Chapitre 5 : Renouveau

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Les semaines avec Cédric se déroulaient sans encombres. Nous allions tout les deux de notre côté pour les cours car nos Universités ne se trouvaient pas au même endroit. Le moment de la journée que je détestais le plus, c'était le trajet en métro. Deux fois par jour, je devais me coller à des personnes que je ne connaissaient pas, et qui changeaient à chaque arrêt. Des hommes me regardaient avec insistance, et je retrouvais dans leurs yeux la même lueur que celle que j'avais vue dans les yeux du capitaine de police. Cela me donnait une sensation de dégoût, et de bon matin ce n'était pas très agréable... Je retrouvais donc Cédric le soir. J'étais souvent la première à rentrer à l'appartement car mon trajet de retour était plus court que le sien. Je m'occupais alors en préparant le dîner et, parfois, en faisant le ménage. Un soir, Cédric est rentré avec une attitude étrange. Il semblait gêné en me parlant et baissait les yeux quand nos regards se croisaient. Je ne comprenais pas pourquoi il agissait comme ça, jusqu'à ce qu'il le fasse. Après avoir mangé, j'ai voulu me lever pour aller devant la télévision, mais il m'a retenue en me prenant par le bras. « Chara... j'ai quelque chose à te dire... je me prépare depuis quelques jours à te faire cette annonce et... je ne sais pas comment te le dire. Je... je t'aime. » J'ai senti mes joues rougir à ses mots. Cédric, amoureux de moi, mais qu'est-ce que cela voulait dire ? Il a alors approché son visage du mien et a posé ses lèvres sur les miennes. À son contact, j'ai reculé avec effroi. Je n'étais pas prête. Je ne contrôlais plus ma pensée : Pourquoi m'a-t-il embrassée ? Voulait-il profiter de moi, comme les autres ? Qu'est-ce qu'il attendait de moi ? En voyant ma crise panique, Cédric s'est excusé une centaine de fois et m'a dit qu'il comprenais. Mais de quoi il parlait ? Je n'en sais aujourd'hui toujours rien. Quand j'ai enfin pu reprendre une respiration normale, il m'a laissée seule.

Les vacances de Noël sont très vite arrivées. Pendant tout ce temps à Paris, Cédric s'était un peu éloigné de moi. Il se montrait plus prévenant, attentionné. Cela me faisait bizarre venant de lui, mais au fil des semaines, je m'y suis habituée. Nous n'avions pas reparlé de ce qu'il s'était passé... Je ne savais pas trop comment m'y prendre. Pour les deux semaines de fêtes, nous sommes tous les deux rentrés à Cauterets. Ma mère est venue nous chercher à la gare. Depuis la rentrée, elle ne m'avait appelé que quatre fois, et c'était des conversations de quinze minutes, tout au plus ! Et quand elle m'a vue descendre du train : « Chara ! Ma fille adorée ! Tu m'as tellement manquée ! Je n'en pouvais plus de ne plus te voir ! » Je savais qu'elle ne pensait pas un mot de ce qu'elle disait. Mais l'important, c'est qu'elle a donné l'image de la mère aimante sur le quai. L'hypocrisie est vraiment un jeu auquel j'étais bien habituée. Nat aussi était revenu de Bordeaux. Nous étions très heureux de nous revoir. Prise dans les bras, « ça faisait trop longtemps qu'on s'était pas vus », etc. Il avait un peu grandi, mais il n'avait pas changé. Toujours aussi beau, aussi doué... Il était resté le garçon parfait qu'était mon meilleur ami. Je sentais la sensation de frissons quand il me regardait et me parlait. Les étincelles que je distinguais dans ses yeux quand il les posaient sur moi laissaient deviner qu'il me portait beaucoup d'attention, mais cette lueur m'était étrangère. Je ne savais pas ce que c'était, mais cela me faisait étrangement du bien. Je me sentais mal et faisais de nouveau des cauchemars la nuit depuis que Cédric m'avait embrassée, mais sa présence m'a permis de guérir. Je ne pense plus à tout ça quand je suis avec lui, cela me rassure, m'apaise.

Le réveillon de Noël était merveilleux ! Annie avait installé, dans le salon, une grande table et un grand buffet. Chacun se servait en fonction de ce dont il avait envie. Il y avait beaucoup d'invités : les onze amies de Maman, les voisins, et surtout toute la famille de Nat et Cédric. Je connaissais déjà leurs parents, mais ce soir là j'ai rencontré pour la première fois leur frère aîné, Thomas. Il était grand, brun, les cheveux courts, et il était très froid. Tout le contraire de ces frères ! Il ne parlait pas et avait un humour morbide ! Le type de caractère qui me faisait presque peur. Heureusement que les jumeaux étaient là pour me faire rire tout au long de la soirée ! L'ouverture des cadeaux : Maman, comme à son habitude, m'a offert un livre de philosophie ennuyant, Nat avait réalisé un portrait de moi qui était très ressemblant et Annie m'a acheté la nouvelle robe à la mode. J'avais pas trop eu le temps de préparer des cadeaux pour tout le monde alors j'ai acheté des mugs avec une phrase personnalisée pour chacun. Ils ont apprécié, c'était l'essentiel. Après tout, c'est l'intention qui compte, non ? Le lendemain, tout le monde était resté chez soi et dans sa chambre pour évacuer la gueule de bois. Je vous laisse imaginer la fin de soirée hier soir, étant la seule avec Nat à ne pas avoir bu... Il m'a d'ailleurs invitée chez lui car il voulait me montrer quelque chose. Il m'a emmenée dans la forêt qui se trouvait non-loin de sa maison et, au bord du ruisseau, des cerfs et des biches avaient élu domicile dans la petite clairière sur l'autre rive. C'était un spectacle magnifique ! C'était rare en hiver de voir des animaux, surtout quand il neigeait ! Nat s'est tourné vers moi : « Tu veux aller au grand chêne ? », il m'a pris par la main et s'est mis à courir. Je n'avais même pas répondu, mais ce n'était pas grave. On riait tout en courant l'un derrière l'autre en esquivant les branches et les racines. Une fois arrivés, nous nous sommes appuyés sur l'arbre. Il était gigantesque ! D'après le père de Nat, il était là depuis des siècles... Soudain, il s'est approché de moi. Nous nous sommes regardés, yeux dans les yeux, pendant un moment. Ses yeux bleus brillaient, ils étaient envoûtants. Nat a rapproché son visage du mien et a murmuré : « Je t'aime... » Il m'a embrassé d'un baiser chaud et doux. Nos langues se sont touchées et se sont enroulées l'une avec l'autre. Entre ses lèvres, je lui ai répondu par un « moi aussi je t'aime » et nous sommes restés là plusieurs minutes à s'embrasser de bonheur et de plaisir. C'était beau. Je n'ai pas eu la même peur que lorsque Cédric m'a embrassée. Au contraire, dans les bras de Nat, je me sentais en sécurité. Je savais qu'il n'avait pas de mauvaises intentions, qu'il ne me ferait aucun mal, et qu'il me parlerait avant de faire quoi que ce soit. J'avais confiance en lui.

Le soirWhere stories live. Discover now