Après-minuit - deux.

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Le lendemain, je ne pris même pas la peine d'enfiler mon pyjama et d'essayer de m'endormir. Je restai assise bien sagement à mon bureau, prétendant étudier mes cours du lendemain jusqu'à ce que Rizlane vienne me souhaiter bonne nuit. Puis dès que j'étais sûre qu'elle était définitivement installée dans son lit, je rangeai mes affaires et m'allongeai dans mon lit jusqu'à ce que minuit arrive. À minuit pile, j'enfilai mes chaussures et comme la veille, je sortis le plus silencieusement possible. Je courus presque jusqu'au stade, mais une fois devant celui-ci, je m'arrêtai.

Pourquoi étais-je si excitée à l'idée de revoir Paulo ? J'avais passé presque quatre heures avec lui la veille, mais je ne pouvais pas dire que je le connaissais. Tout ce que je savais, c'est qu'il aspirait à être joueur de foot pour la Juventus. Et lui, eh bien, il savait que je m'appelais Eiza. C'est tout. Peut-être que c'était ça que j'appréciais, en vérité : le fait qu'on ne sache rien l'un de l'autre, mais qu'on ait l'impression de se connaître quand même.

Je finis par entrer dans le stade, et je souris en entendant le bruit des ballons s'échouant dans le filet.

Il était là.

Quand je sortis sur le terrain, il était trop concentré sur son tir pour faire attention à moi, alors je restais là, debout, à l'observer. Il n'avait plus son petit sourire qu'il était habituellement scotché à ses lèvres, à la place, il avait les sourcils froncés comme s'il s'apprêtait à tirer le but le plus important de sa vie.

-Tu ne vas pas le mettre, je lançai, et il tourna la tête, abandonnant son air sérieux pour me sourire.

-Salut, Eiza.

-Salut, Paulo, je l'imitai.

-Donc, par "je viens souvent ici", je voulais en fait dire que tu viens ici tous les jours ?

Je haussai les épaules. Jusqu'à présent, jamais je n'étais venue ici deux nuits de suite. Mais là...c'était différent.

Je voulais voir Paulo.

-Tu n'es pas fatiguée, la journée ?

-Non, pas vraiment, je répondis, parce que c'était vrai. Je n'étais pas plus fatiguée que quand je dormais huit heures par nuit. Et toi ?

-Je te l'ai dit, j'ai besoin de m'entraîner pour passer en pro.

Je hochai la tête.

-La Roma a perdu ce soir, je lui souris, et il sourit à son tour.

-Je te l'ai dit, c'est une équipe de bras cassés. La Juve joue demain soir et on va gagner.

-Donc tu fais partie de ces gens qui disent "on" quand ils parlent de l'équipe qu'ils supportent, je dis d'un ton moqueur, et il rit.

-Bien sûr que oui. Mais moi je finirais par en faire partie.

-Je te le souhaite vraiment, je lui répondis sincèrement. Tu sais quoi ? Je crois que je vais regarder "votre" match, je mimais les guillemets avec mes doigts.

-Tu devrais, il hocha vivement la tête. On va gagner trois-zéro.

-Vraiment ? Et comment tu sais ça ?

Paulo haussa les épaules.

-Je le sais, c'est tout. Tu sais quoi, si j'ai raison, tu es obligée d'aller dans les cages la prochaine fois qu'on se retrouve ici.

Je haussai un sourcil. C'était un pari complètement stupide, et je le savais sans même m'y connaître en football. Il y avait tellement peu de chance que son pronostic se réalise que j'acceptai.

-Très bien, je hochai la tête.

Paulo sourit avant de récupérer son ballon du sol.

-Super. Maintenant, je vais m'entraîner. Tu viens ?

J'acquiesçai avant de le suivre devant les cages.

Une longue nuit de discussion nous attendait.

/publié: 22.03.18/

Après minuit » DYBALA ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant