Après minuit - quatre.

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-Hey, Eiza ?

Je relevai la tête de son cahier pour regarder ma grande sœur, qui posa son téléphone à côté d'elle.

-Est-ce...est-ce que je pourrais rencontrer ton ami ?

Je fronçais les sourcils, surprise. Depuis la première fois que j'avais parlée de Paulo à Rizlane, il m'arrivait parfois de référence à lui, mais jamais Rizlane n'avait montré un quelconque intérêt envers lui. Et tout à coup, elle voulait le rencontrer.

-C'est juste que, Rizlane continua, sentant qu'elle avait besoin de se justifier, c'est la première fois que tu me parles d'un ami que tu as. Et je suis vraiment contente pour toi, ça me fait plaisir que tu t'ouvres un peu à quelqu'un comme ça, je sais que ce n'est pas facile pour toi. Tu n'es pas obligée de me le présenter, bien sûr, mais...ça me ferait vraiment très plaisir. De le voir, de pouvoir lui parler.

-Je ne sais pas si c'est une très bonne idée, je répondis honnêtement, et Rizlane haussa les épaules.

-D'accord. Pourquoi ? elle me demanda, et elle voulait vraiment comprendre.

-Je ne sais pas. C'est juste...j'ai l'habitude de le voir seulement au stade, jamais ailleurs. Et seulement après minuit.

-Et tu penses qu'il n'est pas ton ami si vous êtes dans la rue à quatorze heures ? Rizlane sourit, et je ris, pas particulièrement parce que c'était drôle, mais parce que la façon dont elle l'avait dit l'était.

-Je suppose que si.

Je me mordis la lèvre.

-Je...je lui demanderai. Pas si on est ami dans la rue à quatorze heures, j'ajoutai, mais s'il veut bien...venir ici pour te rencontrer.

-Okay, l'aînée des deux sœurs acquiesça. Merci, Eiz.

_

Quand j'entrais dans le stade, ce soir-là, je me sentais différente des autres fois.

Ça faisait presque trois semaines que je retrouvais Paulo ici, mais pour une raison inconnue, ce soir, ce n'était pas comme d'habitude.

Peut-être parce que je n'étais pas complètement sûre de vouloir lui demander de rencontrer Rizlane. Qu'est-ce qu'il allait penser ? Peut-être qu'il ne me considérait même pas comme son amie, mais simplement comme une connaissance. Une connaissance qu'il retrouvait tous les soirs après minuit, pendant qu'il s'entraînait à devenir joueur de football pro.

Et comme pour me prouver que j'avais raison, quand j'entrais, je ne trouvai pas Paulo et son ballon devant son habituelle cage, mais allongé par terre, le ballon au repos à côté de lui.

-Salut, je lançai avec hésitation en s'asseyant à côté de lui, et il se releva, l'air surpris de me voir.

-Hey.

-Tout va bien ?

-Ouais, il hocha la tête.

-Je veux dire...tu n'es pas en train de jouer.

-Peut-être que je ne suis pas fait pour devenir footballeur pro, il lâcha, et je fronçai les sourcils.

D'où lui venait cette idée ? Jusqu'à présent, il avait toujours été plutôt sûr de lui de ce côté-là.

-Bien sûr que si. Tu t'entraînes toutes les nuits, et—

-C'est pas assez, Eiza, Paulo me coupa. Je veux dire, je fais mumuse avec un ballon dans le stade d'une petite ville. Mon vrai entraînement n'est que deux fois par semaine, et c'est pas ici que je vais me faire repérer pour jouer à la Juve.

-Alors tu vas juste baisser les bras comme ça ? Je te croyais plus déterminé que ça. Trouve un moyen, Paulo. Trouve un moyen de briller, peu importe lequel. Mais moi je pense que tu peux faire de grandes choses si tu te donnes les moyens.

Paulo sourit tristement.

-Merci, Eiza. T'es une bonne amie, tu sais.

-Tu me considères comme ton amie ? je balbutiai, et il haussa un sourcil.

-Évidemment. Tu es mon amie, non ?

-Oui. Bien sûr, je suis ton amie.

Un silence suivit ma déclaration, et je me raclai la gorge.

-J'ai quelque chose d'un peu bizarre à te demander.

-Ouais ?

-Ma sœur voudrait te rencontrer, je lâchai sans vraiment réfléchir, et Paulo se redressa soudainement.

-Quoi ? Tu as parlé de moi à ta sœur ?

-Mhm, oui, je se mordis l'intérieur de la lèvre, me sentant soudainement complètement stupide.

-Mais pourquoi tu as fait ça ?

-Parce qu'on est ami, comme on vient de le dire, je dis, ne comprenant pas ce qui lui prenait. Et elle voudrait te rencontrer.

-C'est pas une bonne idée, il dit d'un ton catégorique, et mon cœur se serra.

-Elle est juste curieuse de voir à quoi tu ressem—

-Laisse tomber, d'accord ? il la coupa. Je ne peux pas la rencontrer.

-Tu ne peux pas ? je répétai. Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Pourquoi es-tu obligée d'insister ?

-Très bien, je soufflai. Peu importe. Tu ne la rencontreras pas, je lâchai avant de se lever et de quitter le stade.

/publié: 28.03.18/

Après minuit » DYBALA ✓Where stories live. Discover now