🪸Le Prince, la Bête et la Chaussure

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Conte mélangeant La Belle et la Bête de Madame Leprince de Beaumont (1765), La Petite Sirène d'Andersen (1837) et Cendrillon de Perrault (1697).

Il était une fois, dans l'archipel de Luz del Auro, un ancien capitaine ayant servi sous les ordres du roi Christián. Lorsque celui-ci était monté sur le trône après avoir unifié toutes les îles de l'archipel, ses capitaines s'étaient vu offrir des zones à contrôler et protéger. C'était ainsi que le capitaine Belén était devenu roi de la grande île de Reciforo, qu'il gouvernait avec la sagesse d'un homme ayant passé le plus gros de sa vie en mer.

Ce souverain avait eu deux fils dans sa jeunesse, qu'il chérissait plus que tous les trésors. Le premier, Cebrián, était aussi aventureux que son père, alors que le cadet, prénommé Iñigo, était plus réservé, mais ils se ressemblaient beaucoup et ils s'entendaient à merveille, pour le plus grand bonheur de leur père.

Un jour, celui-ci dut partir en voyage et il fit affréter son navire, avec lequel il avait parcouru l'océan plus souvent qu'il n'avait arpenté la terre ferme. Au moment de quitter le palais, il adressa ses dernières recommandations à ses deux fils.

— Vous assumerez sans peine la régence pendant ces quelques semaines, j'ai confiance en vous. Cebrián, tu peux compter sur ton petit frère pour te seconder, il est plus réfléchi que toi.

En souriant, le prince aîné ébouriffa les cheveux de son cadet, lequel s'écarta de lui en riant, ses boucles cuivrées encore plus emmêlées que d'ordinaire.

— Est-ce que tu nous ramèneras un souvenir de ton voyage, comme lorsque nous étions enfants ? demanda-t-il, ses grands yeux bruns brillants d'espoir.

— Je n'y manquerai pas, promit le roi. Que désirez-vous ?

Cebrián réfléchit à peine avant de demander un panier de coques de miel, spécialités d'une île qui se trouvait sur la route de leur père et dont il raffolait. En riant de la gourmandise de son frère, Iñigo se contenta de demander un coquillage pour compléter la collection de tous ceux que son père lui avait déjà rapportés de ses voyages.

— Des biscuits pour Cebrián et un coquillage pour Iñigo, répéta le roi en riant. Pourquoi ai-je posé la question ?

Il partit peu après et les deux princes l'escortèrent jusqu'au port pour le saluer jusqu'à ce que le navire soit loin à l'horizon. Puis, complices, ils retournèrent au palais en discutant de ce qu'ils allaient pouvoir inventer comme farce à faire à leur père lorsqu'il reviendrait.

Pour le roi, le voyage se passa admirablement bien. Le vent était bon, la mer était belle et il arriva sans encombre à sa destination où il séjourna quelques temps jusqu'à ce que ses affaires soient faites. Il prit alors le chemin du retour, emportant avec lui le panier de biscuits qu'il avait promis à son fils aîné. En chemin, son navire fit escale auprès d'une île minuscule pour s'y abriter d'une tempête qui menaçait. Alors qu'il mettait pied à terre pour se dégourdir un peu les jambes, le roi songea à Iñigo et se mit en quête d'un coquillage à lui rapporter. Il tenait tant à lui faire plaisir qu'il chercha longuement et s'aventura plus avant dans l'île, jusqu'à se trouver aux abords d'une sorte de grotte sombre, donnant sur la mer. Dans l'obscurité, un éclat de nacre attira son attention et il s'en approcha pour découvrir un coquillage magnifique.

La coquille était blanche et arrondie, tout à fait lisse, avec des motifs d'un bleu profond uniquement d'un côté. Le roi n'en avait jamais vu de pareille et il tendit doucement la main pour le prendre, émerveillé par sa beauté. Un clapotis soudain retentit dans le fond de la grotte et avant d'avoir le temps de faire quoi que ce soit, il se retrouva plaqué au sol par une créature effrayante et trempée. Des yeux sombres comme la nuit le dévisageaient d'un air furieux, une bouche pleine de crocs acérées claqua près de son visage et il était pris au piège de mains palmées et griffues, l'épinglant sur la roche.

Contes & Histoires de PiratesWhere stories live. Discover now