Après minuit - un.

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Minuit deux, et je n'avais toujours pas fermé l'œil.

Je me tournai et me retournai depuis plusieurs heures maintenant, mais impossible de m'endormir. Probablement parce que je n'étais pas fatiguée.

Je soupirai avant de me lever de mon lit. Inutile de continuer à tourner : je perdais clairement mon temps. J'enfilai un jogging qui traînait sur mon bureau et mes vieilles converses avant d'ouvrir ma porte le plus silencieusement possible pour l'empêcher de grincer. Ma grande sœur Rizlane et son mari Todd dormaient à poing fermé. Todd était impossible à réveiller, mais depuis qu'elle était enceinte, Rizlane avait le sommeil très léger, et je préférais éviter de la contrarier à cette heure peu propice à des engueulades.

Heureusement, je réussis à sortir sans bruit, et une fois dehors, je soupirai de soulagement. J'avais toute la nuit devant moi, et c'est à cette pensée que je commençai à marcher dans vraiment savoir où j'allais. Finalement, j'arrivai au petit stade de football du village. Je venais souvent ici, quand il m'était impossible de dormir, parce que je savais qu'ici, je serais seule. Il y avait juste le bruit du vent qui balayait les arbres un peu plus loin, et le silence.

Je passai par-dessus la clôture et entrais dans le stade, les mains dans les poches de ma veste. Tout semblait calme, comme habituellement, jusqu'à ce que je commence à avancer vers le terrain. Plus j'avançai, plus le bruit se rapprochait, et finalement, je me retrouvai face à un jeune homme qui tirait un ballon dans le filet.

Je l'observai silencieusement, les sourcils foncés. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Personne ne venait jamais ici à cette heure-ci. Il était plus de minuit, ce n'était pas l'heure de jouer au football.

-Bonsoir.

Je sursautai avant de relever la tête et de trouver le jeune homme devant moi, son ballon dans les bras.

-Qu'est-ce que vous faites ici ? je lui lançai, et il rit.

-Ce terrain est à tout le monde, je vous signale.

-Bien sûr, mais vous n'êtes pas là d'habitude à cette heure-ci.

-Oh, donc vous venez souvent ici ? il m'interrogea, et je hochai vivement la tête. Je suppose que je vous verrais souvent, alors.

Il se retourna et commença à marcher vers la cage dans laquelle il tirait à mon arrivée, et je le suivis.

-Vous allez venir ici souvent ? je l'interrogeai de derrière, essayant de le rattraper tant bien que mal.

-Tous les jours, il haussa les épaules. Ça vous dérange ?

-Non, je répondis, mais c'était un peu un mensonge.

Je venais ici pour être seule et pas pour entendre quelqu'un taper dans un ballon. Mais il n'avait pas l'air pénible et puis, je devrais bien l'admettre, il était plutôt mignon. En bref, il n'avait pas l'air d'être de mauvaise compagnie, il empiétait juste sur mon silence.

-Paulo, il dit, me tendant sa main pour que je la serre, un petit sourire aux lèvres.

-Eiza, je la serrai, lui rendant son sourire.

-Qu'est-ce que tu viens faire ici toute seule après minuit un soir de semaine ?

-Je n'arrive pas à dormir.

Il hocha la tête, comme s'il comprenait, alors que ça n'avait pas l'air d'être son cas du tout.

-Et toi ? j'abandonnai le vouvoiement à mon tour.

-J'ai besoin de m'entraîner.

-À cette heure-ci ? je haussai un sourcil, et Paulo haussa les épaules.

-Pas le choix si je veux passer en pro.

-Oh, tu veux être footballeur de métier ? je demandai, intriguée. Je ne connaissais pas grand-chose au football, mais c'était en quelque sorte quelque chose qui me fascinait. J'avais deux pieds gauches, alors j'admirais grandement ceux qui étaient capable d'avoir un ballon entre les jambes quand j'arrivais à peine à garder un pied devant l'autre.

-J'aimerais jouer pour la Juventus de Turin.

-Mon beau-frère supporte la Roma.

-La Roma ?! Ces bras cassés ?! il lâcha tout naturellement, et je haussais un sourcil.

-C'est son choix, je levai les bras au ciel, et il acquiesça.

Si d'habitude, je trainai au stade pendant une heure, ce soir-là, quand je rentrais chez Rizlane et Todd, il était plus de quatre heures du matin. Ma solitude habituelle s'était transformée en une discussion sans fin avec Paulo agrémentée de commentaires sur ses tires.

Et une fois dans mon lit, je m'endormis directement.

/publié: 19.03.18/

Après minuit » DYBALA ✓Where stories live. Discover now