Le soir

Chapitre 7 : Avec lui

Avez-vous pensé déjà à la non-existence ?

Ma vie n'a plus aucun sens... j'en suis convaincue depuis mon réveil à l'hôpital, depuis qu'on m'a annoncé ce qu'il s'est passé. Les médecins ont trouvé la présence de drogue dans mon sang. Après réflexion, j'ai enfin trouvé où j'avais pris une telle substance : les gâteaux. J'ai tout de suite demandé des nouvelles de Nat et Cédric. On m'a dit que Cédric était dans un état grave. « Et Nat ? » Personne ne m'a répondu. J'ai regardé ma mère. J'ai tout de suite lu dans ses yeux ce qu'on ne voulait pas me dire. Malgré la douleur, je me suis levée, j'ai crié son nom. Ce n'était pas possible ! Ils ne pouvaient pas être... Nat ne pouvait pas être...

Maintenant vous savez. Je ne sais pas qui lira ce carnet qu'il m'avait donné il y a trois ans maintenant, ni ce que vous penserez de moi. Je n'ai qu'une seule requête : n'ayez pas pitié. Je suis morte maintenant. Dans ma tête, il n'y a que les souvenirs passés. Je n'existe plus. Je suis heureuse de pouvoir m'en aller, de pouvoir le rejoindre. Mon amour... mon âme sœur... Car j'aurai dû mourir à sa place dans cet accident. Je suis assise sur la racine de notre premier baiser. Je sens sa présence. Il est là. Son esprit me chuchote qu'il m'attend. J'ai pris le couteau le plus tranchant que j'ai pu trouver dans la cuisine. En regardant mon bras droit, je sais où il faut couper.

Ce soir, je vais le rejoindre. À partir de ce soir, je ne souffrirai plus. Adieu capitaine, adieu Paolo, adieu les garçons de la maison de correction, adieu Annie, adieu Maman, adieu Stéphanie, adieu Cédric. Merci pour tout les moments de bonheur, mais surtout de malheur.

Je ne veux plus ressentir ce manque. Je veux voir son visage, maintenant ! Je veux juste être heureuse avec lui. Même si ce n'est pas sur Terre. J'entends mon prénom. C'est la voix de Cédric. Il m'appelle. D'un côté il y a la vie, vide et dénuée de sens, et de l'autre la mort, heureuse et libératrice.

Je perds la tête.

J'oublie tout.

Je suis morte depuis qu'on m'a annoncé qu'il est parti.

Ce soir, mourir est ma délivrance.

C'est le soir de ma mort.