aide-moi si te plaît.

- Tu as le cul à l'air là ?

- Vi. Ris pas !

- T'es vraiment détraquée à ce point...

- C'est quoi «détaquée» ?

- Rien. Essaye encore.

- Mais j'arrive pas !, m'enervé-je en tapant du pied.

Lui est toujours très calme. C'est bizarre. Il soupira de temps à autre, mais il ne cri plus. Ce n'est plus un orage.

- Tu finiras par y arriver. Il n'y aura pas toujours quelqu'un pour t'aider. Il faut que tu apprennes à être autonome.

Je me remis à taper du pied :

- Non ! Non ! Non !

Je fais toujours ça quand je suis en colère.

- Tu es messant !

- Ça ne va rien changer que tu t'énerves.

Je me dirige en colère vers la porte, ma culotte à la main. J'ouvre et cours dehors.

Je pars te chercher, Maman.

Le monde de MyraOnde as histórias ganham vida. Descobre agora