Chapitre 50

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Le souffle chaud de ma respiration se répand dans le vent froid de Cléone alors que nous parcourons la piste d'atterrissage du vaisseau pour rejoindre les portes de la capitale : Nessa.

J'essaye de réchauffer mes mains devenues rouges par le froid. En plus d'être maladroite, toujours en retard, étourdie, il a fallu que ma circulation sanguine soit mauvaise. Mes ongles sont bleus, mes doigts gelés et mon nez insensible. Jamais je n'aurais cru qu'il faisait aussi froid sur une planète. J'ai l'impression que des stalactites se sont formées au bout de mes cils et que des aiguilles se plantent dans mes pieds à mesure que nous avançons. Chaque respiration devient difficile et le froid me brûle les narines. Yoko m'a pourtant vêtu d'un pantalon chaud et d'une grosse polaire, mais la neige qui commence à tomber en abondance mouille déjà mon visage et mes gants. Les flocons recouvrent joyeusement mes cheveux bruns et j'imagine la pâleur de mon visage face au climat glacial de cette planète.

Nous ne sommes plus que cinq et sommes accompagnés de soldats cléoniens censés préparer notre arrivée sur la planète des Glaces. Pour l'instant, aucun ne nous a adressé la parole et ils ont même pincé les lèvres à la vue de Daerôn. Je me suis mordu la langue pour ne pas rigoler. Le prince de feu ne doit pas avoir ses entrées partout. D'ailleurs, je n'ai pas encore vu de soldats kalis. Ils doivent certainement craindre le froid.

Le silence qui nous accompagne est pesant. Tellement que mon cœur tambourine à mes tympans et que je ne fais rien pour l'en empêcher. J'ai besoin de combler ce vide et le froid qui pénètre doucement au travers de mes vêtements.

Nous arrivons enfin devant deux lourdes portes en fer rouillées et rongées par la neige. Elles doivent bien mesurer 4 mètres de haut parce que je commence à avoir des douleurs au cou rien qu'en les regardant. Un soldat cléonien sort une espèce de barre en fer de son épais manteau et souffle à l'intérieur. Une mélodie grave et profonde résonne à mes oreilles. Nous attendons quelques secondes et de l'autre côté, j'entends exactement le même son. Après plusieurs minutes d'attente, les portes s'ouvrent et nous pénétrons à l'intérieur de Nessa. C'est certain, tout le monde ne peut pas y entrer.

Dès que je franchis la porte, le vent s'engouffre dans mes cheveux et me fait reculer. Arwen, qui marche juste derrière moi, me rattrape avant que je ne tombe en arrière. Puis il me prend délicatement la main et m'ordonne de rester derrière lui pour me protéger de la tempête. Les soldats qui nous accompagnent daignent enfin se tourner vers nous et nous parler. Leurs manteaux sont faits de fourrure en poils gris et je n'ose pas imaginer à quel animal appartient cette peau. Des arcs sont attachés dans leur dos et déjà recouverts de neige, mais je suis intimement convaincue que ça ne les empêchera pas de s'en servir. Je prends le temps de les observer, curieuse de découvrir un nouveau monde qui m'est inconnu.

Une étincelle féroce et sauvage anime leur regard. Leur peau est très pâle voire blanche, leurs mains calleuses et leurs ongles longs, tels des griffes. Je n'ai pas vraiment envie de savoir pour quel usage saugrenu, ils s'en servent. Ils ne possèdent qu'un seul sourcil l'autre étant complètement rasé. Deux ont le sourcil gauche en moins et les autres le droit. Ils se tiennent droit et semblent nous juger du regard. Finalement, ils mettent un genou à terre et, avec une main sur le cœur, baissent la tête dignement.

Sindar sapprochent de ces quatre hommes et posent la main sur leurs épaules. Puis d'un mouvement léger de la main les invite à se relever.

— Paix à vous, Fille de la Neige éternelle. Votre père est impatient de vous revoir.

— Merci. Y-a-t-il eu des attaques pendant mon absence ?

Un des hommes au sourcil gauche rasé prend la parole dans la langue cléonienne alors qu'il se redresse rapidement. Je ne comprends absolument rien de ce qui se dit.

Les jeux de la couronne. T1Where stories live. Discover now