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Ayant officiellement embauché Pauline, ce soir est ma première soirée depuis plus d'une semaine. Seulement, Louise l'a choisi pour organiser le repas demandé par son frère.

Ma journée terminée, je sors du café, en laissant la salle à ma collègue pour la soirée. Elle est compétente et nous nous entendons plutôt bien.

À mi-chemin, je croise Ayden. Perturbé, il ne me voit même pas. Surprise, j'effectue un demi-tour et lui cours après.

— Ayden !

Sursautant, il se retourne.

— Tu ne m'as pas vue ? m'enquiers-je en le rejoignant.

— Oh, désolé. Je ne regarde pas ce qui m'entoure lorsque je marche... Je venais te chercher.

— Je suis là, souris-je.

Il se penche vers moi et m'embrasse doucement. Son bras glisse autour de mes épaules tandis que le mien serpente autour de sa taille.

— Bien, alors nous pouvons rentrer à la maison, déclare-t-il.

À la maison. Ce bateau est comme mon foyer. Néanmoins, il s'en sert comme moyen de transport donc, chaque fois qu'il part, je dois retourner dans mon appartement. Mon petit logement sans âme est loin d'être aussi chaleureux. Ayden trouve le bateau trop petit, mais c'est justement ce que j'aime. L'essentiel suffit amplement.

À la maison. Ces mots sonnent si bien dans mes oreilles. Ils riment avec stabilité, enfin. Depuis le temps que j'attends cela. La patience finit par payer.

— À la maison, répété-je doucement.

Posant ma tête sur son épaule, je l'écoute me raconter qu'il a terminé un plan aujourd'hui. Au maximum, il tente de ne pas retourner à Perpignan. Sûrement parce que sa famille se trouve là-bas. Peut-être aussi parce que moi, je suis ici.

Il reste silencieux, muré dans ses pensées. Probablement qu'il réfléchit au déroulement de son repas. J'aurais aimé pouvoir l'accompagner pour le soutenir. À la place, je vais rester ici, le téléphone à moins d'un mètre au cas où il m'appelle.

Nous finissons par atteindre le port. Ici, les bateaux restent rarement très longtemps. Celui d'Ayden est le seul qui sert de logement annuel. Quelques embarcations de plaisance sont amarrées : les derniers touristes de la saison.

— Pourquoi n'as-tu jamais donné de nom à ton bateau ? m'informé-je curieusement.

— Je n'ai jamais eu l'idée qu'il fallait, répond-il en haussant les épaules.

Il monte sur le pont, ouvrant sa porte.

— Pour quelle raison a-t-il choisi ce soir ? marmonne-t-il, morose.

— Arrête de râler, tu veux ?

Tandis que je récupère quelques affaires dans la chambre, je l'entends me rejoindre.

— J'ai une proposition, déclare-t-il prudemment.

— Je t'écoute.

— Ne renouvelle pas ton bail de location. Je vais m'arranger pour loger chez un de mes collègues lorsque je devrai aller à Perpignan. Je négocierai pour avoir les projets les plus proches d'ici. Cela sera un bon point pour le cabinet : le périmètre de clients va augmenter. Du coup, je resterai ici plus longtemps. En voiture, j'en ai pour une demi-heure de trajet, environ. J'ai déjà un véhicule, il reste à Perpignan pour rejoindre la ville.

— Continue, murmuré-je, sentant mon cœur s'emballer.

— Ça me plairait beaucoup de savoir qu'en rentrant le soir, tu seras là. Alors, accepterais-tu de vivre avec moi ?

Avec ou sans sucre ?Where stories live. Discover now