Les rêves d'Azur

Le troupeau du Diable

J'étais à la ferme. J'étais sur le côté d'un enclos, attendant avec impatience que le troupeau de vaches débarque dans la petite allée accompagnés par leur maître. Mes cheveux étaient longs et roux. Le grondement des sabots foulant le sol se rapprochait. Lorsque les gros animaux arrivèrent au galop dans la petite allée, je me retrouvai subitement dans cette allée. J'étais encerclée et les vaches ne me voyaient pas. Les bêtes étaient focalisées vers le nouveau pâturage rempli d'herbe fraîche qui les attendait. Je me faisais renverser une, puis deux, puis tellement de fois que je comprenais que j'allais y laisser ma peau. Je me battais pourtant, persuadée que je pouvais m'en sortir. Je me relevais, puis retombais instantanément percutée par une autre vache. Soudain, une force que je ne me connaissais pas se révéla, me faisant me mettre à quatre pattes afin de tracer des inscriptions dans la boue à l'aide d'un bâton. Je ne savais moi-même pas ce que je faisais, c'était comme si mon inconscient avait pris le contrôle total de mon corps et bientôt de mon esprit. Puis une dernière bête me renversa pour me donner le coup de grâce.

J'ouvrais les yeux difficilement et je regardais autour de moi. La terre avait été foulée et les vaches avaient traversé depuis longtemps la petite allée. Elles étaient calmes et broutaient l'herbe verte dans le nouveau champ. Je ne comprenais pas jusqu'à ce que je percute quelque chose de dur: mon corps. J'étais horrifiée mais l'autre partie de moi qui avait pris le contrôle semblait trouver cela normal. C'était comme si j'avais deux personnalités depuis cet incident. Ce qui me servait de corps était tout écrabouillé, on pouvait encore voir mes cheveux roux faisant corps avec la boue.

Le fermier accouru et cria à la vue du cadavre sauvagement piétiné. Il me regardait ensuite en me suppliant de ne pas poser mes yeux dessus. Je ne comprenais plus rien mais mon alter ego si. Nous avions fait un pacte avec satan: afin de ne pas mourir réellement, nous avions marqué ces signes dans la boue avant de rendre l'âme pour demander à satan de nous ressusciter en échange de notre âme. Nous avions donc survécu mais dans un tout autre corps. Mes amis me reconnaissaient pourtant, comme si le corps qui était là n'avait jamais appartenu à personne. Je rentrais alors dans la salle à manger avec l'agriculteur. Il me proposa un thé et me fis part de la date de l'enterrement de la pauvre inconnue. Nous allions l'enterrer non loin de la ferme dans la grange. Au même moment, une main géante se rua vers moi afin de m'attraper. Elle prevenait d'une grande porte en forme de croix. Je compris que c'était le diable qui demandait son du. Il m'agrippa la jambe et m'attirait vers lui et les enfers. Je hurlais et l'homme n'était plus là. J'étais seule. Je clignais des yeux. Il s'agissait d'une vision. Le fermier était toujours là. Si le prix de ma nouvelle vie était de vivre un calvaire et à redouter satan, je n'en voulais pas. Du sang coulait de mon nez et je compris que pour invoquer le mal il fallait du sang.

Je me rendais donc à l'enterrement de mon ancienne enveloppe corporelle. Je redoutais à chaque instant que le mal me force à voir et subir des choses que je ne voulais pas. Et puis qui était ce double moi que je n'avais connu avant et qui avait osé réveiller les ténèbres? Je me surprenais à penser que s'il s'agissait d'un rêve ou d'un film d'horreur, j'allumerai sans tarder la lumière de ma chambre car je n'en ai jamais connu d'aussi terrible. Arrivée devant la tombe avec mes quelques amis, je leur racontais donc ce qu'il s'était passé et il n'en crurent pas leurs oreilles. Ils me conseillèrent d'invoquer satan pour lui demander s'il n'y avait pas une autre alternative. Il fallait lui demander comment sortir de son emprise tout en restant en vie. Alors je m'ouvrait les veines afin que sang puisse couler et le liquide tomba sur ma chaussure. Le diable savait ce que je voulais et il formait avec mon sang que je lui avait offert ce dont j'avais besoin. La forme était un œil d'une planche de Ouija. Je comprenais alors que c'était la solution a mon problème bien que cet objet satanique ne me rassurait pas tant que ça.